Luc 1, 43

D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?

D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Louis-Claude Fillion
On l'a vu par le verset précédent, Elisabeth sait tout. On comprend donc que tout à coup elle s'interrompe afin d'exprimer son étonnement, sa reconnaissance, au sujet d'une visite si honorable pour elle. Comment ai-je mérité une pareille condescendance ? La mère de mon Seigneur chez moi ! Du reste, la façon entrecoupée dont parle Elisabeth est vraiment remarquable. Elle passe d'une idée à l'autre à chaque verset ; ses phrases ne se suivent pas parfaitement. Mais que cela est naturel et vrai : Tel est bien le langage de l'émotion, de la surprise et de l'enthousiasme. - « Parmi les paroles d'Elisabeth, dit Olshause, Biblischer Commentar, h. l., il faut remarquer la mère de mon Seigneur. Nous ne pourrons jamais expliquer ce titre de Seigneur appliqué à un enfant qu n'est pas encore né, à moins de supposer qu'Elisabeth, éclairée par l'Esprit-Saint, reconnut la nature divine du Messie, tandis qu'elle saluait Marie comme sa mère. Ce passage est donc parallèle au v. 17, et Seigneur y correspond à Jéhova. » Plusieurs autres commentateurs protestants (Brown, Alford, etc.) raisonnent, et bien justement, de la même manière. Il n'y a pas à douter en effet que cette expression ne signifie en cet endroit Mère de mon Dieu.
Catéchisme de l'Église catholique
Très souvent, dans les Évangiles, des personnes s’adressent à Jésus en l’appelant " Seigneur ". Ce titre exprime le respect et la confiance de ceux qui s’approchent de Jésus et qui attendent de lui secours et guérison (cf. Mt 8, 2 ; 14, 30 ; 15, 22 ; e.a.). Sous la motion de l’Esprit Saint, il exprime la reconnaissance du mystère divin de Jésus (cf. Lc 1, 43 ; 2, 11). Dans la rencontre avec Jésus ressuscité, il devient adoration : " Mon Seigneur et mon Dieu ! " (Jn 20, 28). Il prend alors une connotation d’amour et d’affection qui va rester le propre de la tradition chrétienne : " C’est le Seigneur ! " (Jn 21, 7).

Appelée dans les Évangiles " la mère de Jésus " (Jn 2, 1 ; 19, 25 ; cf. Mt 13, 55), Marie est acclamée, sous l’impulsion de l’Esprit, dès avant la naissance de son fils, comme " la mère de mon Seigneur " (Lc 1, 43). En effet, Celui qu’elle a conçu comme homme du Saint-Esprit et qui est devenu vraiment son Fils selon la chair, n’est autre que le Fils éternel du Père, la deuxième Personne de la Sainte Trinité. L’Église confesse que Marie est vraiment Mère de Dieu (Theotokos) (cf. DS 251).

" Sainte Marie, Mère de Dieu, prie pour nous... " Avec Elisabeth nous nous émerveillons : " Comment m’est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur ? " (Lc 1, 43). Parce qu’elle nous donne Jésus son fils, Marie est la mère de Dieu et notre mère ; nous pouvons lui confier tous nos soucis et nos demandes : elle prie pour nous comme elle a prié pour elle-même : " Qu’il me soit fait selon ta parole " (Lc 1, 38). En nous confiant à sa prière nous nous abandonnons avec elle à la volonté de Dieu : " Que ta volonté soit faite ".