Luc 1, 9

il fut désigné par le sort, suivant l’usage des prêtres, pour aller offrir l’encens dans le sanctuaire du Seigneur.

il fut désigné par le sort, suivant l’usage des prêtres, pour aller offrir l’encens dans le sanctuaire du Seigneur.
Louis-Claude Fillion
Le sort jouait un très grand rôle chez tous les peuples anciens, qui lui attribuaient généralement un caractère religieux, parce qu'ils voyaient en lui l'expression d'une volonté supérieure, des indications toutes providentielles. Comp. Jon. 1, 7 ; Act. 1, 24 et ss. C'est pourquoi, à Jérusalem, lorsque les prêtres de semaine avaient à se partager les différentes fonctions qu'ils devaient remplir dans le temple, au lieu de faire cette distribution d'une manière arbitraire, ils l'opéraient en recourant au sort. Les Rabbins nous ont conservé sur ce point des détails que le lecteur verra sans doute avec intérêt. Voici d'abord les cérémonies quotidiennes qui étaient réservées aux prêtres, et l'ordre d'après lequel il fallait les accomplir : « L’autel majeur (celui du sacrifice) l’emporte sur l’autel mineur. L’autel mineur l’emporte sur les deux morceaux de bois fixés sur l’autel majeur. Ces deux morceaux de bois l’emportent sur l’enlèvement des cendres de l’autel intérieur. L’enlèvement des cendres de l’autel intérieur l’emporte sur l’entretien des cinq lampes. L’entretien des cinq lampes l’emporte sur l’aspersion du sang du sacrifice perpétuel. L’aspersion du sang du sacrifice perpétuel l’emporte sur l’entretien des deux lampes restantes. L’entretien des deux lampes restantes l’emporte sur brûler de l’encens ou des victimes. Brûler des victimes l’emporte sur placer les parties du sacrifice sur l’autel. Placer les parties du sacrifice sur l’autel l’emporte le sacrifice non sanglant. Le sacrifice non sanglant l’emporte sur les deux pains du souverain pontife. Les deux pains du souverain pontife l’emportent sur la libation. La libation l’emporte sur les sacrifices ajoutés. ». Gloss. In Tamid, c. 6. Au moment de faire le partage, les prêtres se réunissaient dans le Gazzith ou salle des pierres taillées (voyez l'Evang. selon S. Matth., p. 492). Le Talmud nous montre le maître des cérémonies convoquant ses collègues pour cette opération : « Le préfet leur dit : Venez et jetez les sorts pour choisir celui qui immolera la victime, qui répandra le sang, qui enlèvera les cendres de l’autel intérieur, qui nettoiera le cierge, qui apportera à l’autel élevé les parties, la tête, une patte, les deux épaules, la queue de l’épine dorsale, l’autre patte, la poitrine, le cou, les deux côtés, les viscères, la farine, les deux pains, et le vin. Voilà quelle est la tâche de celui qui a été choisi par le sort. ». Tamid, cap. 3, hal. 1. Ailleurs, Ioma, fol. 25, 1, on nous apprend la manière dont se faisait le tirage au sort : c'était d'après une méthode analogue à celle que les enfants suivent encore aujourd'hui dans leurs jeux. « Les prêtres l’entourèrent en cercle, et le préfet s’approchant enleva le chapeau de la tête de l’un ou de l’autre. Ils connurent par là qu’il leur avait enlevé le sortilège. » La glose ajoute, f. 22, 1 : « Les prêtres se tinrent debout en cercle. S’approchant, le préfet enleva un chapeau de la tête de l’un d’entre eux, et il commença par lui à compter les sortilèges. Chacun élève son doigt à l’énoncé du chiffre. Le préfet dit : « Là où se termine le chiffre, à celui-là est assignée une fonction par le sort. Il compte de la même façon, par exemple cent ou soixante, selon le nombre des prêtres présents. Il commence à compter par celui à qui il a enlevé le chapeau, et il fait le tour jusqu’à ce qu’il ait atteint le chiffre fixé. A chaque personne où il arrête de compter, c’est à elle qu’est communiqué le pouvoir d’où vient le sortilège. Il en est ainsi pour tous les sortilèges. ». Voyez Lightfoot, Horae hebr. in Evang. Lucae, h. l. - Pour y offrir l'encens. Tel fut le rôle qui échut à Zacharie : il était regardé comme le plus honorable de tous ceux qui étaient exercés par les simples prêtres. Celui auquel il incombait entrait deux fois chaque jour, le matin et le soir, dans la partie du temple nommée le Saint et y encensait l'autel des parfums. Ici encore, grâce au Talmud, nous pouvons fournir d'intéressant détails sur cette fonction, telle qu'elle se pratiquait au temps de Notre-Seigneur. Le prêtre qui en était chargé était accompagné de trois auxiliaires : le premier nettoyait l'autel, adorait et sortait ; le second apportait sur l'autel quelques charbons ardents extraits du brasier des holocaustes, adorait et sortait ; le troisième recueillait les grains d'encens tombés à terre, et ne cessait de rappeler à l'officiant qu'il devait user d'une grande vigilance, puis il adorait et sortait. Enfin le célébrant, demeuré seul dans le Saint, versait sur les charbons de l'autel une quantité déterminée d'encens, et, à son tour, il adorait et se retirait. Voyez Lightfoot et T. Robinson, ubi supra.
Fulcran Vigouroux
Dans le temple, le naos, la maison de Dieu, dans la partie appelée le Saint où était l’autel des parfums.