Luc 10, 1

Après cela, parmi les disciples le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre.

Après cela, parmi les disciples le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre.
Louis-Claude Fillion
Le titre de Seigneur est plein d'emphase dans ce passage : c'est en effet comme Seigneur et Maître que Jésus procède à l'organisation d'un corps spécial parmi ses nombreux disciples. A mesure qu'il approche du terme de sa vie terrestre, le Sauveur multiplie les institutions destinées à la propagation rapide de l'Évangile, à la prompte diffusion de son Église. Néanmoins le collège des soixante-douze disciples ne devait pas être permanent comme celui des Douze : son existence ne fut que temporaire et transitoire. Il n'est plus question des Soixante-douze dans la Bible après leur retour. Mais ils formèrent un noyau de missionnaires zélés, qui durent être plus tard d'utiles auxiliaires pour les Apôtres. - Soixante douze autres disciples. « Autres », selon Schleiermacher et Meyer, par opposition aux messagers mentionnés naguère, 9, 52 ; plus probablement, de l'avis commun, par opposition aux apôtres (9, 2 et ss.). D'après les éditions grecques ordinaires, le nombre des nouveaux élus n'eût été que de soixante-dix ; mais la leçon de la Vulgate, qu'approuvent plusieurs manuscrits importants (B, D, M, R), avec quelques Pères et d'autres versions anciennes (Itala, syr. Cureton), semble être la plus exacte. Ce nombre, qui équivaut à six fois celui des apôtres, est probablement symbolique. On l'a rapproché, suivant qu'on le lisait dans la Vulgate ou dans le Text. Receptus, tantôt des 72 membres qui composaient le Sanhédrin juif, tantôt des 70 vieillards que Dieu avait adjoints à Moïse comme assesseurs (Num. 11, 16 et ss.), tantôt des 70 ou 72 peuples issus de Noé (Gen. 10). Les partisans de cette dernière opinion voient dans l'institution des 72 disciples un symbole de l'universalité de l'Évangile. Mais en tout cela il n'y a rien de bien certain. - Il les envoya deux à deux : de la même manière et pour le même motif qu'autrefois les apôtres, Marc. 6, 7 : « Des frères sont plus intraitables qu'une ville forte », Prov. 18, 19. - Devant lui est un hébraïsme dont la signification se trouve expliquée par les mots dans toutes les villes et tous les lieux… Le Dr Sepp donne, dans sa Vie de Jésus, la liste des Soixante-Douze : mais c'est une liste toute subjective et légendaire, car Eusèbe, Hist. Eccl. 1, 12, était déjà dans l'impossibilité de la reconstituer.
Fulcran Vigouroux
« La liste des soixante-douze disciples ne nous a pas été transmise. Un petit nombre seulement sont connus avec certitude. On sait qu’ils furent choisis parmi ceux qui suivaient habituellement le Sauveur, et que le divin Maître les associa aux Apôtres pour les aider à instruire le peuple et le préparer à sa venue. Il est certain qu’ils étaient inférieurs aux douze, puisque Mathias, l’un d’entre eux, fut promu à l’apostolat à la place de Judas. Saint Ignace les assimile aux diacres et saint Jérôme aux prêtres. Leur ministère fut transitoire et purement personnel : ils ne transmirent à personne les pouvoirs qu’ils avaient reçus. ― Au lieu de soixante-douze disciples, la plupart des manuscrits grecs portent soixante-dix ; mais on peut croire que c’est un nombre rond employé pour soixante-douze, comme lorsqu’il s’agit des interprètes de l’Ancien Testament, ou des personnes dont se composait la famille de Jacob à son entrée en Egypte. ― On a fait cette remarque, que ce nombre répond à celui des peuples dont Moïse fait le dénombrement dans la Genèse, de même que le nombre douze répond à celui des tribus d’Israël ; car, d’après les Juifs, l’humanité se composait de soixante-dix (ou soixante-douze) peuples : quinze de Japhet, trente de Cham et vingt-sept de Sem. Cet accroissement du nombre des ouvriers apostoliques, de douze à soixante-douze, semblait annoncer l’extension prochaine de la prédication à l’univers entier. » (L. BACUEZ.)
Concile œcuménique
Le saint Concile adjure donc avec force au nom du Seigneur tous les laïcs de répondre volontiers avec élan et générosité à l’appel du Christ qui, en ce moment même, les invite avec plus d’insistance, et à l’impulsion de l’Esprit Saint. Que les jeunes réalisent bien que cet appel s’adresse très particulièrement à eux, qu’ils le reçoivent avec joie et de grand cœur. C’est le Seigneur lui-même qui, par le Concile, presse à nouveau tous les laïcs de s’unir intimement à lui de jour en jour, et de prendre à cœur ses intérêts comme leur propre affaire (cf. Ph 2, 5), de s’associer à sa mission de Sauveur ; il les envoie encore une fois en toute ville et en tout lieu où il doit aller lui-même (cf. Lc 10, 1) ; ainsi à travers la variété des formes et des moyens du même et unique apostolat de l’Église, les laïcs se montreront ses collaborateurs, toujours au fait des exigences du moment présent, « se dépensant sans cesse au service du Seigneur, sachant qu’en lui leur travail ne saurait être vain » (cf. 1 Co 15, 58). Tout l’ensemble et chacun des points qui ont été édictés dans ce décret ont plu aux Pères du Concile. Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que Nous tenons du Christ, en union avec les vénérables Pères, Nous les approuvons, arrêtons et décrétons dans le Saint-Esprit, et Nous ordonnons que ce qui a été établi en Concile soit promulgué pour la gloire de Dieu.