Luc 1, 49

Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !

Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !
Saint Basile le Grand
Le nom de Dieu est appelé saint, non qu'il y ait dans les syllabes qui le composent aucune puissance sanctificatrice, mais parce que toute propriété, toute perfection de Dieu, comme toute intelligence des merveilles que nous contemplons en lui est sainte et pure.
Tite de Bostra
Comment a-t-il opéré en moi de grandes choses? c'est que j'ai conçu sans cesser d'être vierge, triomphant ainsi des lois de la nature. J'ai été jugée digne, de devenir, sans le secours d'un homme, non pas une mère quelconque, mais la Mère du Sauveur unique des hommes.

Elle dit: « Celui qui est tout puissant », afin que si quelque doute vient à s'élever sur le mystère de cette conception opérée dans une vierge sans qu'elle perde sa virginité, ce miracle trouve aussitôt son explication dans la puissance de Dieu. Et loin de nous la pensée que le Fils unique qu'elle a porté dans son sein ait été pour elle la cause de quelque souillure, « parce que son nom est saint ».
Saint Augustin
Quelles sont les grandes choses que Dieu a faites en vous? Vous avez mis au monde votre Créateur, vous sa créature, vous avez enfanté votre Seigneur, vous sa servante, et c'est par vous que Dieu a racheté le monde, par vous qu'il lui a rendu la vie.
Saint Bède le Vénérable
Sa puissance est tellement élevée, qu'elle surpasse toute créature et qu'elle le place à une distance incommensurable de toutes les choses qu'il a créées. Cette pensée ressort beaucoup mieux dans le texte grec où le mot a ãéïí signifie qui est e levé au-dessus de la terre.

Ces paroles se rapportent au commencement de ce cantique où il est dit: « Mon âme exalte le Seigneur ». Car l'âme en qui Dieu a daigné opérer de grandes choses peut seule célébrer dignement ses grandeurs.
Saint Théophylacte d'Ohrid
Parce que celui qui est tout-puissant a fait en moi de grandes choses, et son nom est saint. La Vierge déclare que ce n'est point à sa vertu qu'elle devra d'être proclamée bienheureuse, elle en donne ici la véritable cause: « Parce que Celui qui est tout-puissant a fait en moi de grandes choses ».
Louis-Claude Fillion
Motif pour lequel chaque génération s'inclinera devant Marie et s'écriera : Bienheureuse ! Dieu a fait en elle de grandes choses. Combien de merveilles le Seigneur n'avait pas opérées en la Très Sainte Vierge ! Elles se résumaient toutes dans sa maternité divine. Mais seul le Tout-Puissant avait pu réaliser de telles merveilles ; aussi Marie rappelle-t-elle le pouvoir infini de celui qu'elle loue. - Et son nom est saint. Marie vient de prononcer l'un des noms de Dieu. Or les Orientaux unissent presque toujours aux noms divins une épithète de louange (Dieu, qu'il soit béni, etc.) Les Hébreux, à qui le Seigneur avait donné tant de marques de sa sainteté, louaient de préférence cette perfection, et divers passages des saintes Lettres (comp. Is. 6, 3 ; 57, 15 ; Ps. 98, 3 ; 110, 9, etc.) prouvent qu'ils donnaient surtout à Dieu l'épithète de Saint quand ils avaient récemment parlé de sa puissance. Marie se conforme à ce pieux usage. Le signe et la chose signifiée se confondant en Dieu, dire que « son nom » est saint c'est affirmer la parfaite sainteté de son essence.
Catéchisme de l'Église catholique
Le Fils de Dieu devenu Fils de la Vierge a appris à prier selon son cœur d’homme. Il a appris les formules de prière de sa mère, qui conservait et méditait dans son cœur toutes les " grandes choses faites par le Tout-Puissant " (cf. Lc 1, 49 ; 2, 19 ; 2, 51). Il l’apprend dans les mots et les rythmes de la prière de son peuple, à la synagogue de Nazareth et au Temple. Mais sa prière jaillit d’une source autrement secrète, comme il le laisse pressentir à l’âge de douze ans : " Je Me dois aux affaires de mon Père " (Lc 2, 49). Ici commence à se révéler la nouveauté de la prière dans la plénitude des temps : la prière filiale, que le Père attendait de ses enfants, va enfin être vécue par le Fils unique Lui-même dans son Humanité, avec et pour les hommes.

Le terme " sanctifier " doit s’entendre ici, non d’abord dans son sens causatif (Dieu seul sanctifie, rend saint) mais surtout dans un sens estimatif : reconnaître comme saint, traiter d’une manière sainte. C’est ainsi que, dans l’adoration, cette invocation est parfois comprise comme une louange et une action de grâces (cf. Ps 111, 9 ; Lc 1, 49). Mais cette demande nous est enseignée par Jésus comme un optatif : une demande, un désir et une attente où Dieu et l’homme sont engagés. Dès la première demande à notre Père, nous sommes plongés dans le mystère intime de sa Divinité et dans le drame du salut de notre humanité. Lui demander que son Nom soit sanctifié nous implique dans " le Dessein bienveillant qu’il avait formé par avance " pour que " nous soyons saints et immaculés en sa présence, dans l’amour " (cf. Ep 1, 9. 4).
Pape Saint Jean-Paul II
Dans l'unité de l'Eglise, promouvoir et garder la foi et la vie morale, c'est la tâche confiée par Jésus aux Apôtres (cf. Mt 28, 19-20), tâche qui se poursuit dans le ministère de leurs successeurs. C'est ce que l'on retrouve dans la Tradition vivante, par laquelle, comme l'enseigne le Concile Vatican II, « l'Eglise perpétue dans sa doctrine, sa vie et son culte, et elle transmet à chaque génération, tout ce qu'elle est elle-même, tout ce qu'elle croit. Cette Tradition qui vient des Apôtres se poursuit dans l'Eglise, sous l'assistance du Saint-Esprit » Dans l'Esprit, l'Eglise accueille et transmet l'Ecriture comme témoignage des « grandes choses » que Dieu opère dans l'histoire (cf. Lc 1, 49) ; elle confesse par la bouche des Pères et des Docteurs la vérité du Verbe incarné ; elle met en pratique les préceptes et la charité dans la vie des saints et des saintes et dans le sacrifice des martyrs ; elle célèbre l'espérance dans la liturgie ; par cette Tradition, les chrétiens reçoivent « la voix vivante de l'Evangile », comme expression fidèle de la sagesse et de la volonté divines.

Les paroles d'Elisabeth, «heureuse celle qui a cru», continuent encore à suivre la Vierge à la Pentecôte; elles la suivent d'âge en âge, partout où se répand la connaissance du mystère salvifique du Christ, par le témoignage apostolique et l'œuvre de l'Eglise. Ainsi s'accomplit la prophétie du Magnificat: «Tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles; Saint est son nom!» (Lc 1, 48-49). En effet, de la connaissance du mystère du Christ découle la bénédiction de sa Mère, sous la forme d'une vénération spéciale pour la Théotokos. Mais dans cette vénération est toujours comprise la bénédiction de sa foi, car la Vierge de Nazareth est devenue bienheureuse surtout par cette foi, selon les paroles d'Elisabeth. Ceux qui à chaque génération accueillent avec foi le mystère du Christ, Verbe incarné et Rédempteur du monde, dans les différents peuples et nations de la terre, non seulement se tournent avec vénération vers Marie et recourent à elle avec confiance comme à sa Mère, mais ils cherchent dans sa foi un soutien pour leur foi. Et c'est précisément cette vive participation à la foi de Marie qui détermine sa présence particulière dans le pèlerinage de l'Eglise comme nouveau Peuple de Dieu sur toute la terre.