Luc 1, 39
En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée.
En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée.
La joie que lui avait apportée la maternité divine et ses délicieux entretiens avec le
Verbe incarné dans son sein ne firent pas oublier à Maire les dernières paroles de l'ange : « Et voici
qu'Elisabeth... ». En les entendant, elle avait senti un mouvement intérieur de l'Esprit Saint qui la pressait
d'aller visiter sa parente. Docile à la voix de Dieu, elle se mit bientôt en chemin pour se rendre auprès
d'Elisabeth. « Quand Marie entendit cela, elle ne manifesta pas d’incrédulité envers l’oracle, ni d’incertitude
envers le messager, ni de doute au sujet de l’exemple donné. Avec grand empressement, elle se dirigea toute
joyeuse vers la montagne », S. Ambroise, h. l. Le Messie allait d'ailleurs se servir de cette rencontre des deux
mères pour sanctifier son Précurseur. - Se levant... s 'en alla … entra… salua… : on reconnaît, dans cette
accumulation rapide des détails, le style pittoresque de l'Orient. En ces jours-là, c'est-à-dire, très peu de
temps après l'Annonciation. Cela ressort du participe se levant, employé ici à la façon hébraïque pour
désigner une grande promptitude ; 2° d'un rapprochement entre les vv. 26, 56 et 57. Elisabeth est déjà au
sixième mois de sa grossesse ; Marie demeure trois mois auprès d'elle et revient sinon avant, du moins peu
de temps après la naissance de Jean-Baptiste : ces dates supposent que la mère du Christ ne différa pas son
voyage au-delà de quelques jours. - Elle s'en alla vers les montagnes. Le nom de Juda, que nous trouvons à
la ligne suivante, montre que, dans cette région montagneuse où se rendit Marie, il faut voir le massif de
hauteurs qui forme au Sud de Jérusalem un plateau élevé dont l'altitude varie entre 1500 et 2500 pieds. Voyez
l'Atlas biblique de R. Riess, pl. 7. Le lieu spécial vers lequel la Vierge de Nazareth se dirigeait avec un saint
empressement est désigné par les mots dans une ville de Juda. La généralité de l'expression employée par
l'évangéliste et, d'un autre côté, le désir bien naturel de connaître au juste la patrie de S. Jean-Baptiste, a fait
naître des hypothèses assez nombreuses. Cfr. Caspari, Chron.-geogr. Einleitung in das Leben J. C., p. 48 et
ss. Plusieurs anciens (entre autres S. Ambroise et le Vén. Bède) se sont déclarés en faveur de Jérusalem,
quoiqu'il paraisse de prime abord bien difficile que la capitale juive ait été désignée par un nom aussi vague.
D'autres ont pris parti pour Machéronte, ou pour Emmaüs (voyez Adrichomius, Descript. Terrae sanctae, p.
55). D'autres encore (en particulier le P. Patrizi, de Evang. Lib. 3, Dissert. 10, c. 1), identifient la ville de
Zacharie et d'Elisabeth avec l'antique cité de Juta, mentionnée déjà dans le livre de Josué (15, 55 ; 21, 56)
comme une ville sacerdotale, et sur l'emplacement de laquelle s'élève un village musulman également
nommé Ioutta. Voyez Robinson, Palaestina, t. 2, p. 417. Mais aucun manuscrit ne favorise cette hypothèse.
C'est Hébron qui a réuni de nos jours le plus grand nombre de suffrages. Le double caractère noté par S. Luc
convient du reste parfaitement à cette localité célèbre, car elle s'élevait au milieu des montagnes les plus élevées de la Judée (comp. R. Riess. Atlas de la Bible, pl. 4 ; V. Ancessi, Atlas géogr. pl. 15), et c'était un des
séjours attribués par Josué aux descendants d'Aaron dans la tribu de Juda. Cfr. Jos. 21, 11-13. Quoi qu'il en
soit de toutes ces conjectures, la ville en question étant située au Sud et à quelque distance de Jérusalem, le
voyage entrepris par Marie devait durer de quatre à cinq jours. Probablement assise sur une ânesse, d'après la
coutume ancienne et moderne de la Palestine, couverte de l'habillement traditionnel et pittoresque de sa
contrée (robe rouge et manteau bleu, ou robe bleue et manteau rouge, avec un grand voile blanc qui
enveloppe tout le corps), accompagnée d'une servante ou jointe à quelques Galiléens qui se rendaient à
Jérusalem, Marie franchit la plaine de Jesréel, les montagnes d'Ephraïm, la Samarie et une grande partie de la
Judée avant d'arriver chez Elisabeth. Tout paraît prouver que S. Joseph ne vint pas avec elle. Il n'était alors
que son fiancé ; l'évangéliste ne mentionne pas sa présence, et surtout, comment expliquer ses doutes
ultérieurs relativement à la grossesse de Marie (Matth. 1, 19), s'il eût entendu les paroles que les deux mères
prononcèrent en s'abordant (vv. 42 et ss.).
En une ville de Juda. Cette ville est, suivant les uns, Hébron, ville sacerdotale, la plus importante des montagnes de Juda ; suivant les autres, qui pensent qu’Hébron aurait été nommée par son nom, si cette ville avait été réellement la résidence de Zacharie, la ville de Juda est une autre ville sacerdotale dont le nom est légèrement défiguré, Jutta, située également dans la partie montagneuse de la Judée.
Aussitôt après le récit de l'Annonciation, l'évangéliste Luc nous conduit, sur les pas de la Vierge de Nazareth, vers «une ville de Juda» (Lc 1, 39). D'après les érudits, cette ville devrait être l'Ain-Karim d'aujourd'hui, située dans les montagnes, non loin de Jérusalem. Marie y alla «en hâte» pour rendre visite à Elisabeth, sa parente. Sa visite se trouve motivée par le fait qu'à l'Annonciation Gabriel avait nommé Elisabeth d'une manière remarquable, elle qui, à un âge avancé, grâce à la puissance de Dieu, avait conçu un fils de son époux Zacharie: «Elisabeth, ta parente, vient, elle aussi, de concevoir un fils dans sa vieillesse, et elle en est à son sixième mois, elle qu'on appelait la stérile; car rien n'est impossible à Dieu» (Lc 1, 36-37). Le messager divin s'était référé à ce qui était advenu en Elisabeth pour répondre à la question de Marie: «Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d'homme?» (Lc 1, 34). Oui, cela adviendra justement par la «puissance du Très-Haut», comme et plus encore que dans le cas d'Elisabeth.