Luc 13, 2
Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ?
Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ?
Sans porter aucun jugement sur la
conduite de Pilate, Jésus, demeurant dans son rôle spirituel, profite de cette lugubre nouvelle pour exhorter à
la pénitence tous ceux qui l'entouraient. Il a divinement compris et mis à nu la secrète pensée des narrateurs.
Rattachant leur récit à ses dernières paroles, 12, 57-59, ils l'avaient donné en réalité comme une preuve que
les malheureux Galiléens tombés sous les glaives romains dans l'enceinte même du temple, bien plus, tout
près de l'autel, tandis qu'ils accomplissaient l'acte le plus auguste de la religion, devaient être
exceptionnellement coupables, puisque leurs sacrifices, au lieu d'attirer sur eux les grâces du Seigneur,
semblaient avoir au contraire provoqué ses vengeances. Telle était bien d'ailleurs la manière de voir
habituelle de l'Orient (cfr. Job, 4, 7), et particulièrement des Juifs (cfr. Joan. 9, 2 et le commentaire) : les
grands malheurs étaient toujours censés arriver à la suite de grands péchés. Jésus affirme avec énergie qu'un
pareil jugement est souvent injuste, qu'il l'est du moins dans le cas actuel. Non, ceux de ses compatriotes qui
venaient d'éprouver une fin si lamentable n'étaient pas pires que les autres Galiléens. Sans doute il existe,
toute la Bible en fait foi, une relation étroite entre le mal physique et le mal moral, car il est bien certain que
toutes nos souffrances viennent du péché. Mais il serait faux de prétendre qu'un malheur individuel est
infailliblement le signe d'un crime individuel, qu'un homme châtié en ce monde est, pour ce seul motif, plus
coupable que ceux qui vivent heureux autour de lui. Après avoir renversé d'un mot ce triste préjugé,
Notre-Seigneur écarte ses questions stériles pour attirer, selon sa coutume, l'attention de ses auditeurs sur des
considérations pratiques, personnelles, de la dernière importance : Si vous ne faites pénitence, vous périrez
tous pareillement. Tous est emphatique : Tous sans exception ! Pareillement : aussi misérablement que ceux
dont vous venez de raconter la mort. Rentrez donc en vous-mêmes, en face d'une telle calamité ; profitez de
la leçon qu'elle vous donne : sinon, c'est le glaive de Dieu, et pas seulement celui de Pilate, qui fera de vous
un massacre épouvantable. L'avertissement était en même temps une prophétie, comme le disent à l'envi les
commentateurs. Parce que les Juifs ne firent pas pénitence à la voix de Jésus, ils périrent par millions durant
la guerre avec Rome, en Galilée, dans toute la Palestine, à Jérusalem, et jusque dans le temple.