Luc 15, 11
Jésus dit encore : « Un homme avait deux fils.
Jésus dit encore : « Un homme avait deux fils.
Il dit encore : Petite formule de
transition pour amener la principale des trois paraboles. - Le récit nous introduit immédiatement au sein
d'une riche famille, composée d'un père et de ses deux fils déjà grands. Début fort simple d'une pièce
grandiose. Le père n'est autre que Dieu ; cela ressort évidemment du contexte. Mais il règne quelque
incertitude parmi les commentateurs relativement aux personnages dont les deux fils sont le type. « Il y en a
qui prétendent que le plus âgé de ces deux fils représente les anges. Le jeune homme, pour eux, est l’homme
qui s’est éloigné en parcourant un long chemin quand, du ciel et du paradis, il tomba sur la terre. Ce sens
provient de pieux sentiments; je doute cependant qu’il soit vrai », S. Jean Chrysostome, l. c. Nous verrons en
effet que le fils aîné n'a rien de bien angélique. Les Pères et les exégètes du moyen-âge ont vu assez
fréquemment dans les deux frères l'image des Gentils et des Juifs : des Gentils, d'abord séparés du vrai Dieu
et livrés à tous les égarements de leurs passions, mais plus tard généreusement convertis à la foi et à la vie
chrétienne ; des Juifs superbes, qui auraient voulu jouir seuls des privilèges du royaume messianique, et qui
préférèrent n'y avoir aucune part plutôt que de voir les païens en bénéficier aussi. Il est certain que les détails
de la parabole cadrent en général assez bien avec cette interprétation. Néanmoins, les meilleurs
commentateurs des temps modernes sont d'accord pour reconnaître qu'elle ne doit venir qu'en seconde ligne,
et que, directement, l'enfant prodigue représente les publicains et les pécheurs, tandis que son frère figure les
Pharisiens et les Scribes. L'introduction historique des vv. 1-3 et l'analogie des deux autres paraboles
indiquent en effet que la pensée première de Jésus, lorsqu'il retraçait ce drame admirable, était d'opposer la
conduite de ses orgueilleux adversaires à celle des pécheurs convertis qui se pressaient autour de sa personne
sacrée. Voyez les commentaires de Corneille de Lapierre, de Maldonat, de Fr. Luc, de Mgr. Mac Evilly, de
MM. Bisping, Crombez, Reischl, Dehaut, etc. Du reste, telle était déjà l'opinion de Tertullien, de S. Cyrille,
de Théophylacte, etc.
Jésus invite les pécheurs à la table du Royaume : " Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs " (Mc 2, 17 ; cf. 1 Tm 1, 15). Il les invite à la conversion sans laquelle on ne peut entrer dans le Royaume, mais il leur montre en parole et en acte la miséricorde sans bornes de son Père pour eux (cf. Lc 15, 11-32) et l’immense " joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent " (Lc 15, 7). La preuve suprême de cet amour sera le sacrifice de sa propre vie " en rémission des péchés " (Mt 26, 28).
Le mouvement de la conversion et de la pénitence a été merveilleusement décrit par Jésus dans la parabole dite " du fils prodigue " dont le centre est " le père miséricordieux " (Lc 15, 11-24) : la fascination d’une liberté illusoire, l’abandon de la maison paternelle ; la misère extrême dans laquelle le fils se trouve après avoir dilapidé sa fortune ; l’humiliation profonde de se voir obligé de paître des porcs, et pire encore, celle de désirer se nourrir des caroubes que mangeaient les cochons ; la réflexion sur les biens perdus ; le repentir et la décision de se déclarer coupable devant son père ; le chemin du retour ; l’accueil généreux par le père ; la joie du père : ce sont là des traits propres au processus de conversion. La belle robe, l’anneau et le banquet de fête sont des symboles de cette vie nouvelle, pure, digne, pleine de joie qu’est la vie de l’homme qui revient à Dieu et au sein de sa famille, qui est l’Église. Seul le cœur du Christ qui connaît les profondeurs de l’amour de son Père, a pu nous révéler l’abîme de sa miséricorde d’une manière si pleine de simplicité et de beauté.
La dignité de la personne humaine s’enracine dans sa création à l’image et à la ressemblance de Dieu (article 1) ; elle s’accomplit dans sa vocation à la béatitude divine (article 2). Il appartient à l’être humain de se porter librement à cet achèvement (article 3). Par ses actes délibérés (article 4), la personne humaine se conforme, ou non, au bien promis par Dieu et attesté par la conscience morale (article 5). Les êtres humains s’édifient eux-mêmes et grandissent de l’intérieur : ils font de toute leur vie sensible et spirituelle un matériau de leur croissance (article 6). Avec l’aide de la grâce ils grandissent dans la vertu (article 7), évitent le péché et s’ils l’ont commis, s’en remettent comme l’enfant prodigue (cf. Lc 15, 11-31) à la miséricorde de notre Père des Cieux (article 8). Ils accèdent ainsi à la perfection de la charité.
Dans une confiance audacieuse, nous avons commencé à prier notre Père. En le suppliant que son Nom soit sanctifié, nous lui avons demandé d’être toujours plus sanctifiés. Mais, bien que revêtus de la robe baptismale, nous ne cessons de pécher, de nous détourner de Dieu. Maintenant, dans cette nouvelle demande, nous revenons à lui, comme l’enfant prodigue (cf. Lc 15, 11-32), et nous nous reconnaissons pécheurs, devant lui, comme le publicain (cf. Lc 18, 13). Notre demande commence par une " confession " où nous confessons en même temps notre misère et sa Miséricorde. Notre espérance est ferme, puisque, dans son Fils, ‘’nous avons la rédemption, la rémission de nos péchés’’ (Col 1, 14 ; Ep 1, 7). Le signe efficace et indubitable de son pardon, nous le trouvons dans les sacrements de son Église (cf. Mt 26, 28 ; Jn 20, 23).