Marc 10, 42
Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir.
Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir.
Les dix autres...
commencèrent à s’indigner. S. Matthieu parait supposer que l’indignation des disciples éclata complètement,
« s’indignèrent » ; S. Marc dit avec une nuance qu’elle commençait seulement à se manifester, quand Jésus
la réprima en réunissant les Douze autour de lui pour leur donner à tous une grave leçon. — Vous savez…
Voyez l’Évangile selon S. Matthieu, Matth. 20, 25. Nous n’avons à noter ici qu’une expression spéciale à
notre Évangéliste, ceux qui sont regardés comme les chefs des nations. Pourquoi ce « sont regardés » au lieu
de « qui gouvernent », qui serait beaucoup plus clair ? De nombreux auteurs pensent que ce verbe est destiné
à exprimer quelque idée particulière ; mais il est assez difficile de dire laquelle. Il existe à ce sujet plusieurs
interprétations : Ceux qui s’imaginent qu’ils gouvernent les nations ; Ceux qui s’arrogent le droit de
gouverner… ; Ceux qui paraissent gouverner… (par opposition au gouvernement divin qui est le seul
véritable) ; Ceux qui sont reconnus comme les gouvernements des nations [447] ; Ceux qui ont l’honneur de
gouverner… Les partisans de cette dernière traduction s’appuient, entre autres raisons, sur l’analogie qui existe entre le verbe grec δοκεῖν (sembler, paraître), les mots sanscrits « dac », briller, « dacas », gloire, et les
mots latins « decet, decus, dignus » (gloire, dignité, etc). Nous préférons, avec D. Calmet et d’autres
commentateurs, regarder le verbe δοκεῖν en cet endroit comme un pur pléonasme, dont on trouve d’assez
fréquents exemples soit dans le Nouveau Testament [448], soit chez les auteurs profanes [449].
Ce service de l'unité, enraciné dans l'œuvre de la miséricorde divine, est confié, à l'intérieur même du collège des Evêques, à l'un de ceux qui ont reçu de l'Esprit la charge, non pas d'exercer un pouvoir sur le peuple — comme le font les chefs des nations et les grands (cf. Mt 20, 25; Mc 10, 42) —, mais de conduire le peuple pour qu'il puisse avancer vers de paisibles pâturages. Cette charge peut imposer d'offrir sa propre vie (cf. Jn 10, 11-18). Après avoir montré que le Christ est « le seul Pasteur, en l'unité de qui tous ne font qu'un », saint Augustin exhorte: « Que tous les pasteurs soient donc en un seul pasteur, qu'ils fassent entendre la voix unique du pasteur; que les brebis l'entendent, qu'elles suivent leur pasteur, non pas celui-ci ou celui-là, mais le seul. Et que tous, en lui, fassent entendre une seule voix, et non pas des voix discordantes. Cette voix, débarrassée de toute division, purifiée de toute hérésie, que les brebis l'écoutent! » La mission de l'Evêque de Rome au sein du groupe de tous les pasteurs consiste précisément à « veiller » (episkopein), comme une sentinelle, de sorte que, grâce aux pasteurs, on entende dans toutes les Églises particulières la voix véritable du Christ-Pasteur. Ainsi, se réalise, dans chacune des Eglises particulières qui leur sont confiées, l'Eglise une, sainte, catholique et apostolique. Toutes les Eglises sont en pleine et visible communion, parce que les Pasteurs sont en communion avec Pierre et sont ainsi dans l'unité du Christ.