Luc 16, 8
Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête car il avait agi avec habileté ; en effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière.
Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête car il avait agi avec habileté ; en effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière.
Ayant appris ce qui
s'était passé, le maître ne peut s'empêcher d'admirer d'une certaine manière la conduite de son régisseur.
Assurément sa louange ne retombait pas sur l'acte en lui-même, qui était une insigne fourberie ; aussi la
parabole prend-elle soin d'appeler en cet endroit l'intendant économe infidèle. Ce que le propriétaire louait,
c'était le caractère ingénieux de l'expédient, l'habileté avec laquelle cet homme avait immédiatement trouvé
un moyen pratique pour se tirer d'embarras : parce qu'il avait agi habilement. « Son maître lui donna des
louanges, non pas sans doute à cause de l’injustice qu’il avait commise, mais en raison de l’adresse qu’il
avait montrée » S. August. Enarrat. In Ps. 53, 2. C'est faute de n'avoir pas établi cette distinction qu'on s'est si
souvent mépris sur le sens général de notre parabole, et qu'on a vu dans ce verset tantôt un indice évident de
la conversion du régisseur (voyez la note du v. 5), tantôt (telle était l'opinion de Julien l'apostat) une apologie
de l'injustice et du vol. L'acte de l'économe n'est pas apprécié au point de vue moral, mais simplement
comme une heureuse adaptation des moyens à la fin. Cfr. Trench, Synonymes du N. T., trad. franç., § 65.
Ainsi donc, le maître « loue l'ingéniosité tout en condamnant les faits » (Clarius). Les paroles qui suivent
l'indiquent clairement. - Car les enfants de ce siècle… Nom parfaitement approprié pour désigner les
mondains, qui s'inquiètent avant tout des intérêts matériels, qui ont toutes leurs pensées, tous leurs désirs
dirigés vers la terre. Cfr. 20, 34. Évidemment l'économe infidèle était un enfant de ce siècle. - Plus habiles
que les enfants de lumière. L'Itala disait « plus rusés ». Cfr. S. August., l. c. Aux fils de ce monde, Jésus
oppose les fils de la lumière, c'est-à-dire, comme il ressort du contexte et de plusieurs passages analogues
(Joan. 12, 36 ; Eph. 5, 8 ; 1 Thess. 5, 5), ses disciples, si divinement éclairés nageant en quelque sorte dans un océan de clarté. - Dans leur monde. Dans le grec, à l'égard de leur propre race, par conséquent, entre eux.
Les hommes du monde sont censés former une seule et même famille, qu'animent des sentiments identiques,
et, comme on l'a vu dans notre parabole, ils savent admirablement s'entendre quand leurs intérêts sont en jeu.
Les fils du siècle, les fils de la lumière, sont des locutions purement hébraïques, qui signifient les amateurs du siècle, ceux qui aiment les choses de la terre, les mondains et les hommes éclairés des lumières de la foi. ― Entre eux, à l’égard les uns des autres ; ou bien dans leur manière d’agir, dans leur conduite ; mais la première interprétation est plus rapprochée du texte sacré. ― Le maître loue, non l’injustice de son économe, mais son activité et son adresse ; il n’avait donné à celui-ci ni le droit ni la permission de disposer de son bien ; tandis que Dieu a donné non seulement une permission, mais un ordre formel à tous ceux qui tiennent de lui les biens temporels ou spirituels, de les distribuer libéralement. ― « Par la conduite de l’économe infidèle, le Seigneur a voulu, selon saint Augustin, nous faire comprendre que si un maître de la terre a pu faire l’éloge de son serviteur qui, pour un intérêt temporel, avait tenu une conduite frauduleuse, à plus forte raison nous serons agréables au maître du ciel, si, conformément à ses divines lois et en vue de la vie éternelle, nous accomplissons envers le prochain des œuvres soit de justice, soit de miséricorde. Du reste le Seigneur n’a pas loué ce serviteur pour la nouvelle fraude commise envers son maître, mais pour la pénétration et l’esprit de prévoyance et de calcul dont il a fait preuve à son propre avantage. » (Mgr PICHENOT.)