Luc 17, 6

Le Seigneur répondit : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : “Déracine-toi et va te planter dans la mer”, et il vous aurait obéi.

Le Seigneur répondit : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : “Déracine-toi et va te planter dans la mer”, et il vous aurait obéi.
Saint Ambroise
Ou bien encore, ces paroles signifient la puissance de la foi pour chasser l'esprit immonde, d'autant plus que la nature de cet arbre favorise cette opinion. En effet, le fruit du mûrier est blanc dans sa fleur, il paraît rouge lorsqu'il a pris sa forme, et devient noir lorsqu'il est parvenu à sa maturité. C'est ainsi que le démon, déchu par sa prévarication de la fleur blanche de sa nature angélique, et de son éclatante dignité, est devenu un objet d'horreur par les noires vapeurs qu'exhale son iniquité.
Saint Jean Chrysostome
Il y a encore une autre analogie entre le démon et le mûrier; les vers se nourrissent des feuilles du mûrier, ainsi le démon se sert des pensées qu'il suggère pour nourrir le ver qui ne meurt point, mais la foi peut déraciner de nos âmes ce mûrier et le précipiter dans l'abîme.

Le Sauveur prend pour exemple le grain de sénevé, parce que bien que son volume soit très-petit, il a cependant plus de force que toutes les autres graines, et il veut nous apprendre par là que le plus petit degré de foi, peut opérer de grandes choses. N'allez pas cependant accuser légèrement les Apôtres, de ce qu'ils n'ont point transporté de mûrier, car Notre-Seigneur ne leur a point dit: Vous transporterez, mais: «Vous pourrez transporter». Mais ils ne l'ont point voulu, parce que cela était inutile, puisqu'ils ont opéré de plus grands prodiges.

Mais comment concilier ces paroles de Jésus-Christ, que le plus petit degré de foi peut transporter un arbre ou une montagne, avec celles où saint Paul déclare que c'est la foi parfaite qui transporte les montagnes? ( 1Co 13,2 ) Nous répondons que l'apôtre saint Paul attribue à la foi parfaite la vertu de transporter les montagnes, non que ce soit le privilège exclusif de la foi parfaite, mais parce qu'il s'adressait à des esprits encore grossiers qui trouvaient ce prodige extraordinaire à cause de la difficulté que présente la masse énorme d'une montagne.
Saint Augustin
Par cette foi, qu'ils prient le Sauveur d'augmenter en eux, on peut entendre celle qui nous fait croire ce que nous ne voyons pas; cependant il y a aussi une foi qu'on peut appeler la foi des choses, qui nous porte à croire non seulement aux paroles, mais aux choses présentes, ce qui doit un jour s'accomplir, lorsque la sagesse de Dieu, par laquelle tout a été fait, s'offrira à la contemplation des saints dans tout l'éclat de sa gloire.
Saint Grégoire le Grand
Afin que cette foi qu'ils avaient reçue dans son germe, parvînt à la perfection par des accroissements successifs.
Saint Bède le Vénérable
Ou bien le Seigneur compare ici la foi parfaite à un grain de sénevé, parce qu'elle a peu d'apparence au dehors, et qu'elle déploie toute sa force dans l'intérieur de notre corps. Dans le sens allégorique, le mûrier (dont les fruits et les branches ont la couleur du sang), est la figure de l'Évangile de la croix que la foi des Apôtres a par la prédication arraché du peuple juif, dans lequel il était enraciné comme dans sa terre primitive, pour le transporter et le planter au milieu de la mer des nations.
Saint Théophylacte d'Ohrid
Les disciples ayant entendu les enseignements du Seigneur sur des devoirs difficiles, c'est-à-dire sur la pauvreté et la fuite des scandales, lui demandent d'augmenter en eux la foi, qui doit les aider à pratiquer la pauvreté (car rien de plus efficace pour inspirer l'amour de la pauvreté, comme la foi et l'espérance en Dieu), et à résister aux scandales: «Alors les Apôtres dirent au Seigneur: Augmentez-nous la foi».

Notre-Seigneur approuve ouvertement leur demande, et les exhorte à croire fermement en leur découvrant toute la puissance de la foi: «Le Seigneur leur dit: Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé», etc. Il y a ici deux prodiges extraordinaires, transporter un arbre enraciné dans la terre, et le planter au milieu de la mer (car que peut-on planter au milieu des flots), et qui tous deux font voir la puissance de la foi.
Louis-Claude Fillion
Jésus répond à cette demande, digne du collège apostolique, en décrivant par un trait pittoresque les effets admirables de la foi. - Comme un grain de sénevé. Manière proverbiale d'indiquer la quantité la plus modique, puisque, parlant ailleurs (Matth. 13, 32) du sénevé, le Sauveur dit qu'elle est la plus petite de toutes les graines. - Vous direz à ce mûrier. D'après quelques interprètes le mot grec désignerait plutôt un sycomore qu'un mûrier ; mais la traduction de la Vulgate est justifiée 1° par l'emploi d'un autre mot un peu plus bas (19, 4) quand S. Luc voudra parler du sycomore ; 2° par l’idiome grec moderne, qui désigne le mûrier noir. Cfr. Tristram, Natural History of the Bible, p. 396. Ce est un pronom graphique, duquel il résulte que Jésus avait alors sous les yeux un mûrier qu'il montrait de la main aux Douze ; il est malencontreusement omis par les manuscrits Sinait, D, L, X. Déracine-toi… Ordre bien étrange ! S'arracher péniblement du sol sans le secours de bras humains et aller se planter ailleurs, serait, de la part d'un arbre aux fortes dimensions, semblables à celles qu'atteint le mûrier en Palestine, un phénomène des plus merveilleux. Toutefois, après s'être arraché, prendre de nouveau racine, non pas au milieu des sables du rivage, mais dans les eaux mêmes de la mer, sur les vagues constamment agitées, c'est le nec plus ultra du prodige dans le cercle des faits naturels, parce que c'est une impossibilité absolue. Quelle manière expressive de démontrer la puissance sans borne de la foi ! Dans le passage analogue de S. Matthieu (18, 19 ; voyez le commentaire), c'est à une montagne qu'est faite l'injonction.