Luc 10, 22
Tout m’a été remis par mon Père. Personne ne connaît qui est le Fils, sinon le Père ; et personne ne connaît qui est le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. »
Tout m’a été remis par mon Père. Personne ne connaît qui est le Fils, sinon le Père ; et personne ne connaît qui est le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. »
Seconde parole rattachée par Jésus au
retour des Soixante-douze. Elle consiste en une louange qu'il adresse à son Père, v. 21, et en une révélation
sur les liens étroits qui l'unissent à ce Père céleste, v. 22. Nous la retrouvons textuellement dans le premier
Évangile, 10, 25-27. Pour l'enchaînement nous donnons ici encore la préférence à S. Luc qui fixe une date
plus précise : en cette heure même, au lieu du vague en ce temps-là de S. Matthieu. - Il tressaillit : précieux
détail, propre à notre évangéliste. Le verbe grec désigne, comme son corrélatif latin, un sentiment de vive
jouissance qui inonda toute l'âme de Jésus, et occasionna ce divin épanchement. « L’évangéliste a eu tout a
fait raison de dire il exulta. L’exultation signifie une sorte de saut hors de soi, quand, par exemple, à cause
de la surabondance de la joie intérieure, les signes de la joie font éclater les portes », Stella. Cette allégresse
de Jésus ne fut pas le résultat d'un mouvement purement humain : elle fut produite en son cœur par l'Esprit
Saint lui-même, ajoute S. Luc. Il est vrai que l'adjectif saint manque dans le Text. Recept. ; mais la Vulgate,
l'Itala, la version syriaque Cureton et les manuscrits B, D, Z, Sinaït., suffisent pour nous garantir son
authenticité. - Je vous rends gloire… Voyez l'explication détaillée dans l'Evang. selon S. Matthieu, p. 231-
233. Notre-Seigneur Jésus-Christ loue Dieu, son Père bien-aimé, pour deux traits spéciaux de sa conduite
providentielle. 1° Vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents (les sages et les prudents selon la
chair) ; 2° vous les avez révélées aux petits (moraux, c'est-à-dire aux humbles). Voyez 1 Cor 1, 23 et ss., le
motif de ces étonnantes « faiblesses de Dieu », comme les appelle Tertullien dans son langage énergique
(contr. Marc., l. 2, c. 27). Ainsi donc, « à l'orgueil de l'intelligence il est répondu par l'aveuglement ; à la
simplicité du cœur qui veut la vérité, par la révélation » Gess (Lire Bossuet, Panégyrique de S. François d'Assise). - Oui, Père. Jésus s'arrête un moment, afin de se délecter à la pensée qu'il a plu au Seigneur d'agir
ainsi plutôt que de toute autre manière. - Les lignes suivantes (v. 22), sont du plus grand prix pour le dogme
catholique, car elles affirment aussi nettement que possible la nature divine de Jésus. Mais elles jettent les
rationalistes dans un embarras facile à comprendre. Pour s'en défaire, ils ont recours à leurs moyens
accoutumés, rien moins que scientifiques. C'est une « intercalation tardive » s'écrie M. Renan. M. Réville,
Histoire du dogme de la divinité de Jésus-Christ, p. 17, les attribue de même « à l'influence d'une théologie
ultérieure ». Mais ce n'est pas par des assertions fantaisistes qu'on renversera les textes de l'Évangile. - Le
Christ Jésus a reçu de Dieu son Père la toute-puissance ; il n'est connu que par son Père d'une manière
adéquate ; seul il connaît à fond la nature de son Père : telles sont les trois vérités que Notre-Seigneur daigne
nous dévoiler dans ce passage. Les mots et celui à qui le Fils aura voulu le révéler sont bien consolants pour
nous. Prions-le de nous faire dans le temps et dans l'éternité cette précieuse révélation.