Marc 1, 12

Aussitôt l’Esprit pousse Jésus au désert

Aussitôt l’Esprit pousse Jésus au désert
Louis-Claude Fillion
Voilà Jésus consacré Messie ; mais combien de sacrifices et d’humiliations lui vaudra ce rôle pourtant si glorieux ! Le baptême d’eau, reçu dans le Jourdain, appelle le baptême de sang qui lui sera conféré sur le Calvaire. En attendant cette épreuve suprême du Golgotha, il y a l’épreuve préliminaire de la tentation qui, dans les trois premiers Évangiles, est étroitement unie au baptême du Sauveur. Mais nulle part la liaison n’est mieux marquée que dans notre Évangile : Et aussitôt ! À peine baptisé, Jésus entre immédiatement en lutte avec Satan. Il était du reste très naturel que son premier acte, après avoir reçu l’onction messianique, consistât à combattre les puissances infernales, puisque tel était un des buts principaux de son Incarnation. Cf. 1 Jean 3, 8. Considérant le baptême du Jourdain comme une céleste armure dont Jésus avait été revêtu, S. Jean Chrysostome, crie à ce divin Capitaine : « Allez donc ! car si vous avez pris les armes, ce n’est pas pour vous reposer, mais pour combattre » [157] . — L’adverbe « aussitôt », que nous venons de rencontrer déjà pour la seconde fois (cf. v. 40), est, comme nous l’avons vu dans la Préface, § 7, la formule favorite de S. Marc pour passer d’un fait à un autre : nous la retrouverons à chaque instant. Elle communique à sa narration beaucoup de vie et de rapidité. — L’Esprit le poussa. Quel profond mystère ! C’est l’Esprit Saint lui-même qui conduit Jésus en face de son adversaire ! S. Matthieu et S. Luc avaient employé des expressions bien fortes pour représenter cette action du divin Esprit : « Jésus fut conduit dans le désert », avait dit le premier ; « Jésus fut poussé dans le désert », avait écrit le second ; mais le verbe έχϐάλλει (litt. fut expulsé) [158] que nous lisons ici, a une énergie plus grande encore. « Les trois évangélistes disent la même chose. Mais Marc s’exprime avec plus d’efficacité... Le temps présent a aussi plus de force, et place plus la chose devant les yeux » [159]. Jésus est donc pour ainsi dire chassé violemment dans le désert. — Quelques exégètes peu éclairés, où désireux de mettre S. Marc en contradiction avec S. Matthieu et avec S. Luc, supposent que « Esprit » désigne ici l’esprit mauvais. C’est un grossier contre sens. — Dans le désert. Selon toute probabilité, c’est dans le désert de la Quarantaine qu’eut lieu la tentation du Christ. Voir l’Évangile selon S. Matthieu, Matth. 4, 1.
Catéchisme de l'Église catholique
De l’Incarnation à l’Ascension, la vie du Verbe incarné est entourée de l’adoration et du service des anges. Lorsque Dieu " introduit le Premier-né dans le monde, il dit : ‘Que tous les anges de Dieu l’adorent’ " (He 1, 6). Leur chant de louange à la naissance du Christ n’a cessé de résonner dans la louange de l’Église : " Gloire à Dieu ... " (Lc 2, 14). Ils protègent l’enfance de Jésus (cf. Mt 1, 20 ; 2, 13. 19), servent Jésus au désert (cf. Mc 1, 12 ; Mt 4, 11), le réconfortent dans l’agonie (cf. Lc 22, 43), alors qu’il aurait pu être sauvé par eux de la main des ennemis (cf. Mt 26, 53) comme jadis Israël (cf. 2 M 10, 29-30 ; 11, 8). Ce sont encore les anges qui " évangélisent " (Lc 2, 10) en annonçant la Bonne Nouvelle de l’Incarnation (cf. Lc 2, 8-14), et de la Résurrection (cf. Mc 16, 5-7) du Christ. Ils seront là au retour du Christ qu’ils annoncent (cf. Ac 1, 10-11), au service de son jugement (cf. Mt 13, 41 ; 24, 31 ; Lc 12, 8-9).

Les Évangiles parlent d’un temps de solitude de Jésus au désert immédiatement après son baptême par Jean : " Poussé par l’Esprit " au désert, Jésus y demeure quarante jours sans manger ; il vit avec les bêtes sauvages et les anges le servent (cf. Mc 1, 12-13). A la fin de ce temps, Satan le tente par trois fois cherchant à mettre en cause son attitude filiale envers Dieu. Jésus repousse ces attaques qui récapitulent les tentations d’Adam au Paradis et d’Israël au désert, et le diable s’éloigne de lui " pour revenir au temps marqué " (Lc 4, 13).