Luc 9, 45
Mais les disciples ne comprenaient pas cette parole, elle leur était voilée, si bien qu’ils n’en percevaient pas le sens, et ils avaient peur de l’interroger sur cette parole.
Mais les disciples ne comprenaient pas cette parole, elle leur était voilée, si bien qu’ils n’en percevaient pas le sens, et ils avaient peur de l’interroger sur cette parole.
Il n'exprime pas ouvertement quel est celui qui le livrera, les uns disent que ce doit être Judas, les autres, le démon; saint Paul affirme au contraire, que c'est Dieu le Père qui l'a livré à la mort pour nous tous. ( Rm 8); c'est-à-dire que Judas l'a livré pour une somme d'argent dans un dessein perfide, tandis que Dieu le Père l'a livré pour la rédemption des hommes.
C'est lorsque tous sont dans l'admiration à la vue des prodiges qu'il opère, qu'il leur prédit lui-même sa passion, car ce ne sont point les miracles qui sauvent les hommes, c'est la croix qui est pour eux la source de toutes les grâces: «Le Fils de l'homme doit être livré entre les mains des hommes».
Tout ce que faisait Jésus excitait l'admiration générale, car chacune de ses oeuvres brillait d'un éclat surnaturel et divin, selon cette parole du Roi-prophète: «Vous l'avez environné de gloire et de beauté» ( Ps 20). Cependant, quoique cette admiration fût commune à tous ceux qui étaient témoins de ses oeuvres, ce n'est qu'à ses disciples qu'il adresse les enseignements qui suivent: «Et comme ils admiraient tout ce que faisait Jésus, il dit à ses disciples», etc. Il avait découvert à ses disciples sur la montagne une partie de sa gloire, puis il avait délivré un possédé du malin esprit, mais il fallait qu'il se dévouât pour notre salut aux souffrances de sa passion. Or, les disciples pouvaient lu i dire dans le trouble où les jetait cette triste prédiction: Est-ce que nous avons été trompés en croyant que vous étiez Dieu? C'est donc afin de leur faire connaître ce qui devait lui arriver, qu'il leur commande de garder comme un dépôt dans leur âme le mystère de sa passion: «Pour vous, mettez bien ceci dans votre coeur». Il dit: «Pour vous», afin de les distinguer des autres, car pour le peuple il ne devait pas encore connaître qu'il devait souffrir, mais pour éviter tout scandale, il devait plutôt recevoir l'assurance que le Sauveur ressusciterait vainqueur de la mort.
On demandera peut-être comment les disciples de Jésus-Christ pouvaient ignorer le mystère de la crois, puisque la loi, qui était pleine de figures, y faisait allusion en plusieurs endroits. Nous répondons avec saint Paul, que jusqu'à ce jour, lorsque les Juifs lisent Moïse, ils ont un voile sur le coeur. Ceux qui veulent s'approcher de Jésus-Christ, doivent donc lui dire: «Ôtez le voile qui est sur mes yeux, et je contemplerai les merveilles de votre loi».
Cette ignorance des disciples avait moins pour cause la pesanteur de leur esprit, que leur amour pour Jésus-Christ. Ils étaient encore charnels, ils ne connaissaient pas encore le mystère de la croix, et ils ne pouvaient s'imaginer que celui qu'ils regardaient comme vrai Dieu, devait être soumis à la mort. Et comme le Sauveur leur parlait souvent par figures, ils pensaient qu'en annonçant qu'il serait livré, il voulait exprimer figurativement quelqu'autre vérité.
Cependant le Sauveur ne permit point que ses disciples comprissent cette prédiction de sa croix, par condescendance pour leur faiblesse, et parce qu'il les conduisait d'après un plan arrêté et en suivant u ne marche progressive: Aussi l'Évangéliste ajoute: «Mais ils n'entendaient pas cette parole», etc.
Remarquez encore la réserve respectueuse des disciples: «Et ils craignaient même de l'interroger sur ce sujet», car la crainte est un degré du respect.
Nous avons eu l'impression
de la foule à propos du miracle ; nous apprenons maintenant celle qu'éprouvèrent les disciples à l'occasion de
la sombre nouvelle qui leur était ainsi réitérée par Jésus. S. Luc la décrit en psychologue. Le premier (ils ne
comprenaient pas) et le dernier trait (et ils craignaient de l'interroger) lui sont, il est vrai, communs avec S.
Marc (voyez le commentaire p. 138). Mais la pensée intermédiaire, exprimée à l'aide d'une vivante image, et
elle était voilée pour eux, lui appartient en propre. Tel était encore, après de longs mois passés en la société
de Jésus, l'état d'âme des apôtres. Mille préjugés les aveuglaient. Voir dans Bossuet, 1er sermon pour le Dim.
de la Quinquagésime (édit. de Versailles, t. 12, pp. 27, 33, 36 et 37), un beau commentaire de tout ce passage.
A partir du jour où Pierre a confessé que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, le Maître " commença de montrer à ses disciples qu’il lui fallait s’en aller à Jérusalem, y souffrir (...) être mis à mort et, le troisième jour, ressusciter " (Mt 16, 21) : Pierre refuse cette annonce (cf. Mt 16, 22-23), les autres ne la comprennent pas davantage (cf. Mt 17, 23 ; Lc 9, 45). C’est dans ce contexte que se situe l’épisode mystérieux de la Transfiguration de Jésus (cf. Mt 17, 1-8 par. ; 2 P 1, 16-18), sur une haute montagne, devant trois témoins choisis par lui : Pierre, Jacques et Jean. Le visage et les vêtements de Jésus deviennent fulgurants de lumière, Moïse et Elie apparaissent, lui " parlant de son départ qu’il allait accomplir à Jérusalem " (Lc 9, 31). Une nuée les couvre et une voix du ciel dit : " Celui-ci est mon Fils, mon Élu ; écoutez-le " (Lc 9, 35).