Luc 4, 17
On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit :
On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit :
Chaque samedi on lisait, et on lit encore chez les Juifs, deux passages de la
Bible : le premier se nommait Paraschah ; le second, extrait des Prophètes, était appelé Haphtarah. Puisqu'on
présente à Jésus le livre des prophéties d'Isaïe, c'est donc que la Paraschah avait été lue, et qu'on était alors
arrivé à la dernière partie de la cérémonie, qui se concluait en effet par l'Haphtarah (littér. acte de congédier).
Ayant reçu le livre des mains du sacristain de la synagogue, Jésus l'ouvrit, ou mieux il le déroula, car les
livres liturgiques chez les Juifs ont toujours consisté en membranes de parchemin cousues bout à bout et
roulées autour d'un ou deux bâtons plus ou moins ornés. C'est pour cela qu'on les appelait Meghillah,
rouleau. Telle est d'ailleurs la forme primitive des livres, quoique les « livres » proprement dits, composés de
feuilles carrées ou rectangulaires placées l'une sur l'autre (codices, tabulae) fussent connus dès avant
l'époque de Notre-Seigneur. Les rouleaux bibliques sont parfois énormes, et par conséquent très
incommodes. M. Schegg, dans une note intéressante (Evang. Nach Lukas, t. 1, p. 214), en décrit un,
contenant les Parasches, qui n'a pas moins de 138 pieds de long sur 2 de large, et qui pèse 11 livres 1/2. Pour
obvier aux inconvénients d'un tel poids et de telles dimensions, on divisait souvent les « volumes » en
plusieurs tomes, qui contenaient chacun une partie distincte. C'est ainsi que Jésus reçut une Meghillah
spécialement réservée à Isaïe : d'où il suit que l'Haphtarah de ce jour devait être prise dans les oracles du fils
d'Amos. - Il trouva l'endroit… Le divin Maître choisit-il de lui-même ce passage ? Ou bien était-il fixé pour
la lecture du jour ? Comme les Juifs le lisent actuellement pour la fête du « Iôm Kippour » ou de l'expiation,
divers auteurs ont supposé qu'on célébrait alors cette solennité. Mais il est aisé de leur démontrer que l'ordre
actuel des Haphtarah est loin de remonter au temps de Jésus (comp. Zunz, Gottestdienstl. Vortraege der
Juden, p. 6). Revenant à la question proposée, il nous semble plus naturel de conclure que l'expression
employée par S. Luc, « il trouva », que Jésus, en déroulant le volume, tomba providentiellement sur une colonne consacrée au chapitre 61ème, et s'y arrêta pour en lire les premières lignes. Rien ne pouvait être
mieux approprié à la circonstance, car si un passage relatif à la descente royale du Messie, à ses prérogatives
judiciaires, à sa puissance irrésistible, eût été peu en rapport avec les préjugés de l'assemblée, un texte qui
développe son rôle pacifique et humble, sa condescendance et sa douceur, convenait au contraire
admirablement ; or, dans celui que trouva Jésus, le Christ consolateur est peint au vif avec toutes ses divines
amabilités, avec sa prédilection pour les petits et les affligés, en même temps qu'avec les grâces qu'il a reçues
du ciel pour apporter le bonheur à tous. S. Luc cite ces paroles d'Isaïe d'après la traduction des Septante, mais
avec quelques variantes remarquables, ainsi qu'il arrive presque toujours quand un fragment de l'Ancien
Testament est inséré dans les écrits du Nouveau. Jésus les lut en hébreu, et l'interprète en donna
probablement la traduction en araméen, l’idiome parlé alors dans toute la Palestine.
Et l’ayant déroulé ; c’est-à-dire ouvert. La forme des livres chez les anciens consistait en un rouleau. ― L’endroit où, etc. Voir Isaïe, 61, verset 1 et suivants.