Marc 14, 21
Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! »
Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! »
Nous voyons ici évidemment que Notre-Seigneur ne découvrait pas à tous indifféremment ce perfide disciple, pour ne pas augmenter son impudence; mais il ne tait pas non plus complètement son noir dessein, de peur que la persuasion qu'il n'était pas connu ne le rendit plus audacieux pour consommer sa trahison.
Mais comme il en est beaucoup qui, à l'exemple de Judas, font des oeuvres dont le résultat est bon, mais absolument sans aucune utilité pour eux, Notre-Seigneur ajoute: «Cependant, malheur à l'homme par lequel le Fils de l'homme sera livré».
Il eut été préférable qu'il restât toujours caché dans le sein de sa mère, car il vaut mieux ne pas exister que d'exister pour une vie de tourments.
Le soir de ce jour est la figure du soir du monde. C'est vers la onzième heure qu'arrivent les derniers ouvriers qui sont les premiers à recevoir le denier de la vie éternelle ( Mt 20). Tous les disciples sont également touchés par leur maître, et comme les cordes d'une lyre bien accordée, ils répondent avec une harmonie parfaite et d'une voix unanime: «Ils commencèrent à s'attrister, et chacun d'eux lui demandait: Est-ce moi ?» Un seul, comme une corde détendue et imbibée de l'amour de l'argent, lui dit: «Est-ce moi, Seigneur ?» comme nous le lisons dans saint Matthieu.
Il dit: «L'un des douze», qui se sépare d'eux, c'est ainsi que le loup sépare des autres la brebis qu'il veut prendre, et la brebis qui sort de la bergerie est exposée sans défense à la dent des loups. Un premier et un second avertissement n'ont pu détourner Judas du sentier de la trahison, Notre-Seigneur lui prédit donc son châtiment, afin que la perspective des supplices qui l'attendent, triomphe de celui qui n'a point cédé à la honte d'un si grand crime: «Et pour le Fils de l'homme, il s'en va, comme il est écrit de lui».
Après avoir prédit sa passion, le Seigneur prédit également la trahison de Judas, pour lui offrir l'occasion de se repentir ( Sg 12, 10; 29, 21) de son infâme dessein, lorsqu'il verrait que ses pensées étaient découvertes: «Le soir étant venu, il vint avec les douze, et comme ils étaient à table, il leur dit: L'un de vous me trahira».
C'était Judas qui, tandis que les autres sont attristés et retirent la main, avance la sienne et la porte au plat avec son maître. Le Sauveur venait de dire précédemment: «L'un de vous me trahira». Le traître disciple persévérant dans son coupable dessein, il le lui reproche plus ouvertement, mais sans le désigner par son nom.
Aujourd'hui encore, malheur à l'homme qui s'approche indignement de la table du Seigneur; à l'exemple de Judas, il trahit le Fils de l'homme, et le livre non aux Juifs coupables, mais à ses membres esclaves du péché.
Mais comment pouvaient-ils être assis et couchés pour la Cène, puisque la loi commandait de manger la pâque en se tenant debout? Il est vraisemblable qu'ils avaient commencé par manger la pâque légale, et qu'ils se sont assis ensuite au moment où le Sauveur allait instituer sa pro pre pâque.
Les autres Apôtres furent attristés de la parole du Seigneur, car bien qu'étrangers à ce criminel dessein, ils s'en rapportent beaucoup plus à celui qui connaît le coeur de tous les hommes qu'à eux-mêmes.
Cette expression: «Il s'en va», prouve que sa mort est toute volontaire et nullement forcée.
Si l'on considère la fin que Dieu s'est proposée, il vaudrait mieux pour lui qu'il existât, s'il n'était pas devenu un traître, car Dieu l'avait créé pour le bien; mais dès qu'il tombe dans ce profond abîme de malice, il valait mieux pour lui ne point exister.
Pour le Fils de l’homme… mais malheur… Énumération des deux pensées contenues dans ce
verset, pour montrer le rapport qui existe entre elles. C’est comme s’il y avait : Sans doute il a été décrété,
prophétisé, que le Fils de l’homme serait trahi par l’un des siens ; et pourtant, malheur à l’homme qui doit
remplir l’office de traître ! — Mieux vaudrait. « Jésus ne dit pas : Il vaudrait mieux absolument ; car, par
rapport au conseil de Dieu, et au bien qui revient au monde de la trahison de Judas, il faut bien qu’il vaille
mieux qu’il ait été ; mais la puissance de Dieu n’empêche ni n’excuse la malice de cet homme… Il vaudrait
mieux pour cet homme qu’il n’eût jamais été, puisqu’il est né pour son supplice, et que son être ne lui sert de
rien que pour rendre sa misère éternelle » [517]. Cette menace terrible était un dernier appel de Jésus au cœur
de Judas. « On annonce la peine, pour que celui que la pudeur n’a pas vaincu, l’annonce des supplices le
corrige ». Saint Jérôme. Mais elle demeura sans effet.