Luc 12, 15
Puis, s’adressant à tous : « Gardez-vous bien de toute avidité, car la vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède. »
Puis, s’adressant à tous : « Gardez-vous bien de toute avidité, car la vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède. »
Tous les enseignements qui précèdent, ont pour but de nous encourager à souffrir pour le nom du Seigneur, ou par le mépris de la mort, ou par l'espérance de la récompense, ou par la menace des supplices éternels, qu'aucune miséricorde ne viendra jamais adoucir. Or, comme l'avarice est une source fréquente de tentations pour la vertu, Notre-Seigneur veut en détruire jusqu'au germe dans notre âme, et à l'appui du précepte qu'il donne, il apporte cet exemple: «Alors, du milieu de la foule, quelqu'un lui dit: Maître, dites à mon frère de partager avec moi notre héritage».
C'est donc avec raison qu'il refuse de s'occuper des intérêts de la terre, lui qui n'est descendu sur la terre que pour nous enseigner les choses du ciel; il dédaigne d'être le juge des différends et l'arbitre des biens de la terre, lui à qui Dieu a donné le pouvoir de juger les vivants et les morts, et l'appréciation décisive des mérites des hommes. Il faut donc considérer ici, non pas ce que vous demandez, mais à qui vous faites cette demande, et ne pas chercher à détourner à des choses de médiocre importance, celui dont l'esprit est appliqué à des objets d'un intérêt supérieur. Ce frère méritait donc la réponse que lui fit le Sauveur, lui qui voulait que le dispensateur des biens célestes, s'occupât des intérêts périssables de la terre. Ajoutons d'ailleurs que ce n'est point par l'intervention d'un juge, mais par l'affection, qu'un bien patrimonial doit être partagé entre des frères. Enfin les hommes doivent attendre et espérer le patrimoine de l'immortalité plutôt que celui des richesses.
Lorsque le Fils de Dieu a daigné se rendre semblable à nous, Dieu son Père l'a établi roi et prince sur la sainte montagne de Sion, pour annoncer ses divins commandements (cf. Ph 2,7 Ps 2,6 ).
Ou bien encore: «Gardez-vous de toute avarice, grande ou petite»,car l'avarice est tout à fait inutile au témoignage du Seigneur lui-même: «Vous bâtirez des maisons magnifiques, et vous ne les habiterez pas». ( Am 5, 11). Et ailleurs: «Dix arpents de vigne ne rapporteront qu'une mesure, la terre ne rendra plus que la dixième partie de la semence». ( Is 5, 10). Le Sauveur donne une autre raison de l'inutilité de l'avarice: «Dans l'abondance même, la vie d'un homme ne dépend pas des biens qu'il possède».
Cet homme veut préoccuper du souci de diviser la terre le Maître qui est venu nous inspirer le goût des joies et de la paix du ciel; aussi est-ce avec raison que Notre-Seigneur lui donne le nom d'homme; dans le même sens que ces autres paroles: «Puisqu'il y a parmi vous des jalousies et des contentions, n'est-il pas visible que vous êtes charnels, et que vous vous conduisez comme des hommes».
Notre-Seigneur profite de l'occasion de cette demande inconsidérée pour prémunir par des préceptes et des exemples, la foule et ses disciples, contre le fléau contagieux de l'avarice: «Et s'adressant à tous ceux qui étaient présents, il leur dit: «Gardez-vous avec soin de toute avarice».Remarquez ces paroles: «De toute avarice», parce que bien des actions ont une apparence de droiture, mais leur intention vicieuse n'échappe pas à l'oeil pénétrant du juge intérieur.
Ces deux frères se disputaient pour diviser l'héritage paternel, il fallait donc que l'un cherchât à frauder l'autre. Or, le Sauveur, voulant nous appendre à ne point abaisser notre esprit jusqu'aux choses de la terre, rejette la demande de celui qui l'appelait à diviser cet héritage: «Mais Jésus lui répondit: Homme, qui m'a établi pour vous juger ou pour faire vos partages ?»
Il condamne ici les vains prétextes des avares, qu'on voit entasser des richesses, comme s'ils devaient toujours vivre. Mais l'opulence peut-elle prolonger votre vie? Pourquoi donc vous dévouer à des inquiétudes certaines pour un repos qui n'est rien moins que certain? Car il est bien douteux que vous atteigniez la vieillesse pour laquelle vous amassez des trésors.
Puis il leur dit : C'est-à-dire à tous ceux
qui l'entouraient alors. Cfr. v. 1. « A l’occasion de ce demandeur stupide, il s’est efforcé de prémunir les
foules et les disciples, par des préceptes et des exemples, contre cette peste de l’avarice », V. Bède, h. l. -
Voyez, et gardez-vous de toute avarice. L'adjectif « toute » manque dans la Recepta ; mais son authenticité
est garantie par de nombreux manuscrits (A, B, D, K, L, M, Q, R, U, X, etc.) et par plusieurs versions (Syr.,
Itala). Le motif allégué par Jésus, car un homme fût-il dans l'abondance…, est un peu obscur dans
l'expression ; mais, comme le dit fort bien Maldonat, « Les paroles sont plus difficiles à comprendre que ne
l’est le sens lui-même. Car le sens en est très clair, et tous les docteurs conviennent que la vie de l’homme ne
consiste pas du tout dans l’abondance des richesses ». Non, la vie d'un homme ne consiste pas dans
l'abondance des biens qu'il possède ! L'opulence ne fait pas vivre une minute de plus ; elle n'est pas une
condition essentielle de l'existence humaine, ni du bonheur humain.