Luc 13, 7
Il dit alors à son vigneron : “Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?”
Il dit alors à son vigneron : “Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?”
Le propriétaire,
trompé dans son attente, se plaint avec une certaine amertume, et bien légitimement du reste, car c'était déjà
la troisième fois qu'il était ainsi frustré. Un bon arbre demeurerait-il si longtemps stérile ? Au moral, et dans
l'application de la parabole, ces trois années ont été interprétées de bien des manières. « Quelques Pères les
entendent des trois états sous lesquels les hommes ont vécu : sous la loi naturelle, depuis le commencement
du monde jusqu'à Moïse ; sous la loi écrite, depuis Moïse jusqu'à Jésus-Christ ; sous la loi évangélique,
depuis Jésus-Christ jusqu'à la fin du monde (S. Ambroise, S. Augustin, S. Grégoire). D'autres les entendent
du triple gouvernement qui s'est vu sous les Juifs : le gouvernement des juges, depuis Josué jusqu'à Israël ; le
gouvernement des rois, depuis Saül jusqu'à la captivité de Babylone, et le gouvernement des grands-prêtres,
depuis la captivité jusqu'à Jésus-Christ. D'autres (Théophylacte), des trois âges de l'homme : l'enfance, l'âge
viril et la vieillesse. D'autres enfin, des trois années de la prédication de Jésus-Christ ». D. Calmet. Wieseler
(Chronolog. Synopse der vier Evang. p. 202 et ss ; Beitraege zur richtig. Erklaerung der Evang., p. 165 et ss.)
s'est distingué de nos jours parmi les défenseurs de cette dernière opinion. Cfr. Olshausen, h. l. Nous nous
permettrons de dire à la suite de l'illustre exégète lorrain que « ces explications sont toutes arbitraires », car
les trois années « marquent simplement que Dieu a donné aux Juifs tout le temps et tous les moyens
convenables, pour les mettre hors d'excuse ». Il ne faut donc pas trop appuyer sur ce détail. Si l'on insistait
pour entendre ces trois ans d'une manière strictement chronologique et pour y voir une allusion au ministère
public de Notre-Seigneur Jésus-Christ, nous répondrions que la quatrième année devrait aussi se prendre à la
lettre : or, il est certain qu'elle représente le délai de quarante années accordé aux Juifs entre la mort de Jésus
et la ruine de Jérusalem. - Après la plainte, la sentence : coupe-le donc. « Non seulement il n’est d’aucun
profit (le figuier), mais il dérobe l’eau que les ceps de vigne puisaient de la terre…et occupe de l’espace »,
Bengel. L'arbre est stérile ; de plus il nuit : double raison de le détruire. S. Grégoire en donne une excellente
paraphrase : « L’arbre infertile s’élève en hauteur, mais en dessous de lui, la terre demeure stérile ». De
même Corneille de Lapierre : « Il rend la terre inerte et stérile, tant par son ombre que par ses racines, par
lesquelles il enlève aux ceps de vigne voisins le suc de la terre » . Personne ici-bas n'est simplement inutile.
Quiconque ne fait pas le bien fait le mal, le prêtre plus que tout autre ! - Quoique terrible en vérité (« on
l'entend avec une très grande peur », S. Grégoire, Hom. 31 in Evang.), l'ordre du Seigneur, coupe cet arbre,
manifeste bien sa bonté paternelle, comme le faisaient observer les saints Pères. « C'est un trait particulier de
la clémence de Dieu envers les hommes, de ne pas lancer les châtiments en silence et secrètement, mais d'en
proclamer d'abord l'arrivée par des menaces, afin d'inviter ainsi les pécheurs au repentir », S. Basile (cité par
Trench, Notes on the Parables, 11è édit. p. 353). « S’il avait voulu condamner, il se serait tu. Personne
n’avertit quelqu’un de se mettre sur ses gardes quand il veut le frapper ». Selon l'antique adage, quand ils ont
la volonté arrêtée de sévir, « les Dieux s'approchent à pas feutrés » ; ils n'avertissent pas et s'approchent
doucement des coupables qu'ils veulent surprendre.