Luc 13, 15
Le Seigneur lui répliqua : « Hypocrites ! Chacun de vous, le jour du sabbat, ne détache-t-il pas de la mangeoire son bœuf ou son âne pour le mener boire ?
Le Seigneur lui répliqua : « Hypocrites ! Chacun de vous, le jour du sabbat, ne détache-t-il pas de la mangeoire son bœuf ou son âne pour le mener boire ?
Le Seigneur
s'indigne à son tour, réprouve à juste titre de pareils procédés. Quelle force dans l'apostrophe : Hypocrites,
par laquelle il lève le masque de religion sous lequel s'abritait le dépit de ses adversaires ! Elle s'adresse à
tous ceux des membres de l'assistance (et ils étaient assez nombreux, d'après le v. 17) qui partageaient les
sentiments du chef de la synagogue. Quelle vigueur aussi dans la courte apologie qui suit ! Elle se compose
de deux parties : il montre en v. 15 que ses adversaires ne sont pas cohérents avec leurs principes, et conclut
« a fortiori » en v. 16. - Est-ce que chacun de vous… Êtes vous donc si rigoureux quand vos intérêts
matériels sont en cause ? Hésitez-vous alors à vous livrer à des occupations qui constituent un véritable travail ? Et vous réprouvez en moi une parole et un geste ? On trouve formellement exprimée dans le Talmud
la coutume que mentionne ici Notre-Seigneur. « Non seulement il est permis d’aller conduire à l’eau un
animal le sabbat, mais même de puiser de l’eau pour lui, de façon cependant (étrange distinction où se
trouve tout le caractère pharisaïque) à ce que la bête se rende à l’eau elle-même et boive, mais non que l’eau
soit apportée à la bête », Tr. Erubhin, f. 20, 2. Mais, si l'on était si respectueux pour le repos du sabbat, que
n'apportait-on dès la veille une provision d'eau dans l'étable ? Nous visitions un jour, en compagnie d'un ami,
le cimetière juif de la ville de Lyon. Nous n'avions pas fait attention que c'était un samedi. Accueillis par la
concierge avec une répugnance visible, nous reçûmes au départ ce petit avertissement : Messieurs, vous
pourrez revenir tant que vous le voudrez, mais pas le samedi, pas le samedi ! Le samedi n'avait pas empêché
le fossoyeur d'arroser auprès de nous, une heure durant, des fleurs peu altérées. Rien n'a changé ! - Voyez
dans S. Matthieu, 12, 11, un raisonnement du même genre, quoique présenté sous une autre forme.
Allant plus loin, Jésus accomplit la Loi sur la pureté des aliments, si importante dans la vie quotidienne juive, en dévoilant son sens " pédagogique " (cf. Ga 3, 24) par une interprétation divine : " Rien de ce qui pénètre du dehors dans l’homme ne peut le souiller (...) – ainsi il déclarait purs tous les aliments. Ce qui sort de l’homme, voilà ce qui souille l’homme. Car c’est du dedans, du cœur des hommes que sortent les desseins pervers " (Mc 7, 18-21). En délivrant avec autorité divine l’interprétation définitive de la Loi, Jésus s’est trouvé affronté à certains docteurs de la Loi qui ne recevaient pas son interprétation de la Loi garantie pourtant par les signes divins qui l’accompagnaient (cf. Jn 5, 36 ; 10, 25. 37-38 ; 12, 37). Ceci vaut particulièrement pour la question du sabbat : Jésus rappelle, souvent avec des arguments rabbiniques (cf. Mc 2, 25-27 ; Jn 7, 22-24), que le repos du sabbat n’est pas troublé par le service de Dieu (cf. Mt 12, 5 ; Nb 28, 9) ou du prochain (cf. Lc 13, 15-16 ; 14, 3-4) qu’accomplissent ses guérisons.