Luc 16, 19
« Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux.
« Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux.
Après cette apostrophe adressée aux Pharisiens, vv. 15-18,
Notre-Seigneur revient à son sujet, la nécessité pour les riches de faire un excellent emploi de leurs richesses
(Cfr. vv. 1-13). Dans une seconde parabole, que l'on range à juste titre parmi les plus belles et les plus
instructives du troisième Évangile, il éclaire une autre face de cette grave question, montrant, par l'exemple
terrible du mauvais riche, où conduit finalement la possession des biens de la terre si l'on n'en use que pour
sa propre jouissance, au lieu d'en jeter une partie dans le sein des pauvres, c'est-à-dire dans le sein de Dieu.
Voyez les commentaires de S. Grégoire le Grand (Hom. 40 in Evang.), de S. Jean Chrysostome (Hom. 4 de
Lazaro), de S. Augustin (Serm. 14, 26, 41), et l'admirable sermon de Massillon, Le mauvais riche. - Il y a
comme deux actes dans ce drame ; le premier, vv. 19-21, se passe sur la terre, le second, vv. 22-31, dans
l'autre monde. De part et d'autre nous trouvons un frappant contraste entre l'état des deux personnages autour
desquels roule le récit. - 1° Sur la terre : Il y avait un homme riche. C'était un Juif d'après les vv. 24, 25, 29-
31. Le divin narrateur évite de mentionner son nom, soit par délicatesse, soit plutôt, comme le conjecturait
déjà S. Augustin, parce qu'il n'avait pas mérité d'être inscrit au livre de vie. D'après une tradition
probablement légendaire, que signale Euthymius et dont on trouve des traces encore plus anciennes dans la
version sahidique, il se serait appelé Ninevé. - Les évangélistes avaient résumé en deux traits significatifs,
dont l'un concernait l'habillement, l'autre la nourriture, la vie mortifiée du Précurseur ; en deux traits
analogues Jésus résume toute la vie sensuelle et mondaine du mauvais riche. Premier trait : il été vêtu de
pourpre et de lin. La pourpre éclatante de Tyr, le fin linge d'Égypte aussi blanc que la neige, étaient
également célèbres dans l'antiquité. Cfr. Gen. 41, 42 ; Esth. 8, 15 ; Prov. 31, 22 ; Ezech. 27, 7 ; Dan. 5, 7, 16,
29 ; 1 Mach. 10, 20 ; 11, 58 ; 14, 43 ; Apoc. 18, 12. Ces étoffes qui valaient parfois leur pesant d'or (Cfr.
Pline, Hist. Nat. 19, 4), fournissaient alors aux rois, aux nobles, aux riches en général, des vêtements
somptueux. La pourpre était le plus souvent réservée aux habits de dessus, le lin aux vêtements intérieurs :
on aimait à les associer à cause de la gracieuse combinaison de couleurs qu'on obtenait ainsi. - Second trait :
il faisait chaque jour une chère splendide. Voyez 15, 23, 24, 29 et le commentaire. C'est le luxe de la table à
côté du luxe des vêtements. Quelle force dans ces quelques mots ! On ne pouvait pas mieux peindre, en deux
coups de pinceau, une vie d'oisiveté, de mollesse, de perpétuels et splendides festins, de magnificence toute
royale. Il est à remarquer que Notre-Seigneur ne reproche pas d'autre crime au mauvais riche que ce culte de
la chair et sa dureté pour le pauvre Lazare. « On ne l'accuse ni de violence, ni de concussion, ni d'avarice, ni
d'injustice » (D. Calmet), ni même d'orgies et de débauches. Voyez Massillon, l.c., Exode et début de la
première partie. Aux yeux du « monde » il passait pour un parfait innocent. Et pourtant Dieu le condamnera.
Ce riche, d'après le contexte (Cfr. v. 14), est évidemment l’emblème des Pharisiens avares, auxquels Jésus
voulait prouver qu'il ne suffit pas, pour parvenir au salut, de mener une vie respectable au dehors, si l'on n'y
joint les pratiques de la charité. C'est à tort qu'on a vu parfois en lui un type des Sadducéens voluptueux et
incrédules, car « Il n’y a aucun témoignage ni aucune mention d’un passage quelconque des Pharisiens aux
Sadducéens », Bengel.
Le péché mortel requiert pleine connaissance et entier consentement. Il présuppose la connaissance du caractère peccamineux de l’acte, de son opposition à la Loi de Dieu. Il implique aussi un consentement suffisamment délibéré pour être un choix personnel. L’ignorance affectée et l’endurcissement du cœur (cf. Mc 3, 5-6 ; Lc 16, 19-31) ne diminuent pas, mais augmentent le caractère volontaire du péché.
Mais la présence de ceux qui ont faim par manque de pain révèle une autre profondeur de cette demande. Le drame de la faim dans le monde appelle les chrétiens qui prient en vérité à une responsabilité effective envers leurs frères, tant dans leurs comportements personnels que dans leur solidarité avec la famille humaine. Cette demande de la Prière du Seigneur ne peut être isolée des paraboles du pauvre Lazare (cf. Lc 16, 19-31) et du jugement dernier (cf. Mt 25, 31-46).