Marc 10, 32

Les disciples étaient en route pour monter à Jérusalem ; Jésus marchait devant eux ; ils étaient saisis de frayeur, et ceux qui suivaient étaient aussi dans la crainte. Prenant de nouveau les Douze auprès de lui, il se mit à leur dire ce qui allait lui arriver :

Les disciples étaient en route pour monter à Jérusalem ; Jésus marchait devant eux ; ils étaient saisis de frayeur, et ceux qui suivaient étaient aussi dans la crainte. Prenant de nouveau les Douze auprès de lui, il se mit à leur dire ce qui allait lui arriver :
Louis-Claude Fillion
Ils étaient en chemin. Plus haut, v. 17, l’Évangéliste nous montrait Notre-Seigneur se dirigeant vers la route ; maintenant, Jésus et les siens sont en chemin. Quelle parfaite exactitude dans les détails les plus minutieux ! — Pour monter à Jérusalem. Voyez, sur cette expression, l’Évangile selon S. Matthieu, Matth. 20, 17. — Les mots suivants, Jésus marchait devant eux, et ils étaient troublés sont vraiment dramatiques. Nous devons à S. Marc ce magnifique tableau. À l’avant-scène on aperçoit le divin Maître, qui marche le premier, à quelque distance des siens. Il sait qu’il se dirige vers le Calvaire ; mais c’est pour cela même qu’il se hâte avec une sainte impatience, « faisant voir, dit justement Théophylacte, qu’il va au-devant de sa Passion, et qu’il ne redoute pas d’endurer la mort pour notre salut ». Ce trait est donc un commentaire plastique de la parole : « J’ai à être baptisé d’un baptême, et comme je me sens pressé jusqu’à ce qu’il s’accomplisse ! » Luc 12, 50. Derrière ce glorieux capitaine, qui choisit vaillamment le poste d’honneur, nous voyons la troupe timide de ses soldats. Ils étaient troublés, stupéfaits de son courage. En effet, ils ne l’ignoraient pas d’après les scènes dont ils avaient été naguère témoins dans la capitale juive [442], aller à Jérusalem dans les circonstances présentes, c’était s’offrir librement à toute sorte de dangers. Aussi est-il ajouté qu’ils le suivaient avec crainte. Ils redoutaient pour lui et pour eux-mêmes les conséquences d’une pareille démarche. De là une sorte d’hésitation bien naturelle. Néanmoins, ils suivaient leur divin Maître : ce n’est qu’à Gethsémani que leur courage devait entièrement faiblir pour un temps. D’après la variante des manuscrits B, C, L, Γ, Sin., il semblerait que les disciples qui accompagnaient Jésus formassent en ce moment, comme deux groupes distincts, l’un plus courageux, le suivant de plus près, l’autre tout à fait à l’arrière, à moitié décidé à l’abandonner. Mais cette leçon n’est pas assez autorisée pour que nous la préférions à celle de la Recepta. — Prenant de nouveau les douze à part. Le Sauveur s’arrête tout à coup pour rallier la troupe intimidée de ses Apôtres. Les groupant autour de lui, « il se mit à leur prédire ce qui devait lui arriver ». C’était pour la troisième fois qu’il entrait devant eux dans ces tristes détails. La première prédiction de ce genre avait eu lieu après la Confession de saint Pierre, Marc 8, 31 ; la seconde, après la Transfiguration, Marc 9, 30-32.