Luc 13, 9
Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.” »
Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.” »
Ne soyons donc pas nous-mêmes trop prompts à frapper, faisons prévaloir la miséricorde; ne coupons pas le figuier qui peut encore faire du fruit, et qui peut être guéri de sa stérilité par les soins d'un habile jardinier: «Le vigneron lui répondit: Seigneur, laissez-le encore cette année»,etc.
C'est le propre de la divine miséricorde, de ne pas infliger de punitions sans avertir, mais de faire toujours précéder les menaces, pour rappeler à la pénitence. C'est ainsi qu'il avait fait pour les Ninivites, et qu'il fait encore ici en disant au vigneron: «Coupez-le»; il le presse par là d'en prendre soin, et il excite cette âme stérile à produire les fruits qu'il a droit d'exiger d'elle.
La vigne du Dieu des armées est celle qu'il a livrée au prise aux nations. La comparaison de la synagogue avec le figuier est on ne peut plus juste; de même, en effet, que cet arbre se couvre de larges feuilles en abondance, et trompe l'espérance de son maître qui en attend inutilement beaucoup de fruits; ainsi la synagogue avec ses docteurs stériles en oeuvres, et fiers de leurs paroles pompeuses qui ressemblent aux feuilles du figuier est toute couverte des ombres d'une loi infructueuse. Le figuier est encore le seul arbre qui tout d'abord produit des fruits au lieu des fleurs, dont les premiers fruits tombent pour faire place à d'autres, et qui conserve cependant une partie des premiers fruits. C'est ainsi que le premier peuple qui était sous l'autorité de la synagogue est tombé comme un fruit inutile, afin que le nouveau peuple qui a formé l'Église sortit de la sève abondante de l'ancienne religion. Cependant les premiers d'entre les Israélites qui avaient été produits par un rameau d'une nature plus vigoureuse, à l'ombre de la loi et de la croix, dans le sein de l'une et de l'autre, nourris et colorés par cette double sève, et semblables aux premières figues qui arrivent à la maturité, l'ont emporté sur les autres par la richesse des plus beaux fruits; et c'est à eux qu'il est dit: «Vous serez assis sur douze trônes». Il en est cependant qui voient dans ce figuier la figure non de la synagogue, mais de la malice et de la perversité; leur interprétation ne diffère de la précédente qu'en ce qu'ils prennent le genre pour l'espèce.
Le Maître cherchait du fruit, non pas qu'il ignorât que le figuier n'en portait pas, mais pour montrer par cette figure, que la synagogue aurait dû produire des fruits. D'ailleurs la suite fait bien voir qu'il n'est pas venu avant le temps, lui qui est venu pendant trois années consécutives: «Et il dit au vigneron: Voici trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n'en trouve point. Il est venu aux jours d'Abraham, sous Moïse et au temps de Marie; c'est-à-dire dans le signe de la circoncision ( Gn 17, 11 ; Rm 4 , 11), dans la loi, et dans la chair qu'il a prise du sein de Marie, et nous reconnaissons son avènement à ses bienfaits, d'un côté la purification, de l'autre la sanctification, de l'autre enfin la justification. La circoncision purifiait, la loi sanctifiait, la grâce a justifié. Le peuple juif n'a donc pu ni être purifié, parce qu'il n'avait que la circoncision extérieure sans avoir la circoncision de l'esprit; ni être sanctifié, parce qu'il ignorait la vertu de la loi, et qu'il était bien plus fidèle aux formalités extérieures qu'aux prescriptions spirituelles; ni être justifié, parce que ne faisant aucune pénitence de ses péchés, il ne connaissait pas la grâce de Dieu. Il était donc impossible de trouver des fruits dans la synago gue, aussi commande-t-il, qu'elle soit retranchée: «Coupez-le donc, pourquoi occupe-t-il encore la terre ?» Cependant le bon vigneron, (peut-être celui sur lequel a été bâtie l'Église), présageant qu'un autre irait évangéliser les Gentils, tandis que lui-même serait envoyé au peuple de la circoncision, intervient dans un sentiment de charité chrétienne pour prier qu'il ne soit point coupé, parce qu'il puise dans sa vocation la confiance que le peuple juif pourra aussi être sauvé par l'Eglise: «Le vigneron lui répondit: Seigneur, laissez-le encore cette année». Il reconnut aussitôt que c'était la dureté et l'orgueil des Juifs qui étaient la cause de leur stérilité. Il sait donc comment il faut les cultiver, parce qu'il sait les reprendre de leurs vices: «Je creuserai tout autour». Il promet de labourer profondément leurs coeurs si durs avec la bêche apostolique, afin que la racine de la sagesse ne soit ni étouffée ni cachée sous un amas de terre: «Et je mettrai du fumier», c'est-à-dire le sentiment de l'humilité qui peut faire produire aux Juifs eux-mêmes des fruits dignes de l'Évangile de Jésus-Christ. Aussi ajoute-t-il: «Alors s'il porte du fruit, à la bonne heure, (c'est-à-dire ce sera bien), sinon vous le couperez».
Les Juifs tiraient vanité de ce que dix-huit d'entre eux ayant péri, tous avaient été préservés, c'est pour cela que Notre-seigneur leur propose cette parabole du figuier: «Il leur dit encore cette parabole: Un homme avait un figuier planté dans sa vigne».
Ou bien encore, ce figuier c'est le genre humain; car lorsque le premier homme eut péché, il prit des feuilles de fi guier pour couvrir sa nudité, c'est-à-dire les membres dont nous sommes nés.
«Sinon, vous le couperez»,c'est-à-dire lorsque vous viendrez au jour du jugement pour juger les vivants et les morts, jusque-là, le figuier est épargné.
Ou bien encore, le cultivateur qui intercède, c'est toute âme sainte qui, dans le sein de l'Église, prie pour ceux qui sont hors de l'Église en disant à Dieu: «Seigneur, laissez-le encore cette année (c'est-à-dire dans ce temps de grâce), jusqu'à ce que je creuse tout autour». Creuser autour, c'est enseigner l'humilité et la patience, car une terre creusée est déprimée; le fumier (il faut l'entendre dans un bon sens), c'est de l'ordure, mais il aide à produire des fruits. Le fumier du cultivateur, c'est la douleur du pécheur. Ceux qui font pénitence, paraissent sous des dehors négligés, et agissent en cela selon la vérité.
Le cultivateur de la vigne représente l'ordre des supérieurs qui sont placés à la tête de l'Église, pour prendre soin de la vigne du Seigneur.
Celui donc qui ne veut pas écouter ces menaces pour revenir à la vie et à la fécondité, tombe dans un état dont il lui est impossible de se relever par la pénitence.
Le Seigneur est venu trois fois à ce figuier, parce qu'il a cherché le fruit que produirait le genre humain avant la loi, sous la loi, et sous la grâce, (en l'attendant, en l'avertissant, en le visitant). Et cependant il se plaint de ce que pendant trois années consécutives, il n'a point trouvé de fruit, parce que certains esprits dépravés n'ont pu être corrigés par la loi naturelle gravée dans leurs coeurs, ni instruits par les préceptes de la loi, ni convertis par les miracles de l'incarnation.
C'est avec un grand sentiment de crainte qu'il faut entendre ces paroles: «Coupez-le, pourquoi occupe-t-il inutilement la terre ?» Tout homme, en effet, à sa manière, et en tant qu'il tient une place dans cette vie, occupe inutilement la terre comme un arbre infructueux, s'il ne peut présenter les fruits de ses bonnes oeuvres; parce qu'en effet, dans la place qu'il occupe, il est un obstacle au bien que d'autres pourraient produire.
Ou bien encore, ce sont les péchés de la chair qui sont appelés du fumier, ainsi c'est du fumier qu'il tire sa vie et sa fécondité, parce que c'est la considération du péché qui ressuscite l'âme à la vie des bonnes oeuvres. Mais la plupart entendent ces menaces, et refusent cependant de faire pénitence, c'est pour cela que le cultivateur ajoute: «S'il porte du fruit, à la bonne heure».
Or, le Seigneur qui avait daigné naître et se manifester dans une chair sensible, avait par ses fréquents enseignements dans la synagogue cherché le fruit de la foi et ne l'avait pas trouvé dans le coeur des pharisiens: «Il vint pour y chercher du fruit, et il n'en trouva point».
C'est ce qui s'accomplit, lorsque les Romains détruisirent la nation juive, et la chassèrent de la terre promise.
On suggère d'utiliser comme homélie le texte figurant comme seconde lecture dans le Livre des jours ou la Liturgie des Heures, et de prendre comme seconde lecture le texte qui est donné ici.
Tout péché non regretté et non avoué est une blessure mortelle, comme aussi de tomber dans le désespoir, ce qui dépend de notre liberté et de notre volonté. Car, si nous ne nous abandonnons pas au gouffre du laisser-aller et du désespoir, les démons ne pourront absolument rien contre nous. Même après avoir été blessés, nous devenons plus courageux et plus expérimentés, si nous le voulons, par un fervent repentir.
Nous garder de toute blessure ne dépend pas de nous, mais il dépend de nous d'être immortels ou mortels. En effet, si nous ne désespérons pas, nous ne mourrons pas, la mort n'aura sur nous aucun pouvoir; mais nous serons toujours puissants si nous nous réfugions par le repentir auprès de notre Dieu, le tout-puissant et l'ami des hommes.
C'est pourquoi je m'exhorte moi-même, et vous tous avec moi, à manifester par nos bonnes actions tout notre zèle, tout notre courage, par la constance et l'endurance. Alors, poursuivant notre route selon tous les commandements et toutes les prescriptions du Christ, dans la ferveur de notre âme, nous parviendrons aux demeures éternelles sous la conduite de l'Esprit Saint, et nous serons reconnus dignes de nous tenir debout devant l'unique et indivisible Trinité, et de l'adorer dans ce même Christ, notre Dieu. A lui la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen.
Tout péché non regretté et non avoué est une blessure mortelle, comme aussi de tomber dans le désespoir, ce qui dépend de notre liberté et de notre volonté. Car, si nous ne nous abandonnons pas au gouffre du laisser-aller et du désespoir, les démons ne pourront absolument rien contre nous. Même après avoir été blessés, nous devenons plus courageux et plus expérimentés, si nous le voulons, par un fervent repentir.
Nous garder de toute blessure ne dépend pas de nous, mais il dépend de nous d'être immortels ou mortels. En effet, si nous ne désespérons pas, nous ne mourrons pas, la mort n'aura sur nous aucun pouvoir; mais nous serons toujours puissants si nous nous réfugions par le repentir auprès de notre Dieu, le tout-puissant et l'ami des hommes.
C'est pourquoi je m'exhorte moi-même, et vous tous avec moi, à manifester par nos bonnes actions tout notre zèle, tout notre courage, par la constance et l'endurance. Alors, poursuivant notre route selon tous les commandements et toutes les prescriptions du Christ, dans la ferveur de notre âme, nous parviendrons aux demeures éternelles sous la conduite de l'Esprit Saint, et nous serons reconnus dignes de nous tenir debout devant l'unique et indivisible Trinité, et de l'adorer dans ce même Christ, notre Dieu. A lui la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen.
Par trois fois notre nature a refusé de donner le fruit qui lui est demandé; dans le paradis lorsque dans la personne de nos premiers parents nous avons désobéi au commandement de Dieu, en second lieu, lorsque les Israélites adorèrent le veau d'or qu'ils avaient fabriqué ( Ex 32), troisièmement, lorsqu'ils renièrent le Sauveur. Ces trois ans peuvent encore figurer les trois âges de la vie; l'enfance, la virilité et la vieillesse.
Ou bien le père de famille, c'est Dieu le Père; le cultivateur, c'est Jésus-Christ qui ne permet pas que l'on coupe le figuier stérile, et qui semble dire à son Père: Ni la loi, ni les prophètes n'ont pu leur faire produire des fruits de pénitence, cependant je les arroserai de mes souffrances et de mes enseignements, peut-être alors ils produiront des fruits d'obéissance.
Ces moyens
extraordinaires une fois pris, une double alternative devra se présenter. Ou le figuier portera des fruits, et
alors on le laissera vivre ; ou il persévérera dans son état d'infécondité, et dans ce cas le propriétaire n'aura
qu'à exécuter son premier dessein. Ce sort sera si parfaitement mérité, que la voix même de l'amour
renoncera cette fois à l'écarter (Stier). - La phrase reste ensuite suspendue. Le maître de la vigne ne fait aucune réponse, comme s'il ne voulait pas s'engager à exaucer la demande du vigneron. La parabole se
termine ainsi d'une façon brusque, menaçante. Il est néanmoins dans l'esprit de cet intéressant petit drame de
supposer que la prière fut agréée. - La leçon, nous l'avons dit, s'adresse directement et principalement à
Israël ; mais on peut aussi l'appliquer à tous les hommes. « Ce qui est dit des Juifs sert de mise en garde pour
tous, je le crains fort, et surtout pour nous : pour que, vides de mérites, nous n’occupions pas un lieu fécond
de l’église, nous qui, ayant été bénis, devons, comme la grenade, produire des fruits intérieurs, fruits de
pudeur…fruits d’amour et de charité mutuelle, contenus comme nous sommes dans un seul et même utérus,
celui de notre mère l’église, de peur que le vent ne nuise à la récolte, que la grêle ne la détruise, que la
canicule de la cupidité ne la consume, que les orages de nos passions ne la saccagent », S. Ambroise, Exp. in
Luc, 7, 171. Il y a bien réellement, dans cette parabole, l'histoire de la conduite tout aimable de Dieu à l'égard
de chaque pécheur. Il supporte, il patiente, il soigne jusqu'à la dernière extrémité : il ne châtie finalement que
lorsque tout espoir de conversion a disparu. S. Grégoire de Nazianze (ap. Cat. D. Thom.) veut que nous
imitions la divine longanimité : « Ne soyons jamais prompts à frapper, mais prévenons par la miséricorde, de
peur de couper un figuier qui peut encore produire des fruits, et qui peut-être serait guéri par les soins d'un
cultivateur habile ». - Nous ne pouvons nous empêcher de citer ici tout au long, d'après Rosenmüller, Das
alte u. neue Morgenland, t. 5, p. 187, la recette suivante qui est employée parfois en Arabie pour rendre la
fertilité aux palmiers stériles. « Prenez une hache, et allez auprès de l'arbre avec un ami auquel vous tiendrez
ce langage : Je vais couper ce palmier, car il ne porte pas de fruits. L'ami répondra : Ne le faites pas ; cette
année il aura certainement des fruits. Le premier devra répliquer : c'est nécessaire, il faut que je l'abatte ; et il
frappera trois fois le tronc de l'arbre avec le dos de sa hache. Son ami le retiendra en disant : Non, ne l'abattez
pas ; vous aurez certainement des fruits de lui cette année. Prenez patience une fois encore, ne vous hâtez pas
trop de le couper. La même année, l'arbre deviendra nécessairement fertile, et il fournira une récolte
abondante ». Quelle analogie gracieuse avec notre parabole !
« Le maître de la vigne, c’est Dieu ; le figuier, c’est le peuple d’Israël, qui n’a porté d’autre fruit que des pratiques extérieures, semblables à un vain feuillage. Moïse, les prophètes, le Messie sont venus à lui tour à tour. Après la mort de Jésus, quarante ans lui ont été donnés pour faire pénitence. Les Juifs ne se convertissant pas, Jérusalem fut détruite et tout le peuple dispersé parmi les nations, voir Luc, 21, 24. » (CRAMPON, 1885)