Luc 1, 56
Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
Marie demeura jusqu'au temps de la délivrance d'Elisabeth, selon le récit de l'Évangéliste: «Marie demeura», etc.
Ce n'est pas seulement l'intimité de Marie avec sa cousine, mais le désir d'être utile à un si grand prophète qui la détermine à prolonger son séjour. En effet, si dès son arrivée, les grâces du ciel se répandirent avec tant d'abondance, qu'à la voix de Marie l'enfant tressaillit dans le sein de sa mère, et que la mère elle-même fut remplie de l'Esprit saint, que ne dut pas ajouter la présence de Marie pendant un si long espace de temps? Nous disons donc avec raison, que Marie remplit ici Un véritable ministère, et qu'elle a observé dans son séjour un nombre mystérieux.
Car l'âme chaste, qui conçoit le désir du Verbe spirituel, doit nécessairement monter au sommet élevé des célestes exercices, y demeurer comme pendant trois mois, et y persévérer jusqu'à ce qu'elle soit éclairée pleinement de la lumière rayonnante de la foi, de l'espérance et de la charité.
Il est d'usage, en effet, que les vierges se retirent lorsqu'une femme est sur le point d'enfanter. Dès qu'elle fut rentrée dans sa maison, elle n'en sortit plus, elle y demeura jusqu'au moment où elle connut que l'heure de son enfantement était proche, et ce fut alors qu'un ange fut envoyé pour éclaircir le doute de Joseph.
C'est le sixième mois de la conception du Précurseur que l'ange est venu la trouver, elle demeura trois mois avec Elisabeth, ce qui fait les neuf mois accomplis.
Lorsqu'Elisabeth fut sur le point d'enfanter, la Vierge la quitta: «Et elle s'en retourna», etc., à cause du grand nombre de personnes qui devaient se réunir à l'occasion de l'enfantement: Or il n'était pas convenable que la Vierge fût présente dans ces circonstances.
En montant aujourd'hui dans les cieux, la Vierge glorieuse a certainement beaucoup ajouté à la joie des citoyens du ciel et les a remplis d'allégresse. C'est elle, en effet, qui par sa salutation fit tressaillir de joie un enfant encore enfermé dans le sein de sa mère. L'âme d'un enfant qui n'était pas encore né s'est fondue de bonheur à la voix de Marie. Comment, dès lors, pourrions-nous imaginer ce que fut la jubilation des bienheureux quand ils eurent le bonheur d'entendre sa voix, de contempler son visage et de jouir de sa présence bénie?
Et pour nous, mes bien-aimés, à quelle fête son assomption ne donne-t-elle pas lieu? Quelle joie et quel bonheur ne nous procure-t-elle pas? La présence de Marie a fait resplendir la terre entière, si bien que maintenant la patrie céleste elle-même, illuminée des rayons de cette lampe virginale, brille d'un éclat plus vif. C'est donc avec raison que les actions de grâce et les chants de louange (Is 51,3) retentissent dans les cieux. Ne pensez-vous pas pourtant que nous avons plus de motifs de gémir que d'applaudir? Car nous ne pouvons manquer ici-bas de pleurer le départ de Marie dans la mesure même où le ciel se réjouit de sa présence.
Cessons toutefois de nous lamenter puisque la cité que nous avons ici-bas n'est pas définitive (He 13,14) et que nous aspirons au contraire à celle où la bienheureuse Marie fait aujourd'hui son entrée. Si nous devons un jour être comptés parmi ses habitants, il est vraiment juste que, même dans notre exil, même au bord des fleuves de Babylone, nous nous souvenions (Ps 136,1) de la cité céleste, nous prenions part à sa joie et participions à son allégresse. Nous aspirons surtout à rejoindre celle qui remplit aujourd'hui de sa joie, comme d'un torrent, la ville de Dieu (cf. ps 45,5), au point que nous en recevions quelques gouttes tombant sur la terre.
Oui, notre Reine nous a précédés et le glorieux accueil qui lui est fait nous engage, nous, ses serviteurs confiants, à suivre Notre Dame en nous écriant: Entraîne-nous après toi, courons: tes parfums ont une odeur suave (Ct 1,3-4)! Notre exil a envoyé en avant une avocate qui, en sa qualité de Mère de notre juge et de Mère de la miséricorde, consacrera ses prières efficaces à la cause de notre salut.
Aujourd'hui notre terre a envoyé un don précieux au ciel pour que d'heureux liens d'amitié unissent les hommes à Dieu, la terre au ciel, la petitesse à la
grandeur, grâce aux présents échangés. Car c'est au ciel que le fruit sublime de la terre est monté, au ciel d'où descendent les dons excellents, les dons parfaits (cf. Jc 1,17). La Vierge bénie, élevée dans les hauteurs, dispensera donc à son tour des dons aux hommes (cf. Ep 4,8). Pourquoi ne le ferait-elle pas, puisque le pouvoir ne lui en fera pas défaut, ni la volonté? Elle est la reine des cieux, une reine compatissante, pour tout dire, elle est la Mère du Fils unique de Dieu. Il n'y a rien, en effet, qui puisse mieux nous faire comprendre l'étendue de sa puissance et de sa bonté, à moins que l'on ne croie pas que le Fils de Dieu honore sa Mère. Pourrait-on d'ailleurs douter vraiment que les entrailles de Marie se soient remplies de sentiments de charité, alors que la Charité même, venue de Dieu, y est demeurée corporellement pendant neuf mois?
Qui pourra raconter la génération (cf. Is 53,8) du Christ et l'assomption de Marie? Elle est comblée dans les cieux d'une gloire d'autant plus singulière qu'elle a obtenu sur la terre une grâce plus insigne que toutes les autres femmes. Si personne n'a vu de ses yeux ni entendu de ses oreilles, si le coeur de l'homme n'a pas imaginé ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment (1Co 2,9), qui pourra dire ce qu'il a préparé pour celle qui l'a engendré et qui l'aime, c'est certain, plus que tous?
Pleinement heureuse, mille fois heureuse est Marie, soit qu'elle reçoive le Sauveur, soit qu'il la reçoive. Dans l'un et l'autre cas, la dignité et la virginité de cette Mère sont admirables, et la faveur dont la majesté divine l'honore mérite nos louanges.
Et pour nous, mes bien-aimés, à quelle fête son assomption ne donne-t-elle pas lieu? Quelle joie et quel bonheur ne nous procure-t-elle pas? La présence de Marie a fait resplendir la terre entière, si bien que maintenant la patrie céleste elle-même, illuminée des rayons de cette lampe virginale, brille d'un éclat plus vif. C'est donc avec raison que les actions de grâce et les chants de louange (Is 51,3) retentissent dans les cieux. Ne pensez-vous pas pourtant que nous avons plus de motifs de gémir que d'applaudir? Car nous ne pouvons manquer ici-bas de pleurer le départ de Marie dans la mesure même où le ciel se réjouit de sa présence.
Cessons toutefois de nous lamenter puisque la cité que nous avons ici-bas n'est pas définitive (He 13,14) et que nous aspirons au contraire à celle où la bienheureuse Marie fait aujourd'hui son entrée. Si nous devons un jour être comptés parmi ses habitants, il est vraiment juste que, même dans notre exil, même au bord des fleuves de Babylone, nous nous souvenions (Ps 136,1) de la cité céleste, nous prenions part à sa joie et participions à son allégresse. Nous aspirons surtout à rejoindre celle qui remplit aujourd'hui de sa joie, comme d'un torrent, la ville de Dieu (cf. ps 45,5), au point que nous en recevions quelques gouttes tombant sur la terre.
Oui, notre Reine nous a précédés et le glorieux accueil qui lui est fait nous engage, nous, ses serviteurs confiants, à suivre Notre Dame en nous écriant: Entraîne-nous après toi, courons: tes parfums ont une odeur suave (Ct 1,3-4)! Notre exil a envoyé en avant une avocate qui, en sa qualité de Mère de notre juge et de Mère de la miséricorde, consacrera ses prières efficaces à la cause de notre salut.
Aujourd'hui notre terre a envoyé un don précieux au ciel pour que d'heureux liens d'amitié unissent les hommes à Dieu, la terre au ciel, la petitesse à la
grandeur, grâce aux présents échangés. Car c'est au ciel que le fruit sublime de la terre est monté, au ciel d'où descendent les dons excellents, les dons parfaits (cf. Jc 1,17). La Vierge bénie, élevée dans les hauteurs, dispensera donc à son tour des dons aux hommes (cf. Ep 4,8). Pourquoi ne le ferait-elle pas, puisque le pouvoir ne lui en fera pas défaut, ni la volonté? Elle est la reine des cieux, une reine compatissante, pour tout dire, elle est la Mère du Fils unique de Dieu. Il n'y a rien, en effet, qui puisse mieux nous faire comprendre l'étendue de sa puissance et de sa bonté, à moins que l'on ne croie pas que le Fils de Dieu honore sa Mère. Pourrait-on d'ailleurs douter vraiment que les entrailles de Marie se soient remplies de sentiments de charité, alors que la Charité même, venue de Dieu, y est demeurée corporellement pendant neuf mois?
Qui pourra raconter la génération (cf. Is 53,8) du Christ et l'assomption de Marie? Elle est comblée dans les cieux d'une gloire d'autant plus singulière qu'elle a obtenu sur la terre une grâce plus insigne que toutes les autres femmes. Si personne n'a vu de ses yeux ni entendu de ses oreilles, si le coeur de l'homme n'a pas imaginé ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment (1Co 2,9), qui pourra dire ce qu'il a préparé pour celle qui l'a engendré et qui l'aime, c'est certain, plus que tous?
Pleinement heureuse, mille fois heureuse est Marie, soit qu'elle reçoive le Sauveur, soit qu'il la reçoive. Dans l'un et l'autre cas, la dignité et la virginité de cette Mère sont admirables, et la faveur dont la majesté divine l'honore mérite nos louanges.
Il fallait que la Vierge fût associée au Fils en tout ce qui regarde notre salut. De même qu'elle lui fit partager sa chair et son sang et qu'elle fut, en retour, gratifiée de ses bienfaits, de même elle eut part à toutes ses souffrances et à toutes ses peines. Il fut attaché à la croix et eut le côté percé par la lance. Elle eut le coeur transpercé par une épée, comme le divin Syméon l'avait annoncé.
La première, elle fut rendue conforme à la mort du Sauveur par une mort semblable à la sienne. C'est pourquoi, avant tous les autres, elle eut part à la résurrection. En effet, après que le Fils eut brisé la tyrannie de l'enfer, elle eut le bonheur de le voir ressuscité et de recevoir sa salutation, et elle l'accompagna autant qu'elle le put, jusqu'à son départ vers le ciel. Après son ascension, elle prit la place que le Sauveur avait laissée libre parmi ses Apôtres et ses autres disciples, ajoutant ainsi aux bienfaits que Dieu avait dispensés à l'humanité celui de compléter ce qui manquait au Christ (Col 1,24) beaucoup mieux que quiconque. Cela ne convenait-il pas à sa mère plus qu'à tout autre?
Mais il fallait que cette âme très sainte se détache de ce corps très sacré. Elle l'a quitté et s'est unie à l'âme du Fils, elle, une lumière créée, à la lumière primordiale. Et son corps, après être resté quelque temps sur la terre, a été lui aussi emporté au ciel. Il fallait, en effet, qu'il emprunte tous les chemins que le Sauveur avait parcourus, qu'il resplend isse pour les vivants et les morts, qu'il sanctifie en toutes choses la nature et qu'il reçoive ensuite la place qui lui convenait. Le tombeau l'a donc abrité quelque temps, puis le ciel a recueilli cette terre nouvelle, ce corps spirituel, ce trésor de notre vie, plus digne que les anges, plus saint que les archanges. Et le trône fut rendu au roi, le paradis à l'arbre de vie, le monde à la lumière, l'arbre à son fruit, la Mère au Fils: elle en était parfaitement digne puisqu'elle l'avait engendré.
Qui, ô bienheureuse, trouvera les mots capables d'égaler ta justice et les bienfaits que tu as reçus du Seigneur, et ceux que tu as prodigués à toute l'humanité? Quand bien même, comme dirait saint Paul, il parlerait les langues des hommes et des anges (1Co 13,1). Je pense que c'est aussi une part du bonheur éternel réservé
aux justes, que de connaître tes privilèges et de les publier aussi bien que tu le mérites. Car cela fait partie également des choses que l'oeil n'a pas vues, que l'oreille n'a pas entendues (1Co 2,9) et que, selon saint Jean, l'immortel, le monde lui-même ne pourrait comprendre (Jn 21,25). Tes merveilles ne peuvent resplendir que dans ce théâtre, ce ciel nouveau et cette terre nouvelle (Ap 21,1), où luit le soleil de justice, que les ténèbres ne suivent ni ne précèdent. Tes merveilles, le Seigneur lui-même les proclame tandis que les anges applaudissent.
La première, elle fut rendue conforme à la mort du Sauveur par une mort semblable à la sienne. C'est pourquoi, avant tous les autres, elle eut part à la résurrection. En effet, après que le Fils eut brisé la tyrannie de l'enfer, elle eut le bonheur de le voir ressuscité et de recevoir sa salutation, et elle l'accompagna autant qu'elle le put, jusqu'à son départ vers le ciel. Après son ascension, elle prit la place que le Sauveur avait laissée libre parmi ses Apôtres et ses autres disciples, ajoutant ainsi aux bienfaits que Dieu avait dispensés à l'humanité celui de compléter ce qui manquait au Christ (Col 1,24) beaucoup mieux que quiconque. Cela ne convenait-il pas à sa mère plus qu'à tout autre?
Mais il fallait que cette âme très sainte se détache de ce corps très sacré. Elle l'a quitté et s'est unie à l'âme du Fils, elle, une lumière créée, à la lumière primordiale. Et son corps, après être resté quelque temps sur la terre, a été lui aussi emporté au ciel. Il fallait, en effet, qu'il emprunte tous les chemins que le Sauveur avait parcourus, qu'il resplend isse pour les vivants et les morts, qu'il sanctifie en toutes choses la nature et qu'il reçoive ensuite la place qui lui convenait. Le tombeau l'a donc abrité quelque temps, puis le ciel a recueilli cette terre nouvelle, ce corps spirituel, ce trésor de notre vie, plus digne que les anges, plus saint que les archanges. Et le trône fut rendu au roi, le paradis à l'arbre de vie, le monde à la lumière, l'arbre à son fruit, la Mère au Fils: elle en était parfaitement digne puisqu'elle l'avait engendré.
Qui, ô bienheureuse, trouvera les mots capables d'égaler ta justice et les bienfaits que tu as reçus du Seigneur, et ceux que tu as prodigués à toute l'humanité? Quand bien même, comme dirait saint Paul, il parlerait les langues des hommes et des anges (1Co 13,1). Je pense que c'est aussi une part du bonheur éternel réservé
aux justes, que de connaître tes privilèges et de les publier aussi bien que tu le mérites. Car cela fait partie également des choses que l'oeil n'a pas vues, que l'oreille n'a pas entendues (1Co 2,9) et que, selon saint Jean, l'immortel, le monde lui-même ne pourrait comprendre (Jn 21,25). Tes merveilles ne peuvent resplendir que dans ce théâtre, ce ciel nouveau et cette terre nouvelle (Ap 21,1), où luit le soleil de justice, que les ténèbres ne suivent ni ne précèdent. Tes merveilles, le Seigneur lui-même les proclame tandis que les anges applaudissent.
En terminant le récit de la Visitation, S. Luc nous apprend que la Sainte Vierge demeura
« environ trois mois »auprès d'Elisabeth, et qu'ensuite « elle revint dans sa maison », c'est-à-dire à Nazareth.
Le départ de Marie eut-il lieu avant ou après la naissance de Jean-Baptiste ? Le texte sacré ne le dit pas
expressément. Toutefois, en le mentionnant avant de raconter la nativité du Précurseur, il semble indiquer
assez clairement que Marie avait repris le chemin de la Galilée quand le temps d'Elisabeth fut accompli ».
D'ailleurs, le but du voyage de la Mère de Dieu n'avait pas été précisément de soigner sa cousine : aucun
motif de charité ne la retenait donc dans la maison de Zacharie. Un certain nombre de commentateurs
anciens et modernes croient néanmoins que Marie demeura plus longtemps auprès d'Elisabeth : suivant eux,
le v. 56 serait placé par anticipation avant la naissance de S. Jean. - Le mystère de la Visitation a inspiré de
beaux tableaux à Raphaël, au Pinturicchio, à Ghirlandaio, à Jouvenet, etc.