Luc 21, 38
Et tout le peuple, dès l’aurore, venait à lui dans le Temple pour l’écouter.
Et tout le peuple, dès l’aurore, venait à lui dans le Temple pour l’écouter.
Quel était l'objet de son enseignement, si ce n'est cette religion sublime bien supérieure à celle de Moïse? Le temps approchait, en effet, où les ombres devaient faire place à la vérité.
Comme sa parole était puissante et qu'il substituait avec autorité le culte en esprit et en vérité aux traditions figuratives de Moïse et des prophètes, le peuple était avide de l'entendre: «Et tout le peuple accourait de grand matin dans le temple pour l'écouter». Ce peuple qui s'empressait ainsi autour de lui avant l'aurore, aurait pu dire: «Seigneur mon Dieu, je vous cherche dès l'aurore» ( Ps 62).
Notre-Seigneur confirme ses enseignements par son exemple; il vient de nous recommander la vigilance et la prière pour attendre avec confiance l'arrivée du Fils de l'homme et le jour si incertain de notre mort, et lui-même, aux approches de sa passion, se donne tout entier à la prédication, aux veilles et à la prière: «Or, le jour il enseignait dans le temple». Il nous enseigne ainsi par son exemple, que la vigilance vraiment digne de Dieu est de faire connaître au prochain la voie de la vérité par ses paroles ou par ses actions.
Dans le sens figuré, lorsqu'au milieu de la prospérité nous vivons dans la tempérance, la piété, la justice, nous enseignons nous-mêmes dans le temple, en donnant aux fidèles l'exemple des bonnes oeuvres; nous passons les nuits sur la montagne des Oliviers, lorsqu'au milieu des ténèbres de l'adversité, nous aspirons après les consolations spirituelles; enfin le peuple vient à nous dès le matin, lorsqu'ayant dissipé les oeuvres de ténèbres, les nuages des tribulations, il s'empresse de nous imiter.
Les Évangélistes ont passé sous silence la plus grande partie des enseignements de Jésus-Christ; il a prêché publiquement pendant près de trois années, et c'est à peine si ce qu'ils ont écrit suffirait à remplir une journée. Ils ne nous ont donc laissé qu'un abrégé de ses nombreux enseignements, pour nous donner le goût de la douceur et de la suavité de sa doctrine. Le Sauveur nous enseigne encore que nous devons converser avec Dieu dans le silence de la nuit et travailler pendant le jour à être utile au prochain, qu'il faut amasser des trésors pendant la nuit et les distribuer quand le jour est arrivé: «Et la nuit il sortait et se retirait sur la montagne appelée des Oliviers». Ce n'est point sans doute que la prière lui fût nécessaire, mais parce qu'il voulait nous donner l'exemple.
Tout le peuple : expression emphatique. - Venait à lui de grand matin. Dans le texte latin, le verbe a le sens
de « arriver de grand matin » ; dans le texte grec, le verbe peut avoir le sens de « chercher avec
empressement » (Cfr. Ps. 73, 1 ; 78, 34). Quel admirable tableau de l'affection des multitudes pour Jésus !
Elles avaient peine à attendre le retour de l'aube, et se réunissaient de grand matin sous les galeries du
temple, afin d'être là dès que le Docteur tant goûté reprendrait son enseignement interrompu la veille. Hélas !
Pour un grand nombre, ces beaux sentiments ne devaient pas être de longue durée. Cfr. 23, 18. - Quelques
manuscrits en lettres minuscules intercalent ici « l'Évangile des pénitents », c'est-à-dire l'épisode de la femme
adultère, Joan. 7, 53-8, 11 : mais c'est évidemment une interpolation. Après être entré comme un roi dans Jérusalem, après avoir parlé de l'avenir comme un divin prophète, Jésus
va se manifester maintenant comme prêtre dans sa douloureuse Passion. « La victime de son sacerdoce et le
prêtre de sa victime ».