Marc 11, 13

Voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, il alla voir s’il y trouverait quelque chose ; mais, en s’approchant, il ne trouva que des feuilles, car ce n’était pas la saison des figues.

Voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, il alla voir s’il y trouverait quelque chose ; mais, en s’approchant, il ne trouva que des feuilles, car ce n’était pas la saison des figues.
Louis-Claude Fillion
Et voyant de loin un figuier. « De loin » est une particularité de S. Marc. Dans cette région, si fertile en figuiers que Bethphagé (« la maison des figues ») en tirait son nom, Jésus aperçut donc à quelque distance un de ces arbres tout couvert de feuilles, bien que la saison fût encore peu avancée. Il était peut être d’une espèce plus précoce, ou bien il jouissait d’une meilleure exposition que les autres. — Il alla voir s’il y trouverait quelque chose. Le texte grec précise « en conséquence » : la présence de feuilles sur ce figuier, tandis que les arbres voisins n’avaient pas encore bourgeonné, était un fait dont on pouvait conclure qu’il portait probablement des fruits. — Mais pourquoi l’Évangéliste, après avoir constaté que Jésus ne trouva pas la moindre figue, ajoute-t-il aussitôt : car ce n’était pas le temps des figues ? Cette note exégétique, qui est propre à S. Marc, a jeté les interprètes dans une grande perplexité, parce qu’elle semble taxer d’inconséquence la conduite de Notre-Seigneur. Aussi a-t-on recouru aux subterfuges les plus singuliers pour lui trouver un sens acceptable. Heinsius et plusieurs autres commentateurs, par le simple changement d’un accent, obtiennent cette traduction : Là où Jésus se trouvait, c’était le temps des figues. S. Marc se serait donc proposé de rappeler à ses lecteurs que, grâce au climat tempéré de la Judée, Jésus pouvait chercher déjà des figues mûres. D’autres (Majus, etc.) essayent d’échapper à la difficulté en plaçant un point d’interrogation : « N’était-ce pas en effet le temps des figues ? » D’autres encore (Deyling, Kuinœl, Wetstein) donnent à la négation la signification de « ce n’était pas encore le temps de récolter des figues », d’où il suit, disent-ils, que la démarche du Sauveur était très naturelle, la récolte n’ayant pas encore eu lieu, les arbres n’étant pas encore dépouillés de leurs fruits. Hammond, Paulus, Olshausen, etc., traduisent de leur côté : « Ce n’était pas une année favorable pour les figues ». Quelques interprètes trouvent plus commode de dire que ce passage est apocryphe. Nous ne parlons pas des rationalistes, qui se tirent non moins aisément d’affaire en le déclarant illogique (de Wette), inexplicable (Holtzmann), contradictoire (Strauss, Hilgenfeld). On peut cependant lui trouver un sens très raisonnable sans qu’il soit besoin d’avoir recours à toutes ces mesures plus ou moins outrées. En faisant remarquer que « ce n’était pas la saison des figues », car il faut maintenir aux mots leur signification évidente, S. Marc voulait indiquer que la démarche du Sauveur n’était pas fondée sur l’époque de l’année où l’on se trouvait alors, mais sur quelque autre circonstance propre à l’arbre en question. Celle circonstance a été mentionnée plus haut : Le figuier avait des feuilles. Le figuier émettant ses fruits avant ses feuilles, une plante de cette espèce qui attirait l’attention des passants par la précocité de son feuillage, les invitait par là-même à venir chercher sur lui un fruit rafraîchissant.