Luc 17, 2
Il vaut mieux qu’on lui attache au cou une meule en pierre et qu’on le précipite à la mer, plutôt qu’il ne soit une occasion de chute pour un seul des petits que voilà.
Il vaut mieux qu’on lui attache au cou une meule en pierre et qu’on le précipite à la mer, plutôt qu’il ne soit une occasion de chute pour un seul des petits que voilà.
Par le supplice de celui qui scandalise les âmes, apprenez quelle sera la récompense de celui qui les sauve. Car s'il n'avait tant à coeur le salut d'une seule âme, il ne menacerait pas d'un si grand châtiment les auteurs du scandale.
Il y a deux sortes de scandales, les uns sont opposés directement à la gloire de Dieu, les autres se bornent à créer des obstacles à nos frères dans la voie du bien; c'est ainsi que les doctrines des hérétiques, et tout discours contraire à la vérité sont directement opposés à la gloire de Dieu. Or, Notre-Seigneur ne paraît pas avoir ici en vue cette première espèce de scandale, mais plutôt ceux qui arrivent entre amis et entre frères, comme les querelles, les médisances, et autres différends semblables. Voilà pourquoi il ajoute plus bas: «Si votre frère pèche contre vous, reprenez-le», etc.
Notre-Seigneur fait ici allusion à un usage de la Palestine, où le châtiment des grands crimes, chez les anciens Juifs, consistait à précipiter les coupables au fond de la mer avec une grosse pierre au cou. Et en effet, il vaut mieux, même pour un innocent, perdre la vie du corps par un supplice atroce, mais passager, que de précipiter son frère innocent dans la mort éternelle. C'est à juste titre que le Sauveur donne le nom de «petit» à celui qui est scandalisé; car celui dont l'âme est grande et élevée, quoi qu'il voie, quoi qu'il lui arrive, ne se laisse point détourner de la foi. Autant que nous le pouvons sans péché, évitons donc de donner du scandale à nos frères; s'ils prennent scandale de la vérité, il est plus utile de permettre ce scandale, que d'abandonner les intérêts de la vérité.
Notre-Seigneur répond aux pharisiens avares qui attaquaient ses enseignements sur la pauvreté, par la parabole du mauvais riche et de Lazare. Il s'entretient ensuite des pharisiens avec ses disciples, et les leur représente comme des schismatiques et comme des gens qui entravent par leurs obstacles les voies divines: «Et Jésus dit à ses disciples: Il est impossible qu'il n'arrive des scandales», c'est-à-dire des obstacles à la vie sainte et agréable à Dieu.
Ou bien il veut dire que la prédication et la vérité doivent nécessairement rencontrer bien des difficultés, telles que celles que les pharisiens suscitaient à la prédication de Jésus-Christ. Mais s'il est nécessaire que les scandales arrivent, comment me dira-t-on, Notre-Seigneur peut-il en faire un crime à l'auteur du scandale en disant: «Malheur à celui par qui arrive le scandale ?» Car tout ce qui est le produit de la nécessité est digne d'indulgence. Nous répondons que cette nécessité tire son origine de notre libre arbitre. Notre-Seigneur, considérant comment les hommes se portent au mal et sont indifférents pour le bien, déclare que les scandales sont une conséquence nécessaire de cet état de choses; comme un médecin qui voit un de ses malades faire usage d'un mauvais régime, dit de lui: Cet homme deviendra nécessairement malade. Aussi le Sauveur annonce malheur à celui par qui arrive le scandale, et lui en prédit le châtiment: «Il vaudrait mieux pour lui qu'on lui mît une meule de moulin au cou et qu'on le précipitât dans la mer».
Jésus montre par un détail significatif
l'énormité des péchés de scandale : plutôt que d'y tomber, mieux vaudrait être plongé au plus profond de la
mer sans aucun espoir de salut. En effet, « quiconque est auteur du scandale, selon tous les principes de la
religion devient homicide des âmes qu'il scandalise. Péché monstrueux, péché diabolique…, péché
essentiellement opposé à la rédemption de Jésus-Christ, péché dont nous aurons singulièrement à rendre
compte…, péché d'autant plus dangereux qu'il est plus ordinaire dans le monde ». Bourdaloue, Sur le
scandale. - Une meule de moulin. Cette espèce de pierre molaire, mise en mouvement par un âne, était
notablement plus grosse que l'autre, qu'une femme pouvait tourner sans trop de peine. - Un de ces petits : ces
petits au moral, c'est-à-dire les disciples, auxquels Jésus donnait volontiers cet humble nom.