Marc 11, 3

Si l’on vous dit : “Que faites-vous là ?”, répondez : “Le Seigneur en a besoin, mais il vous le renverra aussitôt.” »

Si l’on vous dit : “Que faites-vous là ?”, répondez : “Le Seigneur en a besoin, mais il vous le renverra aussitôt.” »
Louis-Claude Fillion
Que faites-vous ? De même S. Luc « Pourquoi le déliez-vous ? » Ce langage direct est beaucoup plus vivant que le « Et si quelqu’un vous dit quelque chose » de S. Matthieu. — Le Seigneur en a besoin. En tant que Messie, Jésus était le souverain Seigneur et Maître de toutes choses : il jouissait du droit de réquisition, dont il usait ici pour la première fois. — Mais bientôt, il le renverra ici. Par ces mots, le Sauveur prédit qu’au seul nom « Le Seigneur » (avec l’article) le propriétaire de l’animal se prêtera aussitôt au dessein des Apôtres. Quelques auteurs, déroutés par l’adverbe bientôt, donnent à tort une autre signification à ce passage. Suivant eux, ces mots ne contiendraient pas une prédiction de Jésus, mais la suite de la communication qu’il chargeait ses envoyés d’adresser au maître supposé récalcitrant de l’ânon : « Dites que le Seigneur en a besoin, et qu’il le renverra bientôt là-bas ». Cette interprétation nous paraît manquer de grandeur, surtout dans la circonstance où se trouvait Jésus. — Μ. Reuss, bien que rationaliste à ses heures, fait ici une remarque très juste, qu’on nous permettra de citer : « Le récit de la mission des deux disciples doit faire sur le lecteur l’impression d’un double miracle, d’après l’intention même des narrateurs. Jésus sait, sans l’avoir vu, qu’un âne se trouve attaché à une porte, à l’entrée même du village ; il voit que cet âne n’a jamais encore servi de monture à qui que ce soit ; il prédit, non seulement que le propriétaire trouvera à redire à ce qu’on le détache, ce qui était bien naturel, mais que cette seule parole : Le Seigneur en a besoin, suffira pour lever toute difficulté. Si l’on voulait dire que Jésus avait pris d’avance ses mesures, et retenu l’âne de concert avec le propriétaire, cela reviendrait à l’accuser d’avoir joué la comédie devant ses disciples, qui auraient sans doute raconté le fait dans des termes très différents s’ils avaient eu connaissance d’un pareil arrangement préalable. Mais ils nous le représentent comme voyant à distance et comme exerçant une influence surnaturelle sur la volonté d’autrui » [461]. Voyez dans Stanley [462], une curieuse légende musulmane touchant l’ânon qui servit au triomphe de Jésus.