Luc 13, 21

Il est comparable au levain qu’une femme a pris et enfoui dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. »

Il est comparable au levain qu’une femme a pris et enfoui dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. »
Eusèbe de Césarée
Ou bien dans un autre sens, le levain c'est l'Esprit saint, qui est comme la vertu qui procède de son principe, c'est-à-dire du Verbe de Dieu; les trois mesures de farine signifient la connaissance du Père, du Fils et du Saint-Esprit, que donne cette femme, c'est-à-dire, la divine sagesse et l'Esprit saint.
Saint Ambroise
Dans un autre endroit, le grain de sénevé est comparé à la foi ( Mt 17,19 ). Si donc le royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé, et que la foi elle-même soit figurée par ce grain de sénevé, la foi est donc le royaume des cieux qui est au dedans de nous ( Lc 17). Le grain de sénevé est très-commun et sans beaucoup de valeur, mais aussitôt qu'il est broyé il répand sa force; ainsi la foi elle-même paraît au premier abord sans valeur, mais si elle est aussi broyée par les souffrances, elle répand la grâce de sa force. Les martyrs sont des grains de sénevé, ils avaient en eux-mêmes le parfum odoriférant de la foi, mais elle était cachée. La persécution est venue, ils ont été brisés par le glaive et ont répandu jusqu'aux extrémités du monde la semence de leur martyre. Notre-Seigneur lui-même est un grain de sénevé. Il a voulu être broyé, afin que nous puissions dire: «Nous sommes la bonne odeur de Jésus-Christ». ( 2Co 2 ). Il a voulu être semé comme le grain de sénevé, qu'un homme prend et sème dans son jardin, car c'est dans un jardin que Jésus-Christ a été fait prisonnier et qu'il a été enseveli; c'est là aussi qu'il est ressuscité et qu'il est devenu un grand arbre, comm e il le dit lui-même: «Il crût et devint un grand arbre». Notre-Seigneur, en effet, est le grain de sénevé lorsqu'il est enseveli dans la terre, mais il devient un grand arbre lorsqu'il s'élève dans les cieux. Il est aussi cet arbre qui couvre le monde de son ombrage: «Et les oiseaux du ciel se reposèrent dans ses rameaux», c'est-à-dire, les puissances des cieux, et tous ceux qui, par leurs oeuvres spirituelles, ont le privilège de prendre leur essor au-dessus de la terre, Pierre et Paul sont les rameaux de cet arbre, et nous qui étions loin ( Ep 2, 13), nous nous envolons sur les ailes des vertus dans les retraites cachées de ces branches à travers les profondeurs des controverses. Semez donc Jésus-Christ dans votre jardin, un jardin est un lieu parsemé de fleurs; que vos oeuvres soient donc les fleurs de ce jardin, et qu'elles y exhalent les parfums variés des vertus chrétiennes. Jésus-Christ se trouve là où la semence produit des fruits.

D'après le plus grand nombre des interprètes, ce levain est la figure de Jésus-Christ, parce que de même que le levain qui est un composé de farine, est supérieur à cette matière première, non par sa nature, mais par la force dont il est doué; ainsi Jésus-Christ, par sa nature corporelle, était égal à ses ancêtres, mais leur était incomparablement supérieur par la dignité. Nous avons donc une figure de l'Église dans cette femme, dont il est dit «Qu'une femme prend, et mêle dans trois setiers de farine, jusqu'à ce que le tout soit fermenté».

C'est nous qui sommes la farine de cette femme, qui dépose Notre-Seigneur Jésus-Christ dans l'intérieur de notre âme, jusqu'à ce que la chaleur de la sagesse céleste anime et soulève les sentiments les plus intimes de notre coeur. Comme ce levain se trouve ici mêlé dans trois mesures de farine, on a été conduit à y voir le Fils de Dieu caché dans la loi, voilé dans les prophètes et accompli dans la prédication évangélique; cependant j'aime mieux suivre le sentiment indiqué par Notre-Seigneur lui-même, que ce levain est la doctrine spirituelle de l'Eglise. Lorsque l'homme a pris une nouvelle naissance dans son corps, dans son âme et dans son esprit, l'Église le sanctifie par le levain spirituel, quand ces trois facultés sont unies ensemble par une certaine égalité de désirs, et qu'elles aspirent ensemble aux mêmes jouissances. Si donc ces trois mesures demeurent unies au levain en cette vie, jusqu'à ce qu'elles fermentent et ne fassent plus qu'un, cette union sera un jour suivie par ceux qui aiment Jésus-Christ d'une communion éternelle et incorruptible.
Saint Augustin
Ou bien encore, ces trois mesures de farine figurent le genre humain, qui a été reproduit par les trois enfants de Noé, et la femme qui mêle et cache le levain, c'est la sagesse de Dieu.
Saint Cyrille d'Alexandrie
Ou bien encore, le royaume de Dieu, c'est l'Évangile qui nous donne le droit d'aspirer à régner un jour avec Jésus-Christ. Le grain de sénevé est plus petit que toutes les autres semences, mais il prend ensuite de si grands développements qu'il reçoit sous ses ombrages une multitude d'oiseaux; ainsi la doctrine du salut peu répandue dans le commencement, a pris ensuite les plus grands accroissements.
Saint Bède le Vénérable
Le setier est une mesure en usage dans la Palestine et qui contient un boisseau et demi.

Cet homme, dont il est ici parlé, c'est Jésus-Christ, le jardin, c'est l'Église, qui doit être cultivée par ses enseignements. Cet homme a reçu cette semence, dit le Sauveur, parce qu'il a reçu avec nous comme homme les dons dont il est avec son Père la source en tant que Dieu. La prédication de l'Évangile, répandue par tout l'univers, a pris successivement des développements prodigieux, elle se développe aussi progressivement dans l'âme de chaque fidèle, car personne n'arrive tout d'un coup à la perfection, mais il croit et s'élève, non pas comme les plantes qui se dessèchent si vite, mais à la manière des arbres. Les rameaux de cet arbre sont les divers dogmes dans lesquels les âmes chastes, prenant leur essor sur les ailes des vertus, viennent faire leur nid et trouver un doux lieu de repos.

Ou bien encore, ce levain c'est l'amour de Dieu, qui fait fermenter et soulève l'âme. Cette femme, c'est-à-dire, l'Église, mêle donc le levain de l'amour de Dieu dans trois mesures, parce qu'elle nous ordonne d'aimer Dieu de tout notre coeur, de toute notre âme, de toutes nos forces, et cela jusqu'à ce que le tout ait fermenté, c'est-à-dire, jusqu'à ce que la charité ait opéré dans l'âme une parfaite transformation d'amour, ce qu'elle commence ici-bas, mais qui ne s'achève que dans la vie future.
La Glose
Après avoir couvert ses ennemis de confusion et comblé le peuple de joie par, les oeuvres glorieuses qu'il opérait, Jésus leur découvre le progrès de l'Évangile sous le voile de plusieurs paraboles: «Il disait encore: A quoi est semblable le royaume de Dieu, et à quoi le comparerai-je? Il est semblable à un grain de sénevé», etc.
Saint Théophylacte d'Ohrid
Ou bien encore, tout homme qui prend ce grain de sénevé, c'est-à-dire, la doctrine de l'Évangile, et la sème dans le jardin de son âme, produit un grand arbre qui étend ses rameaux, et les oiseaux du ciel, c'est-à-dire, ceux qui s'élèvent au-dessus des choses de la terre, viennent se reposer dans ses branches, c'est-à-dire, dans les magnifiques développements des vérités chrétiennes. C'est ainsi que Paul reçut les premières leçons d'Ananie comme un grain de sénevé ( Ac 9 ), mais il le sema dans le jardin de son âme, et lui fit produire de nombreux et utiles enseignements où viennent habiter ceux qui ont l'intelligence élevée, comme Denis, Hiérothée, et beaucoup d'autres. Notre-Seigneur compare ensuite le royaume de Dieu au levain: «Et il dit encore: A quoi comparerai-je le royaume de Dieu? il est semblable à du levain qu'une femme prend», etc.

Dans cette femme, on peut encore voir l'âme humaine, et dans les trois mesures les trois parties, la partie raisonnable, la partie irascible et la partie concupiscible. Si donc un chrétien dépose et cache le Verbe de Dieu dans ces trois mesures, elles ne formeront plus qu'un seul tout spirituel, de manière que la raison ne soit plus en opposition avec les divins enseignements) que la colère et la concupiscence ne s'emportent plus à aucun excès, mais se conforment à la parole du Verbe.
Louis-Claude Fillion
La parabole du grain de sénevé exprimait la puissance d'expansion dont jouit la doctrine évangélique, le développement extérieur du royaume de Dieu ; dans celle-ci il s'agit d'un développement intime, d'une puissance de transformation. Et en effet, le levain de l'Évangile a tout envahi : la vie de famille, la politique, les sciences, les arts ; rien n'échappe à son influence. Ceux-là même en vivent qui prétendent s'y soustraire. Voyez d'ailleurs notre explication du passage parallèle de S. Matthieu. Les deux rédactions sont tout à fait identiques dans le texte original.
Fulcran Vigouroux
Trois mesures de farine, trois sata, près de 39 litres.