Luc 17, 16
Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain.
Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain.
Jusqu'alors la conduite des dix avait été identique ; nous les trouvons désormais divisés, neuf
d'un côté, un seulement de l'autre. Hélas ! Ce dernier côté est celui de la reconnaissance. - L'un d'eux…
revint. On voit par cette expression que la guérison ne s'était pas accomplie en la présence immédiate de
Jésus ; peut-être avait-elle été opérée assez loin de lui : mais la distance ne fut pas un obstacle à la gratitude
du lépreux samaritain. Comparez l'exemple de Naaman, qui vint aussi rendre grâces à Elisée, après avoir été
guéri miraculeusement de la lèpre, 4 Reg. 5, 15. - Glorifiant Dieu à pleine voix. Il élève la voix pour
remercier, comme précédemment pour implorer, v. 13. - Il se jeta le visage contre terre… De Dieu, l'auteur
de tout don parfait, son action de grâces se reporte sur Jésus, son bienfaiteur immédiat. Or, ajoute S. Luc
avec une intention qu'il est aisé de découvrir : celui-là était Samaritain, c'est-à-dire qu'il appartenait à une
race abhorrée des Juifs, étrangère aux divines promesses, tandis que les neuf autres étaient de la nation
choisie. N'était-ce pas affirmer tacitement, selon la teneur générale du troisième Évangile (voyez la Préface,
§5), que les Israélites ne seraient pas seuls à participer au salut messianique, mais que les portes du royaume
des cieux seraient également ouvertes pour les autres peuples, et que ces derniers pourraient même ravir à
Israël ses privilèges, s'ils se montraient plus parfaits que lui ? Telle est, au point de vue théologique, la
signification des touchants détails de ce miracle. Quant au fait même de la cohabitation d'un Samaritain avec
des Juifs en dépit des haines nationales (Cfr. Joan. 10, 53 et le commentaire), il n'a rien d'extraordinaire dans
le cas présent : le malheur avait renversé toutes les barrières. C'est ainsi qu'à Jérusalem, dans le Biut el
Masakîn (« résidence des infortunés ») ou quartier des lépreux, on voit des Mahométans et des Juifs habiter
ensemble, tandis qu'ils se détestent et se fuient partout ailleurs. Du reste, le miracle avait eu lieu sur les
limites de la Samarie, ce qui rend une telle confraternité plus explicable encore.