Marc 14, 30

Jésus lui répond : « Amen, je te le dis : toi, aujourd’hui, cette nuit même, avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois. »

Jésus lui répond : « Amen, je te le dis : toi, aujourd’hui, cette nuit même, avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois. »
Louis-Claude Fillion
En vérité, je te le dis. Jésus connaît mieux son disciple que son disciple ne se connaît lui-même. Aussi annonce-t-il à Pierre, avec une douloureuse assurance, et c’est là notre troisième prédiction, qu’avant peu il l’aura renié trois fois. — Le pronom tu est emphatique : Jésus l’oppose au « je ne le serai pas » du verset précédent. Oui, toi-même, toi en personne ! — Aujourd’hui, pendant cette nuit. Tout est nettement déterminé. Aujourd’hui, car, chez les Juifs, les jours se comptaient du soir au soir, et la nuit du jeudi au vendredi était déjà assez avancée. — Avant que le coq ait chanté deux fois. « deux fois » est un détail propre à S. Marc : notre Évangéliste le tenait sans doute de saint Pierre lui-même. Nous en verrons plus bas la réalisation parfaite. Cf. vv. 68 et 72. Jésus signale ce trait comme une circonstance aggravante ; car l’Apôtre, ainsi averti, aurait dû se tenir davantage sur ses gardes et revenir à résipiscence dès le premier chant du coq. Il ne le fit pas, soit par faiblesse, soit plutôt par inattention. — À cette prédiction, si simple et si claire, on a parfois opposé le texte suivant du Talmud (Bava Kama, cap. 7), d’après lequel, nous dit-on, il ne devait pas y avoir de coqs à Jérusalem : « Les prêtres ne nourrissent pas de coqs à Jérusalem, comme objet de culte, ni par toute la terre d’Israël ». — « Il avait été interdit aux Israélites de nourrir des coqs à Jérusalem. Car les Israélites y avaient mangé le chair des sacrifices… On avait coutume de faire du fumier avec les poulets. Ce fumier attirait les reptiles, et en le mangeant ils pouvaient polluer les lieux saints ». Cela étant, on a pris le coq dans un sens figuré, et on lui a fait désigner tantôt le « Trompette » romain qui annonçait les heures au son du clairon, tantôt les gardes de nuit qui les proclamaient à haute voix pour les Juifs, comme cela se pratique encore dans plusieurs contrées. Mais ce sont là des subtilités inacceptables. « Il y avait certainement des coqs à Jérusalem, tout comme ailleurs, dit Lightfoot, Hor. hebr. in Evang. Matthæi, 26, 34. Elle est mémorable l’histoire du coq lapidé sur sentence du Sanhédrin, pour avoir tué un bébé. Hieros. Erubin, f. 26, 1 ». Cf. Sepp [528]. On peut donc prouver par le Talmud même qu’il y avait des coqs à Jérusalem. Supposé que les habitants juifs eussent eu quelque scrupule à en élever, la garnison romaine ne se serait nullement gênée à cet égard. Au reste, la touchante comparaison dont Jésus s’était servi peu de jours auparavant afin de marquer la tendresse qu’il éprouvait pour Jérusalem, prouve suffisamment que les habitants de la capitale, auxquels il s’adressait alors, connaissaient les mœurs des Gallinacés, par conséquent que ces volatiles ne leur étaient pas étrangers.