Luc 10, 20

Toutefois, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. »

Toutefois, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. »
Saint Athanase
Nous voyons aujourd'hui des enfants triompher, par la vertu du Christ, de la volupté qui, autrefois, séduisait les vieillards; et des vierges persévérer dans l'innocence, en foulant aux pieds les artifices du serpent de la volupté. Quelques-uns mêmes ont écrasé l'aiguillon du scorpion, c'est-à-dire du démon, en affrontant la mort, et en devenant les martyrs de Jésus-Christ; et la plupart ont sacrifié les jouissances de la terre pour marcher plus librement vers les biens du ciel, sans crainte, aucune, des puissances de l'air.
Saint Basile le Grand
Il en est dont les noms sont écrits, non sur le livre de vie, mais sur la terre, comme le dit Jérémie ( Jr 17,13 ), d'où nous devons entendre qu'il y a deux inscriptions, les uns sont écrits pour la vie; et les autres pour leur perte. Quant à ces paroles du Roi-prophète: « Qu'ils soient effacés du livre des vivants » ( Ps 69,29 ), elles doivent s'entendre de ceux qu'on avait cru dignes d'être inscrits sur le livre de Dieu; et dans le style de l'Écriture, nos noms sont effacés ou inscrits lorsque nous tombons de la vertu dans le péché, ou lorsque nous sortons du péché pour revenir à la vertu.

Le démon est appelé Satan, parce qu'il est opposé au bien (c'est le sens du mot hébreu); il est aussi appelé diable, parce qu'il nous aide à commettre le mal, et qu'il devient notre accusateur. Sa nature est immatérielle, et il fait son séjour dans les airs.

Car les esprits célestes ne sont pas saints par nature, mais la mesure de leur sainteté est proportionnée à la mesure de leur amour pour Dieu. De même que le fer qu'on met dans le feu, ne perd pas sa nature, et cependant, par son étroite union avec la flamme ardente, prend l'aspect et la vertu du feu; ainsi les esprits des cieux, par leur union avec celui qui est saint par nature, entrent en communication de sa sainteté; car en effet, Satan ne fût jamais tombé, s'il avait été impeccable par nature.
Saint Grégoire de Nysse
La volupté est comparée au serpent, dans la sainte Écriture. Or, telle est la nature du serpent, que si sa tête atteint une fente dans un mur, elle attire tout son corps à sa suite; ainsi la nature accorde à l'homme de se construire une habitation comme chose nécessaire, mais à l'aide de cette nécessité, la volupté dresse ses attaques, elle porte l'homme à un luxe exagéré; puis comme conséquence, elle fait entrer dans l'âme la passion de l'avarice, que suit immédiatement le vice de l'impureté, c'est-à-dire le dernier membre et comme la queue de la bestialité. Or, de même que pour faire lâcher prise à un serpent, on ne le saisit point par la queue; ainsi, c'est, inutilement qu'on voudrait déraciner la volupté en commençant par les dernières ramifications, si on ne ferme tout d'abord l'entrée par où le mal a pénétré dans l'âme.
Saint Jean Chrysostome
Et dans la crainte qu'on entendit ces paroles de véritables serpents, le Sauveur ajoute: « Et sur toute la puissance de l'ennemi ».
Tite de Bostra
Notre-Seigneur vit bien que la joie de ses disciples était mélangée de vaine gloire; car ils se réjouissaient surtout d'avoir reçu une puissance qui les élevait au-dessus des autres hommes, et les rendait terribles aux hommes et aux démons. Aussi ajoute-t-il: « Cependant ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis »,etc.

C'est comme juge qu'il a vu la chute de Satan, lui qui connaît les passions des êtres immatériels. Il le compare dans sa chute à un éclair, parce que Satan, de brillant qu'il était par nature, est devenu ténébreux par ses inclinations vicieuses; et qu'il a corrompu en lui la bonté que Dieu lui avait communiquée en le créant.
Saint Cyrille d'Alexandrie
Ou bien encore, dans un autre sens: « Je voyais Satan tomber comme l'éclair »,c'est-à-dire de la plus haute puissance à la plus extrême faiblesse. En effet, avant la venue du Sauveur, le démon régnait sur tout l'univers, et recevait les adorations de tous les hommes; mais lorsque le Fils unique de Dieu fut descendu du ciel, il tomba avec la rapidité de l'éclair, parce qu'il est foulé aux pieds par tous ceux qui adorent Jésus-Christ, c'est ce qu'indiquent les paroles suivantes: « Voici que je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents », etc. Tite de Bost. Autrefois les serpents, dans le désert, firent des blessures mortelles aux Israélites à cause de leur infidélité. ( Nb 21). Mais le serpent d'airain est venu sur la terre, il a été attaché à la croix, et il a détruit ainsi la vertu de ces serpents, de manière que tous ceux. qui le regardent avec foi sont guéris de leurs blessures, et obtiennent le salut.

Mais pourquoi, Seigneur, ne permettez-vous pas à vos disciples de se réjouir de la puissance que vous-même leur avez donnée, alors qu'il est écrit: « Ils se réjouiront dans votre nom durant tout le jour ? » ( Ps 89,17 ) C'est que le Sauveur les invite à une joie beaucoup plus grande et plus pure: « Réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux »

Nous avons vu plus haut que le Seigneur envoya ses disciples revêtus de la grâce du Saint-Esprit, et que, devenus ministres de la prédication, ils reçurent en même temps tout pouvoir sur les esprits immondes; nous les voyons revenir maintenant en proclamant la puissance de celui qui les a ainsi honorés: «Or, les soixante-douze disciples revinrent avec joie, en disant: Seigneur, les démons eux-mêmes nous sont soumis», etc. Ils semblent se réjouir bien plus de ce qu'ils ont opéré des miracles, que d'avoir été les ministres de la prédication. Et cependant ils devaient bien plutôt mettre leur joie dans ceux qu'ils avaient gagnés à l'Évangile, à l'exemple de saint Paul, qui disait à ceux qui avaient été appelés à la foi par ses prédications: « Vous êtes ma joie et ma couronne » ( Ph 4,1 ).
Saint Grégoire le Grand
Le Sauveur se hâte de réprimer ce mouvement d'orgueil dans le coeur de ses disciples, et il leur rappelle la chute trop justement méritée du maître de l'orgueil, pour leur apprendre, par le prince de l'orgueil, combien ce vice était redoutable: « Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair »,etc.
Saint Bède le Vénérable
C'est-à-dire qu'il leur donne le pouvoir de chasser toute espèce d'esprits impurs des corps des possédés. Et pour ce qui les concerne, il ajoute: « Et rien ne pourra vous nuire ». On peut cependant entendre aussi ces paroles dans le sens littéral, car une vipère s'étant élancée sur la main de saint Paul, il n'en souffrit aucun mal ( Ac 28), et saint Jean prit du poison, sans en ressentir aucune atteinte. Or, il y a cette différence entre les serpents qui blessent avec leurs dents, et les scorpions dont le venin est dans la queue, que les serpents représentent ceux qui exercent ouvertement leur fureur; et les scorpions, ceux qui dressent en secret leurs embûches, que ce soient des hommes ou des démons. Ou bien, les serpents sont ceux qui attaquent extérieurement, comme le démon de la fornication et de l'homicide, mais ceux dont le pouvoir de nuire s'exerce intérieurement, sont comme des scorpions, telles sont les passions intérieures de l'âme.

Il leur défend, simples mortels qu'ils sont, de se réjouir de ce que les esprits leur sont soumis; car le pouvoir de chasser les esprits ou de faire d'autres miracles, ne vient pas du mérite de celui qui les opère mais de l'invocation du nom de Jésus-Christ, qui produit ces effets miraculeux pour la condamnation de ceux qui l'invoquent, ou pour l'utilité de ceux qui sont témoins de ces prodiges.

Comme s'il leur disait: Ce n'est pas de l'humiliation des démons, mais de votre élévation, qu'il faut vous réjouir. Et nous pouvons entendre ces paroles, dans ce sens plein d'édification, que les oeuvres de l'homme, qu'elles aient le ciel ou la terre pour objet, sont écrites pour ainsi dire, et éternellement gravées dans le souvenir de Dieu.

Il ne dit pas: Je le vois maintenant; mais: « Je le voyais précédemment »,au moment même de sa chute. Il le compare à l'éclair, pour signifier la rapidité avec laquelle il a été précipité du haut du ciel au fond des abîmes, ou pour exprimer que depuis sa chute, il se transforme encore en ange de lumière ( 2Co 11,4 ).
Saint Théophylacte d'Ohrid
Les noms des saints sont écrits dans le livre de vie, non pas avec de l'encre, mais par la grâce et le souvenir de Dieu, et tandis que le démon tombe des hauteurs où Dieu l'avait élevé, les hommes placés au-dessus de lui, sont inscrits dans le livre des cieux.
Louis-Claude Fillion
Cependant sert de transition à une nouvelle idée, qui nous ramène au v. 17, et met fin à la première parole de Jésus. - Ne vous réjouissez pas… Sous cette tournure hébraïque, il est aisé de reconnaître la vraie pensée du Sauveur. « Il ne reproche pas, mais il enseigne et conduit à la perfection. Il ne leur interdit pas de se réjouir de ce que les démons leur soient soumis, mais il les avertit de se réjouir davantage de ce que leurs noms sont inscrits dans le ciel », Maldonat, Comment. in Luc. 10, 17. Jésus suggère donc aux disciples un motif de joie supérieure et beaucoup plus parfaite. Chasser les démons n'est, comme disent les théologiens, qu'une grâce donnée gratuitement, qui ne prouve pas absolument l'amitié de Dieu (cfr. Matth. 7, 22-23 ; 1 Cor. 13, 2). On peut la posséder et se damner quand même. Elle ne saurait constituer le vrai bonheur. Mais savoir qu'on est prédestiné, qu'on jouira sans fin de la vue de Dieu, voilà une source de joies solides auxquelles on peut se livrer sans réserve. - La belle figure vos noms sont écrits dans les cieux revient fréquemment dans la Bible. Cfr. Ex. 32, 32 et ss. ; Ezech. 13, 9 ; Dan. 12, 1 ; Mal. 3, 16 ; Phil. 4, 3 ; Apoc. 3, 5 ; 13, 8, etc. Elle provient de la coutume immémoriale et universelle d'inscrire les citoyens d'une ville ou d'un état sur des registres spéciaux. Dieu est censé avoir pareillement son grand livre qui contient la liste de tous les élus. « Ce livre est la connaissance de Dieu par laquelle il a prédestiné ceux qu’il a d’avance élus », S. Augustin, in Psalm. 68, 29. Ainsi donc, sans image, « Il ne voulait pas que les disciples se réjouissent de l’avoir emporté sur les démons, mais du salut remporté de haute lutte », Tertull. adv. Marc., l. 4. Comp. Jer. 17, 13, où les impies sont menacés d'avoir leurs noms écrits sur la terre, sur le sable mouvant d'où ils disparaîtront bientôt.