Luc 4, 19
annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.
annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.
Dès ces premiers mots
nous trouvons, comme aimaient à le dire les anciens auteurs, l'indication des trois personnes divines : le Père,
marqué par Seigneur, le Fils « sur moi », qui ne diffère pas du Messie, et l'Esprit-Saint. Qui, mieux que
Jésus, pouvait s'appliquer de telles choses ? Comp. Is. 11, 2 ; 42, 2. Voilà la quatrième fois, depuis le
commencement de ce chapitre, qu'on nous le montre possédant la plénitude de l'Esprit de Dieu ! - C'est
pourquoi… C'est au moral qu'il faut entendre cette onction du Messie : elle désigne une destination sainte,
une consécration. Jésus venait de la recevoir au baptême. Comp. Act. 4, 27. La suite de la citation caractérise
d'une manière sublime l’œuvre miséricordieuse du Christ, au moyen d'expressions à peu près synonymes,
dont la répétition emphatique est du plus bel effet. Dieu a donc envoyé son Messie sur la terre pour annoncer
la bonne nouvelle aux pauvres, généralement si délaissés ; pour guérir les cœurs brisés, et il y en a tant en ce
monde, proposition authentique quoiqu'elle manque dans plusieurs documents importants, tels que les
manuscrits B, D, L, Z, Sin. et les versions copte, armén., éthio., ital. ; pour crier aux captifs qu'ils sont libres,
aux aveugles qu'ils voient (littéral., d'après l'hébreu, « aux enchaînés une ouverture » : les prisonniers
longtemps plongés dans d'obscurs cachots, et enfin délivrés, sont assimilés par la traduction Alexandrine à
des aveugles qui recouvrent subitement la vue) ; enfin pour prêcher une année favorable, l'année toute
aimable de Jéhovah. Isaïe, par ces derniers mots, faisait allusion à l'année jubilaire, qui, en remettant toutes
les dettes, et en rendant la liberté à tous les esclaves, faisait cesser tant de douleurs ! Voyez Lev. 25, 8 et ss.
Le jubilé de l'Évangile est mille fois plus aimable, car il remet des dettes autrement écrasantes, il brise des
chaînes autrement lourdes, les dettes et les chaînes du péché ! - Pour avoir pris trop à la lettre cette « douce
année du Seigneur », divers écrivains ecclésiastiques de l'antiquité, tels que Clément d'Alexandrie, Strom. 1 ;
Origène, de Princip. 4, 5 ; Tertullien, contr. Jud. 8 ; Lactance, Instit. Div. 4, 10 (comp. S. August. De Civ.
Dei, 18, 54), et plusieurs sectes hérétiques (les Valentiniens et les Alogi ; voyez Hase, Leben Jesu, p. 21) ont
cru à tort que le ministère public de Notre-Seigneur Jésus-Christ n'avait pas duré au-delà de un an. On réfute
aisément cette opinion à l'aide de la tradition et des textes évangéliques. Voir le chapitre de notre Introduction
générale relatif à la Chronologie des Saints Évangiles, et Winer, Bibl. Realwoerterbuch, t. 1, p. 568 de la 3è
édit. La ligne mettre en liberté ceux qui sont brisés sous les fers ne fait pas partie du chap. 61è d'Isaïe ; mais
on la trouve un peu plus haut, 58, 6. S. Luc, citant de mémoire, l'aura insérée ici à cause de la ressemblance
des pensées. Quant aux mots et le jour de la rétribution, quoiqu'ils appartiennent au texte du prophète, il est
probable qu'ils ont été ajoutés en cet endroit par suite d'une erreur des copistes, car 1° ils manquent dans le
texte grec de S. Luc ainsi que dans plusieurs versions ; 2° comme ils expriment une idée terrible, annonçant
les vengeances du Seigneur contre les impies, ils ne cadrent pas très bien, du moins dans la situation décrite
par l'évangéliste avec le but que se proposait Notre-Seigneur. Jésus s'arrêta donc après « l'année favorable du
Seigneur », de manière à n'avoir que des choses gracieuses à développer devant ses concitoyens de Nazareth.
- Habituellement, il est vrai, le maphtir lisait 21 versets des prophètes ; mais il arrivait aussi qu'on se
contentât d'en lire trois, cinq ou sept. Jésus profita de cette latitude.
Le jour de la rétribution, le jour où Dieu rendra à chacun selon ses œuvres. On lit dans Isaïe (voir Isaïe, 61, 2) : Jour de vengeance, jour où le Seigneur se vengera de ses ennemis ; ce qui exprime la même idée, mais d’une manière plus restreinte.
A partir du Triduum Pascal, comme de sa source de lumière, le temps nouveau de la Résurrection emplit toute l’année liturgique de sa clarté. De proche en proche, de part et d’autre de cette source, l’année est transfigurée par la Liturgie. Elle est réellement " année de grâce du Seigneur " (cf. Lc 4, 19). L’Économie du salut est à l’œuvre dans le cadre du temps, mais depuis son accomplissement dans la Pâque de Jésus et l’effusion de l’Esprit Saint, la fin de l’histoire est anticipée, ‘en avant-goût’, et le Royaume de Dieu entre dans notre temps.
Dans cet effort, les fils de l'Eglise doivent être des exemples et des guides, car ils sont appelés, selon le programme proclamé par Jésus lui-même dans la synagogue de Nazareth, à «porter la bonne nouvelle aux pauvres, [...] annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur» (Lc 4, 18-19). Il convient de souligner le rôle prépondérant qui incombe aux laïcs, hommes et femmes, comme l'a redit la récente Assemblée synodale. Il leur revient d'animer les réalités temporelles avec un zèle chrétien et de s'y conduire en témoins et en artisans de paix et de justice.