Marc 14, 11
À cette nouvelle, ils se réjouirent et promirent de lui donner de l’argent. Et Judas cherchait comment le livrer au moment favorable.
À cette nouvelle, ils se réjouirent et promirent de lui donner de l’argent. Et Judas cherchait comment le livrer au moment favorable.
Pourquoi me faire connaître sa patrie, plut à Dieu qu'il fut permis d'ignorer jusqu'à son nom ! Mais il y avait un autre disciple, appelé Judas, fils de Jacques ou Zélotes, et c'est pour prévenir la confusion qui aurait pu naître de l'identité de nom, que l'Évangéliste distingue Judas de celui-ci. Toutefois, il ne dit pas: Judas le traître, pour nous apprendre, à son exemple, à éviter tout ce qui peut porter atteinte à la réputation du prochain. Cependant en spécifiant qu'il est l'un des douze, il fait ressortir la conduite abominable de ce traître; car Jésus avait d'autres disciples, mais ils ne vivaient pas dans son intimité, et n'étaient pas honorés comme Judas de sa confiance. Les douze, au contraire, étaient des disciples éprouvés, c'était comme l'escorte royale, et c'est de ses rangs que sortit ce traître disciple.
O avarice insensée du traître ! L'avarice est la source de tous les maux, elle retient les âmes captives, elle les étreint de chaînes multipliées, elle efface en eux tout souvenir, et montre jusqu'où l'esprit de l'homme peut porter la folie: Victime de cette passion insensée, Judas a tout oublié: la vie intime avec son divin Maître, la table qui les réunissait, ses enseignements, ses conseils, ses douces persuasions. Ecoutez en effet la suite: «Et il cherchait l'occasion de leur livrer».
Mais on ne trouve jamais l'occasion d'accomplir une perfidie sans que la vengeance ne la suive d'une manière ou de l'autre.
Il n'était du reste un des douze que numériquement, et non par ses vertus, il était un des douze par le corps, et non par l'esprit. Aussitôt qu'il fut sorti, il s'en alla vers les princes des prêtres, et Satan entra dans son âme, car tout être animé tend à se réunir à son semblable.
L'infortuné Judas veut compenser par le prix qu'il espère de la vente de son Maître, la perte qu'il croyait avoir faite par ce parfum répandu: «Et Judas Iscariote, l'un des douze, s'en alla trouver les princes des prêtres, pour leur livrer Jésus».
«Il s'en alla», donc ce n'étaient point les princes des prêtres qui l'appelaient, aucune nécessité ne le pressait, c'est par le libre choix de sa volonté criminelle qu'il forme ce noir dessein.
Qu'il en est beaucoup aujourd'hui qui sont pleins d'horreur pour le crime abominable à leurs yeux de Judas, qui vend pour une somme d'argent son Seigneur, son Maître et son Dieu; et qui ne cherchent nullement à l'éviter. Car lorsqu'ils sacrifient à des présents, les droits de la charité et de la vérité, que font-ils autre chose que de trahir Dieu qui est la charité et la vérité par essence ?
L'Évangéliste ajoute: «Pour le leur livrer», c'est-à-dire pour leur faire connaître les moments où il était seul; car ils craignaient de s'emparer de lui quand il enseignait la foule qui aurait pu prendre sa défense. Or, il promet de le leur livrer dans les mêmes termes dont s'était servi autrefois le démon son maître. «Je vous donnerai toute cette puissance» ( Lc 4, 6). «En l'écoutant, ils eurent beaucoup de joie, et ils promirent de lui donner de l'argent». Ils promettent de l'argent, et ils perdent la vie, et au moment où il reçoit cet argent, le traître perd lui-même la vie.
Après l’avoir entendu, ils se réjouirent.
S. Matthieu n’avait pas mentionné ce trait caractéristique. On comprend sans peine que la proposition du
Judas ait rempli le cœur des Sanhédristes d’une joie infernale. On l’a vu, vv. 1 et 2, ils étaient réellement
inquiets sur l’issue d’une entreprise qu’ils croyaient hérissée de difficultés, même de dangers, et voici qu’un
des amis les plus intimes de Jésus se chargeait de lever tout obstacle ! — « Et ils convinrent de lui donner
trente pièces d’argent », dit S. Matthieu. C’est pour cette misérable somme que l’avare Judas vendit son
Maître. — Et il cherchait une occasion favorable… Devenu l’agent des Princes des prêtres, le traître guette
le moment favorable de tomber sur sa proie. L’arrestation, en effet, ne pouvait guère avoir lieu à Béthanie, où
Jésus comptait un si grand nombre d’amis dévoués.