Luc 10, 29

Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : « Et qui est mon prochain ? »

Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : « Et qui est mon prochain ? »
Louis-Claude Fillion
Le légiste, mis dans l'embarras par la direction inattendue que Jésus venait de donner à l'entretien, avait réellement à s'excuser, à se justifier devant toute l'assistance d'avoir voulu entamer une controverse sur une prétendue difficulté qu'il avait ensuite lui-même si promptement et si aisément résolue. Essayant donc de montrer que sa première question n'était pas aussi vaine qu'elle pouvait le paraître, les termes de la Loi manquant parfois de clarté et ayant besoin d'un commentaire, il ajoute : Et qui est mon prochain ? Relativement à Dieu mes obligations sont claires : je le reconnais ; mais il n'en est pas de même concernant le prochain. Tout d'abord, quel est-il, ce prochain que je dois aimer comme moi-même ? Voilà bien le Juif d'alors, aux sentiments étroits et particularistes, ne voulant pas admettre, les Talmuds en font foi, que tous les hommes sont ses frères en Dieu, établissant au contraire de vastes catégories d'exceptions. Par exemple, Ioma, 1, 7, il est permis à un Juif d'enlever, en un jour de sabbat, les décombres qui sont tombées sur un autre Juif ; la même opération est expressément interdite s'il s'agit d'un païen. Un passage du livre Aruch, cité par Lightfoot, Hor. Hebr., h. l., va jusqu'à dire que les Gentils ne sont pas compris dans le mot « prochain ». Mais ne nous irritons pas trop contre cette question étrange, puisqu'elle nous a valu « l'une des plus belles gemmes de l'Évangile » (Curci). Cfr. Wiseman, Mélanges religieux, etc., 1, les Paraboles du N. T., p. 52 et ss.