Luc 10, 33
Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion.
Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion.
Quel contraste ! Tacite a beau vanter la miséricorde que les Juifs se témoignaient
entre eux (Hist. 5, 5 : Ils s'empressent de s'entre-aider) : un prêtre et un lévite ont laissé, sans lui porter
secours, un de leurs coreligionnaires mourant sur le grand chemin. Mais voici qu'un Samaritain va faire avec
amour ce qu'ils ont négligé honteusement. Un Samaritain ! Ce nom dit beaucoup dans le petit drame si bien
retracé par Jésus. Il signifiait pour les Juifs un ennemi national, un excommunié, un homme pire qu'un païen.
Nous lisons en effet au livre de l'Ecclésiastique, 50, 27 et 28, ces lignes significatives : « Il est deux nations
que mon âme déteste, et il en est une troisième que je ne puis souffrir : ceux qui habitent les montagnes de
Séir, les Philistins et le peuple insensé qui réside à Sichem ». Ce héros de notre touchante histoire ne vient
pas de la capitale juive, que les Samaritains ne fréquentaient guère ; le texte sacré nous le représente
simplement sous les traits d'un voyageur ordinaire. Comme le prêtre, il aperçoit le blessé ; comme le lévite, il
s'en approche : mais il éprouve un sentiment qui n'avait pénétré dans le cœur ni du prêtre ni du lévite,
sentiment qui va lui dicter les actes généreux décrits dans les deux versets suivants. « Celui qui fait don de
choses matérielles, communique une chose qui est extérieure à lui-même. Celui qui donne au prochain des
pleurs et de la compassion lui donne quelque chose qui vient de lui-même », S. Grégoire (Moral. 20, 36). Le
Samaritain commença donc par donner ce qu'il avait de mieux, la pitié de son cœur. Et pourtant il avait dû
reconnaître que le blessé était un Juif, un ennemi de sa nation !