Luc 15, 3
Alors Jésus leur dit cette parabole :
Alors Jésus leur dit cette parabole :
Jésus daigna répondre à l'odieuse accusation qu'il
avait surprise sur les lèvre de ses adversaires, et, pour se justifier de recevoir les pécheurs, il exposa
successivement les trois paraboles de la brebis perdue, de la drachme retrouvée, et de l'enfant prodigue, qui
cadrent si bien avec le plan du troisième Évangile. - Cette parabole, au singulier, ne retombe peut-être que
sur la première parabole ; mais rien n'empêche que cette expression ne désigne à la fois nos trois gracieux
récits, qui sont unis entre eux de la façon la plus étroite. C'est vraiment une « trilogie » de paraboles que nous
avons dans ce chapitre, comme le montre leur juxtaposition significative. Elles nous enseignent en effet la
même vérité, à savoir, la manière dont Dieu va au-devant des pécheurs, et la bonté avec laquelle il les reçoit
quand ils se convertissent. Toutefois, cette vérité unique nous est présentée sous des faces distinctes. Ainsi,
tandis que, dans les deux premières similitudes, nous voyons surtout Dieu cherchant les âmes coupables,
agissant pour les sauver, la troisième décrit au contraire principalement l'activité personnelle du pécheur, ses
efforts pour chercher et pour trouver son Dieu après qu'il s'est séparé de lui. En se combinant, elles forment un tout parfait et harmonieux, puisque le repentir nécessite, selon les données de la théologie (Cfr. Conc.
Trid. Sess. 6, cap. 4 et ss., de Justificat.), ces deux éléments : la grâce qui prévient au dehors et la
correspondance subjective à la grâce. - Autres notions générales qui ne sont pas sans intérêt : 1° Les chiffres
cités dans les trois paraboles sont arrangés d'après une gradation descendante : un sur cent, un sur dix, un sur
deux ; quoique la gradation soit véritablement ascendante si l'on envisage avant tout l'idée, car la perte d'une
brebis sur cent est moindre que la perte d'une drachme sur dix, et ces deux pertes, même réunies, sont loin
d'équivaloir à celle d'un fils bien-aimé. 2° La culpabilité paraît suivre le même mouvement ascensionnel. Il y
a le péché d'ignorance, figuré par la brebis insensée qui s'échappe du bercail ; le péché plus considérable dont
nous trouvons l'emblème dans la pièce de monnaie, qui représente, au dire des Pères, l'âme humaine marquée
à l'effigie divine et sachant qu'elle appartient à Dieu ; le péché tout à fait volontaire du prodigue, que rien ne
saurait excuser. 3° Comme contraste, nous pouvons observer un mouvement analogue dans la miséricorde du
Seigneur, qui se manifeste avec une intensité de plus en plus grande. Voyez Trench, Notes on the Parables,
par. 22.