Marc 1, 45
Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui.
Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui.
Ce n'est point par sa seule parole qu'il guérit ce lépreux, mais il le touche de sa main, parce qu'il est écrit dans la loi de Moïse: «Celui qui aura touché un lépreux sera impur jusqu'au soir». ( Lv 12, 45). Il voulait montrer que cette souillure n'était qu'extérieure, et que la loi n'avait pas été portée pour lui, mais pour les simples mortels, et que pour lui, il est en réalité le Maître de la loi, et qu'il guérissait ce lépreux, non en serviteur, mais comme Maître de la loi; il convenait donc qu'il touchât ce lépreux, bien que cependant ce contact ne fût pas nécessaire pour opérer sa guérison.
En parlant ainsi, non-seulement il ne détruit point, mais il confirme plutôt l'opinion qu'avait le lépreux de sa puissance. IL le guérit d'une seule parole; et il accomplit par cette oeuvre miraculeuse le voeu que le lépreux avait exprimé. «Des qu'il eût parlé, la lèpre le quitta», etc.
Car le lépreux publiait partout cette guérison merveilleuse, de sorte que tous accouraient pour voir celui qui l'avait opérée. C'est ce qui empêchait le Seigneur de prêcher l'Évangile dans les villes, et l'obligeait à demeurer dans les lieux déserts: «Et ils venaient en foule à lui de tous côtés».
«Or, Jésus, ému de compassion, étendit la main, et le touchant, lui dit: Je le veux; soyez guéri». Il ne faut pas donner à ces paroles le sens que lui donnent la plupart des latins qui traduisent: «Je veux te guérir», mais il faut séparer les deux mots et lire: «Je le veux», puis à l'impératif: «Soyez guéri».
Dans le sens mystique, notre lèpre, c'est le péché du premier homme, poché qui a commencé par envahir la tête, quand Adam a désiré les royaumes de ce monde. Car la racine de tous les maux, c'est la cupidité. Ainsi Giezi, pour avoir ouvert son coeur à l'avarice, est tout couvert de lèpre.
Or, cette lèpre qui est montrée au prêtre selon l'ordre de Melchisédech, est guérie moyennant l'offrande qui est faite, conformément aux paroles du divin Maître: «Donnez l'aumône et tout sera pur pour vous» ( Lc 11). Quant à l'impossibilité où était Jésus d'entrer dans les villes, elle signifie qu'il ne s'est pas manifesté à tous, à ceux particulièrement qui recherchent les vaine s louanges, les bruyantes acclamations des places publiques et la satisfaction de leur volonté propre, mais bien à ceux qui sortent dehors avec Pierre, qui aiment la solitude du désert, solitude que Jésus recherchait pour prier et pour nourrir le peuple; à ceux enfin qui sacrifient les vains plaisirs du monde et tout ce qu'ils possèdent, pour dire: «Le Seigneur est mon partage». Et la gloire du Seigneur se manifeste à ceux qui viennent de toutes parts (par les chemins unis comme par ceux qui sont plus difficiles), et que rien ne peut séparer de la charité de Jésus-Christ.
Tout ce que dit ici saint Marc de la guérison de ce lépreux, nous autorise à croire que c'est le même dont saint Matthieu rapporte la guérison opérée par le Seigneur, lorsqu'il descendit de la montagne après son discours.
On demande ici avec raison pourquoi le miracle que le Seigneur avait opéré et qui par son ordre devait être tenu secret, ne put rester caché un seul instant. A cela, nous répondons que Jésus, qui avait opéré ce miracle, ordonna de le tenir secret, sans toutefois l'obtenir, pour apprendre à ses élus, dans les grandes choses qu'ils pourraient faire, à imiter son exemple en désirant rester cachés et en ne consentant à être mis en évidence qu'à regret, et pour l'édification des autres. On ne peut donc dire que le Sauveur voulut ici ce qu'il ne put obtenir, mais avec toute l'autorité de son caractère, il enseigne à ses membres quelles doivent être leurs intentions, et aussi ce qui doit arriver malgré leur volonté.
Après que la langue insidieuse des dénions eût été réduite au silence, et que la femme qui avait été séduite la première fut guérie de sa fièvre, en troisième lieu, l'homme qui s'était perdu, en écoutant les paroles pernicieuses de son épouse, est guéri de la lèpre de son égarement, afin que l'ordre suivi par le Sauveur dans la réparation du genre humain, fût le même que l'ordre suivi dans la chute de nos premiers parents. «Et un lépreux vint à lui, le suppliant», etc.
Et comme le Seigneur a déclaré qu'il n'était pas venu détruire la loi, mais l'accomplir; ce lépreux que la loi excluait du commerce des hommes, et qui espérait sa guérison de la puissance du Seigneur fit voir que la grâce qui avait la vertu de purifier les souillures d'un lépreux ne venait pas de la loi, mais lui était bien supérieure. Nous voyons éclater ici tout à la fois la vertu de la puissance du Seigneur, et la fermeté de la foi de cet homme: «Et il l'implorait à genoux en disant: Seigneur, si vous voulez, vous pouvez me guérir». Il se prosterna le visage contre terre (ce qui est une marque d'humilité et de confusion), pour apprendre à chacun de nous à rougir des fautes qui souillent notre âme. Mais la honte n'empêcha point l'aveu de sa misère. Il découvrit sa blessure et en implora le remède, et sa confession est pleine de religion et de foi: «Si vous voulez, dit-il, vous pouvez». Il fait dépendre la puissance du Seigneur de sa volonté.
Du reste, cet homme ne douta pas ni de la volonté du Seigneur ni de ça commisération, mais à la pensée de la lèpre dont il était couvert, il osait à peine en espérer la guérison.
Il le toucha aussi pour prouver qu'il ne pouvait contracter de souillures, lui qui venait en délivrer les autres. C'est d'ailleurs une chose vraiment admirable, que de voir le Sauveur guérir ce lépreux en se conformant à sa prière: «Si vous voulez, lui dit le lépreux, vous pouvez me guérir». «Je le veux, répond Jésus, vous voilà maître de ma volonté, soyez guéri». Voilà l'effet de ma commisération pour vous.
Car il n'y a point d'intervalle entre l'oeuvre de Dieu et son commandement, parce que dans son commandement est renfermée son oeuvre: «Il a dit, et tout a été fait».
«Et Jésus le renvoya en lui disant d'un ton sévère: Gardez-vous de parler à personne de ce miracle». Jésus-Christ nous apprend ainsi fi ne point rechercher l'estime des hommes, en retour de nos bonnes oeuvres: «Allez, montrez-vous au prince des prêtres». Or, il l'envoie au prince des prêtres pour faire constater sa guérison, et afin qu'il ne fût pas chassé hors du temple, mais qu'il lui fût permis de se joindre au peuple pour la prière publique. - Il l'envoie encore pour accomplir la loi et fermer la bouche à la malignité des Juifs. Il a opéré, le miracle; il leur laisse le soin de le constater.
Il veut aussi faire comprendre au prêtre que cet homme devait sa guérison non à la vertu de la loi, mais à la grâce de Dieu qui est au-dessus de la loi.
Si l'on est surpris de voir le Seigneur approuver les sacrifices judaïques que l'Eglise rejette, il faut se rappeler qu'il n'avait point encore offert son holocauste dans sa passion. Or, les sacrifices figuratifs ne devaient cesser qu'après que le sacrifice qu'ils représentaient serait confirmé par le témoignage des Apôtres et la foi de tous les peuples.
La guérison d'un seul homme amena au Seigneur une foule nombreuse: «En sorte qu'il ne pouvait paraître publiquement dans une ville, mais qu'il était obligé de se tenir dehors dans des lieux déserts.
Mais le Sauveur ayant étendu la main (c'est-à-dire le Verbe de Dieu s'étant incarné et s'étant mis en contact avec la nature humaine), l'a guérie de la lèpre de ses anciennes erreurs.
Après avoir opéré ce miracle dans la ville, le Seigneur se retira dans le désert pour montrer qu'il préfère la vie tranquille, éloignée des sollicitudes du siècle, et que c'est dans le désir d'en goûter les charmes qu'il consacre ses soins à la guérison des hommes.
Le Seigneur guérit chaque jour l'âme de tout homme qui l'implore, l'adore pieusement et proclame avec foi ces paroles: Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier (Mt 8,2), et cela quel que soit le nombre de ses fautes. Car celui qui croit du fond du coeur devient juste (Rm 10,10). Il nous faut donc adresser à Dieu nos demandes en toute confiance, sans mettre nullement en doute sa puissance.
Et si nous prions avec une foi pleine d'amour, nous bénéficions certainement, pour parvenir au salut, du concours de la volonté divine qui agit en proportion de sa puissance et qui est capable de produire son effet. C'est la raison pour laquelle le Seigneur répond aussitôt au lépreux qui le supplie: Je le veux (Mt 8,3). Car, à peine le pécheur commence-t-il à prier avec foi, que la main du Seigneur se met à soigner la lèpre de son âme.
Ce lépreux nous donne un conseil excellent sur la façon de prier. Ainsi ne met-il pas en doute la volonté du Seigneur, comme s'il refusait de croire en sa bonté. Mais, conscient de la gravité de ses fautes, il ne veut pas présumer de cette volonté. Quand il dit que le Seigneur, s'il le veut, peut le purifier, il fait bien d'affirmer ainsi le pouvoir qui appartient au Seigneur, de même que sa foi inébranlable. Car, pour obtenir une grâce, la foi pure et vraie est à bon droit requise tout autant que la mise en oeuvre de la puissance et de la bonté du Créateur.
Par ailleurs, si la foi est faible, elle doit d'abord être fortifiée. C'est alors seulement qu'elle révélera toute sa puissance pour obtenir la guérison de l'âme et du corps. L'apôtre Pierre parle sans aucun doute de cette foi quand il dit: Il a purifié leurs coeurs par la foi (Ac 15,9). Si le coeur des croyants est purifié par la foi, nous devons entendre par là la force de la foi, car, comme le dit l'apôtre Jacques, celui qui doute ressemble au flot de la mer (Jc 1,6).
Mais la foi pure, vécue dans l'amour, maintenue par la persévérance, patiente dans l'attente, humble dans son affirmation, ferme dans sa confiance, pleine de respect dans sa prière et de sagesse dans ce qu'elle demande, est certaine d'entendre en toute circonstance cette parole du Seigneur: Je le veux.
En ayant présente à l'esprit cette réponse admirable, nous devons regrouper les mots selon leur sens. Aussi bien le lépreux a-t-il dit pour commencer: Seigneur, si tu le veux, et le Seigneur: Je le veux. Le lépreux ayant ajouté: Tu peux me purifier, le Seigneur ordonna avec la puissance de sa parole: Sois purifié (Mt 8,2-3). Vraiment, tout ce que le pécheur a proclamé dans une vraie confession de foi, la bonté et la puissance divine l'ont aussitôt accompli par grâce.
Un autre évangéliste précise que l'homme qui recouvra la santé était tout couvert de lèpre (Lc 5,12), afin que personne ne perde confiance en raison de la gravité de ses fautes. Car tous les hommes sont pécheurs, ils sont tous privés de la gloire de Dieu (Rm 3,23).
C'est pourquoi, si nous croyons à bon droit que la puissance de Dieu est à l'oeuvre partout, nous devons le croire également de sa volonté. Il veut, en effet, que tous les hommes soient sauvés et arrivent à connaître pleinement la vérité (1Tm 2,4).
Et si nous prions avec une foi pleine d'amour, nous bénéficions certainement, pour parvenir au salut, du concours de la volonté divine qui agit en proportion de sa puissance et qui est capable de produire son effet. C'est la raison pour laquelle le Seigneur répond aussitôt au lépreux qui le supplie: Je le veux (Mt 8,3). Car, à peine le pécheur commence-t-il à prier avec foi, que la main du Seigneur se met à soigner la lèpre de son âme.
Ce lépreux nous donne un conseil excellent sur la façon de prier. Ainsi ne met-il pas en doute la volonté du Seigneur, comme s'il refusait de croire en sa bonté. Mais, conscient de la gravité de ses fautes, il ne veut pas présumer de cette volonté. Quand il dit que le Seigneur, s'il le veut, peut le purifier, il fait bien d'affirmer ainsi le pouvoir qui appartient au Seigneur, de même que sa foi inébranlable. Car, pour obtenir une grâce, la foi pure et vraie est à bon droit requise tout autant que la mise en oeuvre de la puissance et de la bonté du Créateur.
Par ailleurs, si la foi est faible, elle doit d'abord être fortifiée. C'est alors seulement qu'elle révélera toute sa puissance pour obtenir la guérison de l'âme et du corps. L'apôtre Pierre parle sans aucun doute de cette foi quand il dit: Il a purifié leurs coeurs par la foi (Ac 15,9). Si le coeur des croyants est purifié par la foi, nous devons entendre par là la force de la foi, car, comme le dit l'apôtre Jacques, celui qui doute ressemble au flot de la mer (Jc 1,6).
Mais la foi pure, vécue dans l'amour, maintenue par la persévérance, patiente dans l'attente, humble dans son affirmation, ferme dans sa confiance, pleine de respect dans sa prière et de sagesse dans ce qu'elle demande, est certaine d'entendre en toute circonstance cette parole du Seigneur: Je le veux.
En ayant présente à l'esprit cette réponse admirable, nous devons regrouper les mots selon leur sens. Aussi bien le lépreux a-t-il dit pour commencer: Seigneur, si tu le veux, et le Seigneur: Je le veux. Le lépreux ayant ajouté: Tu peux me purifier, le Seigneur ordonna avec la puissance de sa parole: Sois purifié (Mt 8,2-3). Vraiment, tout ce que le pécheur a proclamé dans une vraie confession de foi, la bonté et la puissance divine l'ont aussitôt accompli par grâce.
Un autre évangéliste précise que l'homme qui recouvra la santé était tout couvert de lèpre (Lc 5,12), afin que personne ne perde confiance en raison de la gravité de ses fautes. Car tous les hommes sont pécheurs, ils sont tous privés de la gloire de Dieu (Rm 3,23).
C'est pourquoi, si nous croyons à bon droit que la puissance de Dieu est à l'oeuvre partout, nous devons le croire également de sa volonté. Il veut, en effet, que tous les hommes soient sauvés et arrivent à connaître pleinement la vérité (1Tm 2,4).
Il ne dit pas: Si vous priez Dieu, mais: «Si vous voulez», comme un homme qui croit à la divinité du Sauveur.
Il leur commande d'offrir le présent qu'avaient l'habitude d'offrir ceux qui étaient purifiés, pour témoigner qu'il n'agissait pas contre la loi, mais qu'il la confirmait, puisqu'il en accomplissait les prescriptions.
Le lépreux publie le bienfait du Seigneur, malgré la défense qu'il lui en a faite: «Or, le lépreux s'en allant, commença à publier et à répandre la nouvelle de sa guérison. Il faut que celui qui a reçu un bienfait soit reconnaissant et rende grâce au bienfaiteur, bien que celui-ci n'ait point besoin de reconnaissance.
Mais cet homme, étant parti. Le lépreux s’éloigne
comme le voulait Jésus ; bientôt sans doute il alla faire déclarer officiellement sa guérison par les prêtres.
Quant à l’ordre qui lui enjoignait le silence, il n’en tint aucun compte. Tout au contraire, il se mit à raconter
et à divulguer la chose. Les sentiments de joie et de reconnaissance qui remplissaient son âme furent plus
forts que son désir d’obéir au Sauveur. Du reste, il ne fut pas le seul à se conduire ainsi : plusieurs autres
malades miraculeusement rendus à la santé par Notre-Seigneur agirent de même dans des circonstances
analogues. Cf. Matth. 9, 30 et suiv. ; Marc, 7, 36. — Le texte grec ajoute « plusieurs », c’est-à-dire, suivant
l’excellente explication de Maldonat, « Ils dirent plusieurs choses à la louange du Christ ». — De sorte
que… Le résultat de cette indiscrétion fut immense : il est décrit par l’Évangéliste d’une manière très
pittoresque. — Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville. Jésus perdit une grande partie de sa
liberté d’action : il ne pouvait plus se montrer dans les villes sans exciter de vifs mouvements
d’enthousiasme. Le trait raconté par S. Marc au début du chapitre suivant (Marc 2, 2), prouvera jusqu’à quel
point allait cet enthousiasme. — Dans une ville ; dans quelque ville que ce fût, car il n’y a pas d’article dans
le grec. — Mais il se tenait dehors, dans des lieux déserts. Le divin Maître fut donc obligé de se retirer dans
les solitudes mentionnées plus haut [186] et de vivre éloigné des hommes, contrairement à ses desseins
apostoliques (v. 38). « dehors », par rapport aux villes. — Et l’on venait à lui de toutes parts. Autre trait
charmant : Jésus a beau faire, la multitude qu’il a ravie sait le trouver quand même ; ou plutôt, Jésus ne se
propose pas de fuir, mais simplement d’éviter des manifestations aussi imprudentes qu’inutiles. Il se livrait
donc à l’exercice de son ministère envers les bonnes âmes qui parvenaient à le rejoindre.