Marc 1, 24

« Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. »

« Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. »
Louis-Claude Fillion
Nous trouvons dans les versets 24-26 des détails dramatiques sur ce premier des prodiges de Jésus racontés par S. Marc. L’Évangéliste communique successivement à ses lecteurs les paroles au démoniaque, v. 24, le commandement de Jésus, v. 25, et le résultat de ce commandement, v. 26. — 1° Le démoniaque, ou plutôt le démon par son intermédiaire, exprime trois idées de la plus parfaite vérité. Première idée : Qu’y a-t-il entre nous et vous ? Il n’y a rien de commun entre Jésus et le démon. La locution que le possédé emploie pour exprimer cette pensée (cf. Matth. 8, 29) dénote une séparation entière de vie et de nature, une complète opposition d’intérêts et de tendances ; cf. 2 Co 6, 14,15. Le pluriel « nous » désigne la solidarité qui existe entre tous les esprits mauvais : actuellement, c’est au nom de toute l’armée satanique que le démoniaque parle à Jésus. — Jésus de Nazareth : telle était déjà, aux premiers temps de la Vie publique du Sauveur, sa dénomination courante et populaire. Quelques commentateurs supposent, mais sans raison suffisante, que le démon l’emploie ici avec un sentiment de dédain. — Deuxième idée : Êtes-vous venu pour nous perdre ? L’esprit mauvais ne pouvait pas mieux caractériser l’objet de la mission de Notre-Seigneur : Jésus est venu pour écraser la tête de l’antique serpent, pour ruiner l’empire de Satan sur la terre. Remarquons que le Sauveur n’a encore rien dit au possédé : sa seule présence suffit néanmoins pour faire trembler le démon qui prévoit sa prochaine défaite. — Troisième idée : Jésus est le Messie promis ; Je sais que vous êtes..., s’écrie le démoniaque avec emphase : le baptême et la tentation ont révélé aux démons le caractère messianique de Jésus. — ...le saint de Dieu, le Saint par antonomase, comme le font justement observer les vieux interprètes grecs, Victor d’Antioche, Théophylacte et Euthymius. Ce titre, d’après plusieurs passages de l’Ancien Testament, Ps 15, 10 ; Da 9, 24, équivaut à celui de Messie. Tertullien et d’autres exégètes à sa suite ont pensé que le démon l’adressait à Jésus par flatterie : il est préférable de croire qu’il le lui donne en toute sincérité, quoique malgré lui, Dieu permettant que l’enfer même rendît témoignage à son Christ.
Catéchisme de l'Église catholique
La consécration messianique de Jésus manifeste sa mission divine. " C’est d’ailleurs ce qu’indique son nom lui-même, car dans le nom de Christ est sous-entendu Celui qui a oint, Celui qui a été oint et l’Onction même dont il a été oint : Celui qui a oint, c’est le Père, Celui qui a été oint, c’est le Fils, et il l’a été dans l’Esprit qui est l’Onction " (S. Irénée, hær. 3, 18, 3). Sa consécration messianique éternelle s’est révélée dans le temps de sa vie terrestre lors de son baptême par Jean quand " Dieu l’a oint de l’Esprit Saint et de puissance " (Ac 10, 38) " pour qu’il fût manifesté à Israël " (Jn 1, 31) comme son Messie. Ses œuvres et ses paroles le feront connaître comme " le saint de Dieu " (Mc 1, 24 ; Jn 6, 69 ; Ac 3, 14).