Marc 1, 2
Il est écrit dans Isaïe, le prophète : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin.
Il est écrit dans Isaïe, le prophète : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin.
Selon qu’il est écrit. Anneau qui rattache le
Nouveau Testament à l’Ancien, l’Évangile aux Prophètes, Jésus au Messie promis. En effet, dit Jansénius,
« Le début de l’évangile ne procède pas au hasard, ni ne s’inspire d’un conseil humain. Il est tel que les
prophètes l’avaient décrit à l’avance, Dieu réalisant ce qu’il avait promis ». S. Matthieu citait à chaque
instant les écrits de l’ancienne Alliance, pour prouver le caractère messianique du Sauveur ; S. Marc ne les
rapproche de lui-même qu’à deux reprises (cf. Marc 15, 26) des faits évangéliques. Voir la Préface § 4, 3, 3°.
Mais le rapprochement actuel est significatif, comme le faisait remarquer saint Irénée[139] : « Marc…fit
ainsi le début de son ouvrage : début de l’Évangile… faisant manifestement du début de son évangile les
paroles des saints prophètes ». Il ajoute : « Ainsi donc il n'y a qu'un seul et même Dieu et Père, qui a été
prêché par les prophètes et transmis par l’Évangile, Celui-là même que nous, chrétiens, nous honorons et
aimons de tout notre cœur ». — Dans le prophète Isaïe. Les textes grecs imprimés et la plupart des
manuscrits ne mentionnent pas le nom d’Isaïe ; de plus, le mot prophète y est mis au pluriel, et de fait la
citation appartient à deux prophètes, le v. 2 à Malachie 3, 1, le v. 3 à Isaïe, 40, 3. Saint Irénée avait adopté
cette leçon. Saint Jérôme regardait de son côté le nom d’Isaïe comme une interpolation : « Nous pensons,
nous, que le nom d’Isaïe a été ajouté fautivement par un copiste » [140]. Cependant, plusieurs manuscrits
grecs importants, B, D, L, Δ, Sinait., et des versions assez nombreuses, telles que la copte, la syrienne,
l’arménienne, l’arabe et la persane, portant ou ayant lu dans le prophète Isaïe comme la Vulgate, la plupart
des critiques se décident à bon droit en faveur de cette variante. Il est vrai qu’elle crée une assez grande
difficulté d’interprétation, puisque le passage cité par S. Marc, ainsi que nous venons de le dire, n’est pas
seulement extrait de la prophétie d’Isaïe, mais encore de celle de Malachie. Toutefois ce fait même contient
une raison favorable à l’authenticité, conformément aux principes de la critique littéraire. Du reste, les
exégètes ne sont pas à court de moyens pour justifier la formule employée par S. Marc. 1° Isaïe serait seul
mentionné parce qu’il était le plus célèbre et le plus ancien des deux prophètes ; 2° ou bien son nom
représenterait le livre entier des prophéties de l’Ancien Testament, de même que le mot Psaumes servait
parfois à désigner tous les Hagiographes[141] ; 3° peut-être est-il mieux de dire que S. Marc use ici de la
liberté que les écrivains de l’antiquité soit sacrée, soit profane, s’accordaient volontiers en fait de citations :
« Comme Matthieu au chapitre 21, verset 5 n’attribue qu’au seul prophète Zacharie ce qu’Isaïe a dit lui aussi
à 62, 11, et comme saint Paul dans le chapitre 9, et le verset 27 de l’épître aux romains ne cite qu’Isaïe pour
un texte qui se trouve aussi dans Osée 2,2, de la même façon Marc se réfère à deux, mais ne nomme que le
prophète Isaïe » [142]. D’après un grand nombre de rationalistes modernes, S. Marc aurait été mal servi par
sa mémoire ; d’après Porphyre, il se serait rendu coupable d’une grossière maladresse en nommant un
prophète pour un autre[143] ! — Voici que j’envoie… Nous avons vu dans le premier Évangile, Matth. 11, 10, Notre-Seigneur appliquer lui-même ces paroles de Malachie au saint Précurseur. — Mon ange,
c’est-à-dire, d’après l’étymologie du mot ange, mon envoyé, mon messager. Jean-Baptiste n’a-t-il pas été le
vrai précurseur (litt. « celui qui court en avant ») de Jésus ?
Saint Marc réunit ici deux prophéties, dont l’une est de Malachie (voir Malachie, 3, 1), et l’autre d’Isaïe (voir Isaïe, 40, 3), parce qu’elles se complètent réciproquement. ― Mon ange, c’est-à-dire mon envoyé, saint Jean-Baptiste. Voir Matthieu, 3, 1.