Marc 14, 24

Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude.

Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude.
Louis-Claude Fillion
Jésus transforme le vin en son sang de même qu’il avait changé le pain en son corps. Les mots et ils en burent tous sont propres à S. Marc. Ils sont placés en cet endroit par anticipation ; car certainement le Sauveur ne fit pas circuler la coupe entre les mains des Apôtres avant de l’avoir consacrée. — Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance. La formule est plus précise dans le texte grec : « ceci est mon propre sang, le propre (sang) de la Nouvelle Alliance ». Les Apôtres comprirent de quelle alliance il s’agissait, car jusqu’alors il n’y en avait pas eu d’autre que celle du Sinaï. Les jours étaient venus où devait s’accomplir l’oracle célèbre de Jérémie, Jr 31, 31 et ss. : « Voici venir des jours – oracle du Seigneur –, où je conclurai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une alliance nouvelle. Ce ne sera pas comme l’Alliance que j’ai conclue avec leurs pères, le jour où je les ai pris par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte ». — Pour un grand nombre… Hélas, s’écrie saint Jérôme, ce sang divin ne purifie pas tous les hommes ! — « Chrétien, te voilà instruit ; tu as vu toutes les paroles qui regardent l’établissement de ce mystère. Quelle simplicité ! quelle netteté dans ces paroles ! Il ne laisse rien à deviner, à gloser… Quelle simplicité encore un coup, quelle netteté, quelle force dans ces paroles ! S’il avait voulu donner un signe, une ressemblance toute pure, il aurait bien su le dire… Quand il a proposé des similitudes, il a bien su tourner son langage d’une manière à le faire entendre, en sorte que personne n’en doutât jamais : Je suis la porte ; Je suis la vigne… Quand il fait des comparaisons, des similitudes, les évangélistes ont bien su dire : Jésus dit cette parabole, il fit cette comparaison. Ici, sans rien préparer, sans rien tempérer, sans rien expliquer, ni devant, ni après, on nous dit tout court : Jésus dit : Ceci est mon corps ; Ceci est mon sang ; mon corps donné, mon sang répandu ; voilà ce que je vous donne… Ô mon Sauveur, pour la troisième fois, quelle netteté, quelle précision, quelle force ! Mais en même temps, quelle autorité et quelle puissance dans vos paroles !… Ceci est mon corps ; c’est son corps : Ceci est mon sang ; c’est son sang. Qui peut parler en cette sorte, sinon celui, qui a tout en sa main ?… Mon âme, arrête-toi ici, sans discourir : crois aussi simplement, aussi fortement que ton Sauveur a parlé, avec autant de soumission qu’il fait paraître d’autorité et de puissance… Je me tais, je crois, j’adore : tout est fait, tout est dit » [519]. Cf. Patrizi [520], Perrone [521].