Luc 21, 4
Car tous ceux-là, pour faire leur offrande, ont pris sur leur superflu mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle avait pour vivre. »
Car tous ceux-là, pour faire leur offrande, ont pris sur leur superflu mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle avait pour vivre. »
Ce n'est pas la modicité de l'offrande, mais la richesse du coeur que Dieu considère ici.
L'aumône en effet ne consiste pas à donner une petite partie des grandes richesses qu'on possède, mais à imiter cette veuve qui s'est dépouillée de tout ce qu'elle possédait. Si vous ne pouvez donner autant qu'elle, donnez au moins tout votre superflu.
Elle offrait deux petites pièces de monnaie qu'elle gagnait à la sueur de son front pour sa subsistance de chaque jour. Ou encore: elle donnait à Dieu ce qu'elle demandait chaque jour à la charité publique, elle montrait ainsi la richesse et la fécondité de son indigence qui l'emportait sur tous les autres et recevait de Dieu les justes éloges qu'elle méritait: «Et il dit: En vérité je vous le dis, cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres».
Le mot grec öõëáaeáé, veut dire conserver, et le mot persan gaza, signifie richesse, de là vient le nom de gazophylacium, donné à l'endroit où on déposait l'argent. C'était un coffre percé d'un trou à la partie supérieure et placé près de l'autel, à la droite de ceux qui entraient dans le temple, et dans lequel les prêtres qui gardaient les offrandes mettaient toutes les sommes d'argent que le peuple apportait au temple du Seigneur (Mc 12, 41). Or, de même que le Seigneur discerne le mérite de ceux qui travaillent dans sa maison, il regarde aussi attentivement ceux qui viennent lui présenter leurs offrandes, et il donne des éloges à celui qu'il en juge digne, comme il condamne celui dont les intentions sont mauvaises: «Et il vit aussi une pauvre veuve qui mit deux petites pièces de monnaie».
Dieu a pour agréable tout ce que nous lui offrons d'un coeur généreux; il pèse les intentions bien plus que l'objet même de notre offrande, et il considère moins la matière de notre sacrifice que la disposition généreuse de celui qui l'offre: «Car tous ceux-là ont fait des offrandes à Dieu de leur superflu, mais cette femme a mis de son indigence même tout ce qu'elle avait pour vivre».
Dans le sens allégorique, les riches qui déposaient leurs offrandes dans le tronc du temple, sont la figure des Juifs fiers de la justice de la loi; cette pauvre veuve représente la simplicité de l'Église; elle est pauvre parce qu'elle s'est dépouillée de l'esprit d'orgueil et des péchés qui sont comme les richesses du monde; elle est veuve, parce que son époux a souffert la mort pour elle; elle met deux petites. pièces de monnaie dans le tronc, parce que c'est en présence de Dieu (qui conserve les offrandes que nous lui faisons de nos oeuvres), qu'elle vient apporter l'offrande soit de l'amour de Dieu et du prochain, soit de la foi et de la prière qui l'emportent de beaucoup sur toutes les oeuvres des Juifs orgueilleux. En effet, les Juifs qui présument de leur justice, donnent à Dieu de leur abondance; l'Église au contraire offre tout ce qui sert à sa subsistance, parce qu'elle reconnaît que tout ce qui contribue à entretenir sa vie, est un don de Dieu.
La Glose
Après avoir condamné l'avarice des scribes qui dévoraient les maisons des veuves, Notre-Seigneur fait l'éloge de l'offrande d'une pauvre veuve: «Jésus regardait un jour les riches qui mettaient leurs offrandes dans le tronc», etc.
Ou encore, cette veuve est l'image de toute âme qui, veuve de la loi ancienne, comme de son premier mari, n'est pas encore digne de s'unir au Verbe de Dieu; elle donne à Dieu pour gage sa foi et sa bonne conscience, et c'est ainsi qu'elle paraît offrir beaucoup plus que ceux qui sont riches en paroles, beaucoup plus que toutes les vertus morales qui forment les richesses des Gentils.
Plus d'un spectateur dut sourire
dédaigneusement quand l'humble veuve glissa son offrande dans le tronc : Jésus loue au contraire
publiquement cet acte, dont il dévoile toute la générosité. - En vérité… Affirmation solennelle, pour mieux
relever le grand principe qui va suivre. - Elle a mis plus que tous les autres. Et pourtant, d'après S. Marc, « de
nombreux riches avaient donné beaucoup ». Mais Dieu juge parfois autrement que les hommes. « Car s’il y a
de l’ardeur, on est bien reçu avec ce que l’on a, peu importe ce que l’on n’a pas. », 2 Cor. 8, 12. Les païens
eux-mêmes admettaient ce juste critère. « Ce n'est pas la somme qui détermine le plus ou le moins, mais la
condition de celui qui donne », Xénoph. Anab. 7, 7, 36. cfr. Memorab. 1, 3, 3. « La magnanimité ne se
mesure pas d'après la grandeur du don, mais d'après le rapport qui existe entre lui et la fortune du donataire »,
Aristote, Ethic. 4, 2. Le Talmud raconte (ap. Wetstein, Horae in Marc. 12, 43) qu'un grand-prêtre, ayant
durement refusé une poignée de farine qu'une pauvre femme lui offrait pour le temple, fut réprimandé par
Dieu dans une vision et obligé d'accepter ce modeste sacrifice. « Et quel mérite y a-t-il à cela ? » nous disait
un jour un gentilhomme aussi généreux que riche. - Celle-ci a donné de son indigence : l'acte de cette femme
était donc vraiment héroïque. « La petite somme d’argent est celle qui a le plus de valeur parce que le
montant d’argent dépensé ne se calcule pas d’après ce qui est donné mais d’après ce qui reste. Personne n’a
plus donné que celle qui ne s’est rien réservé », S. Ambr. De viduis, c. 5. Les anges seuls, avec Dieu, sont
capables de supputer les gros intérêts qu'a produits l'obole de la pauvre veuve.