Marc 1, 15

il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »

il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »
Saint Jean Chrysostome
L'évangéliste saint Marc suit saint Matthieu pour l'ordre des faits. Ainsi après avoir dit que les anges le servaient, il ajoute: «Aussitôt l'emprisonnement de Jean, Jésus vint», etc. Après qu'il a été tenté, et après avoir été servi par les anges, Jésus vint en Galilée, nous apprenant par là à ne point résister aux violences des méchants. - thE ophyl. Il veut aussi nous enseigner qu'il vaut mieux fuir les persécutions que de les attendre; mais que lorsqu'elles nous surprennent, il faut alors les supporter avec courage.

Il se retira encore pour conserver une vie qu'il devait employer à instruire les hommes et à guérir leurs infirmités avant sa passion; afin qu'après avoir rempli sa mission toute entière il se rendît obéissant jusqu'à la mort.

Et, en effet, c'est lorsque le temps fut accompli, c'est-à-dire quand vint la plénitude des temps, et que Dieu eut envoyé son Fils ( Ga 4), qu'il convenait que le genre humain recueillit les derniers fruits de la divine miséricorde. Voilà pourquoi Jésus-Christ annonce que le royaume de Dieu est proche. Le royaume de Dieu est le même, quant à la substance, que le royaume des cieux: il n'en diffère que par une distinction purement rationnelle. On entend par ce royaume de Dieu, celui où Dieu règne souverainement. Or, ce royaume se réalisera pour nous dans la région des vivants ( Ps 114), où les élus verront Dieu face à face, et posséderont les biens qui leur ont été promis. A moins que par cette région des vivants, on n'aime mieux entendre l'amour divin, ou la nouvelle assurance des biens surnaturels que les cieux désignent; car il est évident que le royaume de Dieu n'est limité ni par l'espace ni par le temps.
Saint Jérôme
L'ombre disparaît, la vérité brille. Jean dans la prison, c'est la loi dans la Judée; Jésus en Galilée; c'est Paul prêchant aux nations l'Évangile du royaume. Car au royaume terrestre succède la pauvreté, et c'est à la pauvreté chrétienne qu'est accordé le royaume éternel. Quant aux honneurs de la terre, c'est une vile écume, une eau glacée, une fumée, ou un songe.

Celui qui veut jouir du bonheur éternel, c'est-à-dire du royaume de Dieu, fait pénitence. Celui, en effet, qui désire goûter le fruit de la noix, en brise l'enveloppe. La douceur du fruit dédommage de l'amertume de la racine; l'espoir du gain va jusqu'à rendre agréable les périls de la mer. L'espoir de la guérison adoucit la douleur que cause l'opération du médecin. Or, pour annoncer dignement les oracles du Christ, il faut avoir obtenu de la divine miséricorde la grâce du pardon, et voilà pourquoi après avoir dit: «Faites pénitence», il ajoute: «Croyez à l'Évangile, car si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas ( Is 7, 15) ». «Faites donc pénitence, et croyez», c'est-à-dire renoncez aux oeuvres mortes. A quoi, en effet, servirait la foi, sans les bonnes oeuvres. Ce n'est pas cependant le mérite des bonnes oeuvres qui nous conduit à la foi, mais la foi commence, et les bonnes oeuvres viennent ensuite.
Saint Bède le Vénérable
Jean ayant été mis en prison, c'était pour le Seigneur le moment convenable de commencer sa prédication: «Il vint prêchant l'Évangile», etc. En effet, à la loi qui finit succède l'Évangile qui commence.

Il ne faut pas croire, du reste, que Jean ait été jeté en prison aussitôt la tentation des quarante jours, et le jeûne du Seigneur. Car pour tout lecteur attentif de l'Évangile de saint Jean, il est évident qu'avant l'emprisonnement de Jean-Baptiste, le Seigneur avait déjà enseigné pendant un assez long temps, et opéré un grand nombre de miracles. En effet nous lisons dans cet Évangéliste: «Ce fut le premier des miracles que fit Jésus» ( Jn 2). Et ensuite: «Jean n'avait pas encore été mis en prison». Ou rapporte que saint Jean ayant lu l'Évangile de Saint Matthieu, de saint Marc et de saint Luc, en approuva la teneur, et rendit témoignage à la vérité de leur récit, mais en faisant remarquer qu'ils n'avaient écrit que l'histoire des faits d'une seule année, celle où eut lieu la passion de Jésus, et qui suivit l'emprisonnement de Jean-Baptiste; il laissa donc de côté l'année dont les faits avaient été suffisamment racontés par les trois premiers Évangélistes, pour s'attacher à ce qui avait précédé l'emprisonnement du saint Précurseur. Après avoir dit q ue Jésus vint en Galilée prêcher l'Évangile du royaume, saint Marc ajoute: «Parce que le temps est accompli», etc.
Saint Théophylacte d'Ohrid
Ou bien le Seigneur déclare que le temps de la loi est accompli, comme s'il disait: Jusqu'ici la loi faisait son oeuvre; maintenant le royaume de Dieu va être rétabli; ce royaume qui est une vie conforme à l'Évangile; car rien ne ressemble plus au royaume des cieux. En effet, lorsque vous voyez un homme vivre dans ce corps mortel, conformément à l'Évangile, ne dites-vous pas qu'il possède en lui le royaume des cieux, qui ne consiste pas dans le boire et le manger, mais dans la justice, la paix et la joie du Saint-Esprit.
Lansperge le Chartreux
Tout ce que le Seigneur Jésus a voulu faire aussi bien que souffrir, il l'a fait pour nous instruire, nous reprendre et nous être utile. Puisqu'il savait que nous en tirerions beaucoup de fruit pour notre instruction et notre réconfort, il n'a voulu rien omettre de ce qui pourrait nous profiter. C'est pourquoi il fut conduit au désert, et il n'y a pas de doute que ce fut par l'Esprit Saint. En effet, l'Esprit Saint a voulu le conduire là où le démon pourrait le trouver et oserait s'approcher de lui pour le tenter. Car le tentateur était provoqué à le mettre à l'épreuve par des circonstances favorables, c'est-à-dire la solitude, la prière, la mortification corporelle, le jeûne et la faim. Ainsi le démon aurait-il la possibilité d'apprendre de Jésus s'il était le Christ et le Fils de Dieu.

La première chose que nous apprenons ici, c'est que la vie de l'homme sur la terre est une vie de combat (Jb 7,1). Et aussi que le chrétien doit s'attendre à être d'emblée tenté par le démon. Qu'il se prépare donc à la tentation, selon l'Écriture: Si tu viens te mettre au service du Seigneur, prépare-toi à subir l'épreuve (Si 2,1). C'est pourquoi le Seigneur a voulu réconforter par ses exemples tout nouveau baptisé, tout nouveau converti, pour qu'il n'ait pas peur et ne devienne pas timoré, si après sa conversion ou son baptême, ayant été tenté par le démon plus fortement qu'auparavant, pu s'il souffre davantage de la persécution, il lit dans l'Évangile que le Christ lui-même a été tenté par le démon aussitôt après son baptême.

La deuxième leçon que le Christ a voulu nous donner par son exemple, c'est que nous ne cherchions pas facilement à nous exposer à la tentation. Conscients de notre faiblesse, veillons plutôt à ne pas entrer en tentation, prions et évitons les occasions d'être tentés.
Louis-Claude Fillion
Et disant. S. Marc donne à ses lecteurs un résumé vraiment saisissant de la prédication du Sauveur. Son style est ici rythmé, cadencé à la façon orientale, plus encore qu’au v. 13. Nous avons de nouveau deux phrases composées chacune de deux propositions : Le temps est accompli et le royaume de Dieu est proche. Faites pénitence et croyez à l’Évangile. La première phrase indique ce que Dieu a daigné faire pour le salut des hommes ; la seconde, ce que les hommes doivent faire à leur tour pour s’approprier le salut messianique [167]. — 1° L’œuvre de Dieu. Le temps est accompli. « Le temps », en grec ὁ καιρὸς, le temps par antonomase, c’est-à-dire l’époque désignée de toute éternité pour l’accomplissement des divins décrets relatifs à la rédemption de l’humanité. « Est accompli » : la plénitude des temps est arrivée, s’écriera plus tard saint Paul à deux reprises, Ga 4, 4 et Ep 1,10 ; les longs jours d’attente (cf. Gn 49,10) qui devaient précéder la manifestation du Christ sont enfin passés. Quelle nouvelle ! Et c’est le Messie lui-même qui l’apporte ! Mais qui mieux que lui pouvait dire : Les temps sont accomplis ! — Le royaume de Dieu est proche. Le royaume de Dieu, c’est le royaume messianique dans toute son étendue. Expression consacrée, dont nous avons expliqué l’origine et le sens dans notre Commentaire sur S. Matthieu, Matth. 3, 2. — 2° L’œuvre de l’homme, ou conditions d’entrée dans le royaume des cieux. Faites pénitence. On ne pensait guère alors à réaliser cette première condition, quoique le souvenir et le désir du Messie fussent dans tous les cœurs et sur toutes les lèvres. — Seconde condition : Croyez à l’Évangile. Le grec est beaucoup plus énergique ; il dit littéralement : Croyez dans l’Évangile ! L’Évangile est pour ainsi dire l’élément dans lequel la foi devra naître et grandir ; la base sur laquelle elle devra s’appuyer. Cf. Ep 1, 1. Cette foi que Jésus exige rigoureusement des siens n’est donc pas un sentiment vague et général : son objet spécial, l’Évangile, par conséquent tout ce qui concerne la personne et l’enseignement de Notre-Seigneur, est déterminé de la façon la plus nette. — S’il est permis d’employer une expression qui est actuellement à la mode, nous dirons que tout le « programme » de Jésus est contenu dans ces quelques paroles. On y voit en premier lieu sa doctrine touchent l’ancienne Alliance : les divins oracles sont accomplis. On y voit ensuite l’idée fondamentale du Christianisme : le royaume de Dieu avec tout ce qu’il renferme. On y voit enfin les conditions préliminaires du salut : la pénitence et la foi.
Concile œcuménique
Le mystère de l’Église sainte se manifeste en sa fondation. En effet, le Seigneur Jésus posa le commencement de son Église en prêchant l’heureuse nouvelle, l’avènement du règne de Dieu promis dans les Écritures depuis les siècles : « que les temps sont accomplis et que le Royaume de Dieu est là » (Mc 1, 15 ; Mt 4, 17). Ce Royaume, il brille aux yeux des hommes dans la parole, les œuvres et la présence du Christ. La parole du Seigneur est en effet comparée à une semence qu’on sème dans un champ (Mc 4, 14) : ceux qui l’écoutent avec foi et sont agrégés au petit troupeau du Christ (Lc 12, 32) ont accueilli le Royaume lui-même ; puis, par sa propre vertu, la semence germe et croît jusqu’au temps de la moisson (cf. Mc 4, 26-29). Les miracles de Jésus confirment également que le Royaume est déjà venu sur la terre : « si c’est par le doigt de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le Royaume de Dieu est arrivé parmi vous » (Lc 11, 20 ; Mt 12, 28). Avant tout cependant, le Royaume se manifeste dans la personne même du Christ, Fils de Dieu et Fils de l’homme, « venu pour servir et donner sa vie en rançon d’une multitude » (Mc 10, 45).

L’activité missionnaire possède un lien intime avec la nature humaine elle-même et ses aspirations. Car en manifestant le Christ, l’Église révèle aux hommes par le fait même la vérité authentique de leur condition et de leur vocation intégrale, le Christ étant le principe et le modèle de cette humanité rénovée, pénétrée d’amour fraternel, de sincérité, d’esprit pacifique, à laquelle tous aspirent. Le Christ, et l’Église qui rend témoignage à son sujet par la prédication évangélique, transcendent tout particularisme de race ou de nation, et par conséquent ils ne peuvent jamais être considérés, ni lui ni elle, comme étrangers nulle part ni à l’égard de qui que ce soit. Le Christ lui-même est la vérité et la voie dont la prédication évangélique ouvre l’accès à tous, en portant aux oreilles de tous ces paroles du même Christ : « Faites pénitence et croyez à l’évangile » (Mc 1, 15). Puisque celui qui ne croit pas est déjà jugé (cf. Jn 3, 18), les paroles du Christ sont des paroles à la fois de jugement et de grâce, de mort et de vie. Car c’est seulement en faisant mourir ce qui est vieux que nous pouvons parvenir à la nouveauté de vie : cela vaut d’abord des personnes ; mais cela vaut aussi des divers biens de ce monde, qui sont marqués en même temps par le péché de l’homme et la bénédiction de Dieu : « Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Rm 3, 23). Personne n’est délivré du péché ni élevé au-dessus de lui-même par lui-même et ou par ses propres efforts, personne n’est entièrement libéré de sa faiblesse ni de sa solitude ni de son esclavage, mais tous ont besoin du Christ le modèle, le maître, le libérateur, le sauveur, celui qui donne la vie. En toute vérité, dans l’histoire humaine, même au point de vue temporel, l’Évangile a été un ferment de liberté et de progrès, et il se présente toujours comme un ferment de fraternité, d’unité et de paix. Ce n’est donc pas sans raison que le Christ est honoré par les fidèles comme « l’attente des nations et leur Sauveur.
Catéchisme de l'Église catholique
" Après que Jean eut été livré, Jésus se rendit en Galilée. Il y proclamait en ces termes la Bonne Nouvelle venue de Dieu : ‘Les temps sont accomplis et le Royaume de Dieu est tout proche : repentez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle’ " (Mc 1, 15). " Pour accomplir la volonté du Père, le Christ inaugura le Royaume des cieux sur la terre " (LG 3). Or, la volonté du Père, c’est d’" élever les hommes à la communion de la vie divine " (LG 2). Il le fait en rassemblant les hommes autour de son Fils, Jésus-Christ. Ce rassemblement est l’Église, qui est sur terre " le germe et le commencement du Royaume de Dieu " (LG 5).

Il est appelé sacrement de conversion puisqu’il réalise sacramentellement l’appel de Jésus à la conversion (cf. Mc 1, 15), la démarche de revenir au Père (cf. Lc 15, 18) dont on s’est éloigné par le péché.

Jésus appelle à la conversion. Cet appel est une partie essentielle de l’annonce du Royaume : " Les temps sont accomplis et le Royaume de Dieu est tout proche ; repentez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle " (Mc 1,15). Dans la prédication de l’Église cet appel s’adresse d’abord à ceux qui ne connaissent pas encore le Christ et son Évangile. Aussi, le Baptême est-il le lieu principal de la conversion première et fondamentale. C’est par la foi en la Bonne Nouvelle et par le Baptême (cf. Ac 2, 38) que l’on renonce au mal et qu’on acquiert le salut, c’est-à-dire la rémission de tous les péchés et le don de la vie nouvelle.
Pape Saint Jean-Paul II
Passant des principes et du devoir impérieux pour la conscience chrétienne à la mise en œuvre de la marche œcuménique vers l'unité, le Concile Vatican II met surtout en relief la nécessité de la conversion du cœur. L'annonce messianique « le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche » et l'appel qui suit « convertissez-vous et croyez à l'Evangile » (Mc 1, 15), par lesquels Jésus inaugure sa mission, définissent l'élément essentiel qui doit caractériser tout nouveau commencement: le devoir fondamental de l'évangélisation, à toutes les étapes du chemin salvifique de l'Église. Cela concerne particulièrement le processus entrepris par le Concile Vatican II, qui inscrivit dans le cadre du renouveau le devoir œcuménique d'unir les chrétiens divisés. « Il n'y a pas d'œcuménisme au sens authentique du terme sans conversion intérieure ».

C'est du fond du cœur que le jeune homme riche adresse cette question à Jésus de Nazareth, question essentielle et inéluctable pour la vie de tout homme : elle concerne, en effet, le bien moral à pratiquer et la vie éternelle. L'interlocuteur de Jésus pressent qu'il existe un lien entre le bien moral et le plein accomplissement de sa destinée personnelle. C'est un israélite pieux qui a grandi, pour ainsi dire, à l'ombre de la Loi du Seigneur. S'il pose cette question à Jésus, nous pouvons imaginer qu'il ne le fait pas par ignorance de la réponse inscrite dans la Loi. Il est plus probable que l'attrait de la personne de Jésus fait naître en lui de nouvelles interrogations sur le bien moral. Le jeune homme ressentait l'exigence d'approcher Celui qui avait commencé sa prédication par cette nouvelle et décisive annonce : « Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche : repentez-vous et croyez à l'Evangile » (Mc 1, 15).

L'évangélisation — et donc la « nouvelle évangélisation » — comporte également l'annonce et la proposition de la morale. Jésus lui-même, dans sa prédication du Royaume de Dieu et de l'amour sauveur, a lancé un appel à la foi et à la conversion (cf. Mc 1, 15). Et Pierre, avec les autres Apôtres, quand il annonce la résurrection d'entre les morts de Jésus de Nazareth, propose de vivre une vie nouvelle, une « voie » à suivre pour être disciples du Ressuscité (cf. Ac 2, 37-41 ; 3, 17-20).

Jésus de Nazareth conduit à son terme le plan de Dieu. Après avoir reçu l'Esprit Saint au baptême, il manifeste sa vocation messianique; il parcourt la Galilée, «proclamant l'Evangile de Dieu et disant: "Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche: repentez-vous et croyez à l'Evangile"» (Mc 1, 14-15; cf. Mt 4, 17; Lc 4, 43 ) . La proclamation et l'instauration du Royaume de Dieu sont l'objet de sa mission: «C'est pour cela que j'ai été envoyé» (Lc 4, 43). Mais il y a plus: Jésus est lui-même la Bonne Nouvelle, comme il le déclare dans la synagogue de son village, dès le début de sa mission, en s'appliquant la parole d'Isaïe sur l'Oint, envoyé par l'Esprit du Seigneur (cf. Lc 4, 14-21). Le Christ étant la Bonne Nouvelle, il y a en lui identité entre le message et le messager, entre le dire, l'agir et l'être. Sa force et le secret de l'efficacité de son action résident dans sa totale identification avec le message qu'il annonce: il proclame la Bonne Nouvelle non seulement par ce qu'il dit ou ce qu'il fait, mais par ce qu'il est.

Le ministère de Jésus est décrit dans le contexte de ses voyages dans son pays. L'horizon de sa mission avant la Pâque se concentre sur Israël; toutefois, il y a en Jésus un élément nouveau d'importance primordiale. La réalité eschatologique n'est pas renvoyée à une fin du monde éloignée, mais elle devient proche et commence à advenir. Le Royaume de Dieu est tout proche (cf. Mc 1, 15), on prie pour qu'il vienne (cf. Mt 6, 10), la foi le voit déjà à l'œuvre dans les signes, tels les miracles (cf. Mt 11, 4-5), les exorcismes (cf. Mt 12, 25-28), le choix des Douze (cf. Mc 3, 13-19), l'annonce de la Bonne Nouvelle aux pauvres (cf. Lc 4, 18). Dans les rencontres de Jésus avec les païens, il apparaît clairement que l'accès au Royaume advient par la foi et la conversion (cf. Mc 1, 15), et non du fait d'une simple appartenance ethnique.

L'Eglise appelle tout le monde à cette conversion, à l'exemple de Jean-Baptiste qui préparait les chemins du Seigneur en « proclamant un baptême de repentir pour la rémission des péchés » (Mc 1, 4), et à l'exemple du Christ lui-même qui, « après que Jean eut été livré, vint en Galilée, proclamant l'Evangile de Dieu et disant: "Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche; convertissez-vous et croyez à l'Evangile" » (Mc 1, 14-15).

Pour les chrétiens, comme pour tous ceux qui reconnaissent le sens théologique précis du mot «péché», le changement de conduite, de mentalité ou de manière d'être s'appelle «conversion», selon le langage biblique (cf. Mc 1, 15; Lc 13, 3.5; Is 30, 15). Cette conversion désigne précisément une relation à Dieu, à la faute commise, à ses conséquences et donc au prochain, individu ou communauté. Dieu, qui «tient dans ses mains le cœur des puissants» et le cœur de tous les hommes, peut, suivant sa propre promesse, transformer par son Esprit les «cœurs de pierre» en «cœurs de chair» (cf. Ez 36, 26).