Marc 10, 22
Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.
Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.
Cette parole du Maître, si ardemment désirée, produisit un résultat désastreux, que S. Marc décrit avec
son énergie accoutumée. Le verbe grec se dit en effet d’un ciel qui s’assombrit, d’une nuit obscure [434]. Il
nous fait donc assister à la transformation qui se manifesta aussitôt sur le visage du jeune homme. Nous
devons dire pourtant que, selon d’autres auteurs, il signifierait « être effrayé » [435] ; dans ce cas,
l’Évangéliste décrirait un effet moral et non un jeu de physionomie. — S’en alla triste. Hélas ! pour lui se
réalisait le célèbre :
Je vois le bien, je l'aime et je fais le mal.
Il y avait en lui deux tendances : les biens temporels et les biens éternels le tiraient en sens contraires. Il eut
la lâcheté de sacrifier l’amitié du Sauveur et ses désirs de perfection à l’attrait qui l’entraînait vers les
richesses périssables. Dante stigmatise cette conduite par le nom de « grand refus ». Quelques mois plus tard,
nous verrons au contraire à Jérusalem de nombreux chrétiens vendre d’eux-mêmes leurs biens et en apporter
le prix aux Apôtres, pour mener ensuite une vie toute dégagée des préoccupations terrestres. Cf. Ac 4, 34-37.
Enfin, notre combat doit faire face à ce que nous ressentons comme nos échecs dans la prière : découragement devant nos sécheresses, tristesse de ne pas tout donner au Seigneur, car nous avons " de grands biens " (cf. Mc 10, 22), déception de ne pas être exaucés selon notre volonté propre, blessure de notre orgueil qui se durcit sur notre indignité de pécheur, allergie à la gratuité de la prière, etc. La conclusion est toujours la même : à quoi bon prier ? Pour vaincre ces obstacles, il faut combattre pour l’humilié, la confiance et la persévérance.