Luc 12, 19
Alors je me dirai à moi-même : Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition, pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.”
Alors je me dirai à moi-même : Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition, pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.”
Après avoir cherché pendant quelque temps d'une manière anxieuse, il arrive enfin à une solution qu'il a tout
lieu de croire excellente. Ses greniers sont trop étroits, qu'importe ? Il les détruira, et il en construira de plus
vastes, capables de contenir ses splendides récoltes. Et que dira-t-il à sa pauvre âme, qu'il n'envisage pas ici
comme la partie supérieure de son être, mais comme le siège des plaisirs et le centre des jouissances ? Il lui
tiendra un langage d'Épicurien : Tu as beaucoup de biens en réserve pour de nombreuses années. Il se délecte
dans cette pensée ; mais quelle erreur est la sienne : Un païen va lui faire la leçon : « Une chose appartient à quelqu’un. En une seconde soit par la demande, soit par la vente, soit par la
violence ou la mort, elle change de propriétaire, et ses droits sont cédés à d’autres », Horat. Ep. 2, 2, 171.
On dirait qu'il veut copier les sentiments et les paroles de cet autre riche que le livre de l'Ecclésiastique, 11,
18 et 19, signale pour le condamner : « Tel s’enrichit à force d’être économe et regardant, mais voici ce qu’il
y gagne : Quand il dit : « Enfin le repos ! Maintenant je vais jouir de mes biens », il ignore combien de temps
cela va durer : il devra laisser ses biens à d’autres et mourra ». - Repose-toi, mange, bois, fais bonne chère.
Quelle émotion, quelle rapidité, dans cette dernière ligne du soliloque ! Le malheureux semble jouir déjà par
avance. Mais il ne jouira pas longtemps, bien qu' « il avait escompté de longues périodes de sécurité »,
Tertullien.