Luc 13, 14

Alors le chef de la synagogue, indigné de voir Jésus faire une guérison le jour du sabbat, prit la parole et dit à la foule : « Il y a six jours pour travailler ; venez donc vous faire guérir ces jours-là, et non pas le jour du sabbat. »

Alors le chef de la synagogue, indigné de voir Jésus faire une guérison le jour du sabbat, prit la parole et dit à la foule : « Il y a six jours pour travailler ; venez donc vous faire guérir ces jours-là, et non pas le jour du sabbat. »
Louis-Claude Fillion
La scène change subitement. Des paroles de colère, d'indignation interrompent bruyamment celles de l'action de grâces, et c'est le président de l'assemblée qui les profère. Et pourquoi donc cet homme s'indigne-t-il ? Parce que Jésus avait opéré cette guérison un jour de sabbat : Voilà tout son motif ! « C’est bien fait pour eux de se scandaliser qu’elle ait été redressée, eux qui étaient courbés », S. Augustin, l. c. Esclave, comme tant d'autres, de traditions insensées, il prenait pour une œuvre servile l'acte que Jésus venait d'accomplir. Les Rabbins n'enseignent-ils pas que, s'il est permis à un médecin de soigner en un jour de sabbat une maladie subite et dangereuse, il est absolument interdit de traiter une infirmité chronique ? Toutefois, le chef de la synagogue n'ose interpeller directement Notre-Seigneur : c'est sur la foule innocente, dont il sait n'avoir rien à redouter, que retombent tout d'abord ses amers reproches. Mais, comme le font remarquer les exégètes, quelles inconséquences, quel ridicule, dans son langage dicté par un zèle aveugle et par la haine ! La remontrance commence pourtant par une phrase qui est presque une citation littérale de la Loi : Il y a six jours pendant lesquels on doit travailler. Cfr. Ex. 20, 9, 10 ; Deut. 5, 15 et ss. Mais elle s'achève de la façon la plus étrange : Venez-donc en ces jours-là, et faites-vous guérir. Qu'est-ce que cela veut dire ? La malade avait-elle donc demandé sa guérison ? Et, alors même qu'elle l'eût demandée, et que Jésus eût été coupable en l'accordant, où était la faute du peuple, qui avait simplement joué le rôle de témoin ? Un malade à qui le Sauveur offrait miraculeusement la santé devait-il la refuser, si c'était le sabbat ? M. Farrar l'a dit à bon droit (Life of Jesus, 23è éd., t. 2, p. 115), « la série entière des Évangiles ne fournit pas d'autres exemples d'une ingérence aussi illogique, ou d'une sottise aussi incurable ». Cela rappelle la conduite de ce pilote juif qui lâcha tout à coup le gouvernail au beau milieu d'une tempête, parce que le jour du sabbat venait de commencer !