Luc 1, 76
Toi aussi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut ; tu marcheras devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins
Toi aussi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut ; tu marcheras devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins
Zacharie, je le suppose, s'est hâté d'adresser la parole à son enfant, parce qu'il savait qu'il devait bientôt se retirer dans le désert, et qu'il ne jouirait pas longtemps de sa présence.
Après cette magnifique prophétie qui a le Sauveur pour objet, Zacharie ramène son discours au prophète du Seigneur, et déclare ainsi que sa naissance est un don de Dieu. En énumérant les bienfaits de Dieu envers tous les hommes, il ne veut point paraître envelopper dans un silence d'ingratitude les grâces qui lui sont particulières, aussi écoutez-le: «Et vous, enfant, vous serez appelé le prophète du Très-Haut»,etc.
Il en est peut-être qui regarderont comme un écart d'esprit contraire à toute raison que Zacharie s'adresse à un enfant de huit jours. Mais si nous nous rappelons ce qui précède, nous comprendrons que celui qui a entendu la voie de Marie avant même d'être né, a pu, aussitôt sa naissance entendre la voix de son père. En vertu de son esprit prophétique, il savait que les prophètes ont d'autres oreilles qui s'ouvrent sous l'impression de l'Esprit saint, et non par le progrès de l'âge; comment n'aurait-il pas eu le don d'intelligence, lui dont le coeur avait bien pu tressaillir?
Ceux qui ont avec les rois des rapports plus étroits deviennent leurs compagnons d'armes, ainsi Jean-Baptiste qui était l'ami de l'époux a précédé de plus près son arrivée, c'est le sens de ces paroles: «Vous marcherez devant la face du Seigneur pour lui préparer les voies».Les autres prophètes, en effet, ont annoncé longtemps auparavant les mystères de la vie du Christ; Jean l'a prédit de plus près, puisqu'il a vu le Christ de ses yeux, et tout à la fois l'a montré aux autres.
Tout prédicateur qui purifie des souillures du vice les âmes de ceux qui l'écoutent, prépare les voies à la sagesse qui veut prendre possession du coeur.
On peut dire aussi que Zacharie, pour l'instruction de ceux qui étaient présents, aussitôt qu'il put parler publia les fonctions que son fils devait un jour remplir, et que l'ange lui avait révélées. Que les ariens entendent qu'on donne ici le nom de Très-Haut au Christ dont Jean a été le précurseur et le prophète, comme il est écrit dans le livre des Psaumes: «Un homme est né en elle, et le Très-Haut lui-même l'a fondée».
Avec cette belle apostrophe commence
la seconde partie du cantique. - Première strophe, vv. 76 et 77 : rôle de S. Jean. - Et toi, petit enfant. Zacharie
a attendu jusqu'à ce moment pour parler de son fils ; c'est que, dans les événements qu'il décrit, Jean ne doit
paraître qu'au second plan, n'avoir qu'un rôle secondaire. - Tu seras appelé le prophète du Très-Haut. De
Jésus il avait été dit « il sera appelé Fils du Très-Haut », v. 32 ; à Jean on n'assigne que la fonction de
prophète. Noble fonction pourtant, dont le fidèle accomplissement lui valut un magnifique éloge de Jésus,
Matth. 11, 9, et la confiance de toute la nation juive. - Tu marcheras devant la face du Seigneur. Zacharie
indique par ces paroles la manière spéciale dont son fils sera le prophète du Très-Haut. Il sera prophète en
tant qu'il sera le précurseur du Messie, en tant qu'il annoncera la prochaine manifestation du divin
Rédempteur et que, à la façon de l'Orient, il marchera devant lui comme un héraut, lui préparant en tous lieux
une voie royale. Comp Is. 40, 3 ; Matth. 3, 3 et le commentaire. Du titre « Seigneur » attribué ici au Christ,
on a légitimement conclu à la divinité de Jésus.
Saint Jean le Baptiste est le précurseur (cf. Ac 13, 24) immédiat du Seigneur, envoyé pour Lui préparer le chemin (cf. Mt 3, 3). " Prophète du Très-Haut " (Lc 1, 76), il dépasse tous les prophètes (cf. Lc 7, 26), il en est le dernier (cf. Mt 11,13), il inaugure l’Évangile (cf. Ac 1, 22 ; Lc 16, 16) ; il salue la venue du Christ dès le sein de sa mère (cf. Lc 1, 41) et il trouve sa joie à être " l’ami de l’époux " (Jn 3, 29) qu’il désigne comme " l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde " (Jn 1, 29). Précédant Jésus " avec l’esprit et la puissance d’Elie " (Lc 1, 17), il lui rend témoignage par sa prédication, son baptême de conversion et finalement son martyre (cf. Mc 6, 17-29).