Luc 16, 9
Eh bien moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles.
Eh bien moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles.
Jésus voudrait que
les enfants de la lumière fissent preuve d'une pareille habileté pour les choses du ciel : il le leur dit en termes
solennels (et moi je vous dis : notez l'emphase des deux pronoms) dans ce verset qui contient la clef de toute
la narration. Il argument par inférence du moins vers le plus, ou a contrario, comme dans les paraboles de
l'ami importun (11, 6 et ss.) et du juge inique (18, 1-8) ; il propose aux bons l'exemple des méchants en guise
de stimulant énergique. Voyez S. Jérôme, Ep. ad Algas. ; S. Augustin, Quaest. Evang. 2, 34 ; Maldonat, etc. -
Faites-vous des amis avec les richesses d'iniquité. Les richesses sont en effet la cause, l'occasion,
l'instrument d'iniquités sans nombre. « Il arrive rarement, ou pour ainsi dire jamais, que dans l’acquisition ou
la conservation des richesses n’intervienne un péché de la part de ceux qui les possèdent, qui les gèrent, des
pères ou des aïeuls », Cajetan, h. l. Jésus ne parlait donc pas seulement des biens acquis d'une manière
injuste, mais de la richesse en général. Nous ne nous arrêterons pas à réfuter l'opinion rationaliste (M. Renan,
de Wette, l'école de Tubingue) d'après laquelle Notre-Seigneur condamnerait ici les riches en tant que riches,
comme le fit plus tard la secte Ebionite, car c'est une allégation toute gratuite, condamnée par l'ensemble du
récit. - Lorsque vous viendrez à manquer : c'est-à-dire, quand vous serez morts. D'après les manuscrits Sinait,
B, D, L, R, II, etc, et les versions copte, éthiop., syr., armén., la leçon primitive semble avoir été au
singulier : « lorsque la richesse manquera ». C'est au fond le même sens, puisque l'argent manque à tout le
monde après la mort. - Ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels. D'ordinaire, rien n'est moins stable
qu'un séjour sous la tente (Cfr. 2 Cor. 5, 1) : toutefois il est au ciel des tentes éternelles, comme le dit
pareillement le 4ème livre (apocryphe) d'Esdras. Plusieurs exégètes sous-entendent « des anges » devant
« vous reçoivent » ; selon d'autres, le verbe peut être compris sans désignation de personne ; mais, ajoute à
bon droit Cocceius, « la trame de la parabole suppose qu'il fasse référence à des amis », et ces amis ne sont
autres que les pauvres avec lesquels on a généreusement partagé ses biens. Non que les pauvres soient
directement les portiers du ciel ; néanmoins leurs prières, leur bon témoignage, pénétreront jusqu'à Celui qui
regarde comme faite à lui-même l'aumône donnée à l'un de ces petits, et il ouvrira en leur nom le ciel à tous
leurs bienfaiteurs. Cfr. S. Augustin, l. c., et Maldonat.
Les richesses injustes sont ainsi appelées, parce qu’elles sont souvent mal acquises ou mal employées. Mais, comme en hébreu le même mot signifie vanité et iniquité, d’autres croient qu’il s’agit ici de richesses vaines, opposées aux biens véritables, dont il est parlé au verset 11.