Marc 14, 31
Mais lui reprenait de plus belle : « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas. » Et tous en disaient autant.
Mais lui reprenait de plus belle : « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas. » Et tous en disaient autant.
Tous succombent, mais tous ne restent pas sous le coup de cette chute. Est-ce que celui qui tombe ne se relèvera jamais? dit le psalmiste ( Ps 40) Il est de la nature humaine de tomber, mais il est diabolique de ne point se relever.
Le prophète demande la passion du Seigneur, le Père répond à ces prières: «Je frapperai le Pasteur», le Fils est envoyé par son Père, et il est frappé, c'est-à-dire qu'il est incarné et souffre les douleurs de sa passion.
Ce coq, messager de la lumière, figure l'Esprit saint, dont la voix se fait entendre à nous par les prophètes et par les Apôtres, à l'occasion de ce triple renoncement, pour nous appeler à répandre des larmes amères sur nos chutes multipliées, sur nos pensées coupables à l'égard de Dieu, sur nos discours blessants pour le prochain et sur les fautes commises contre nous-mêmes.
Notre-Seigneur Jésus-Christ tombe au pouvoir de ses ennemis sur le mont des Oliviers, du haut duquel il monta au ciel, pour nous apprendre que nous aussi nous montons au ciel du milieu de nos veilles, de nos prières et de nos souffrances, lorsque nous les acceptons sans résistance.
Cet hymne est un cantique de louanges au Seigneur, comme il est dit au Psaume 21, 28-32: «Les pauvres mangeront et seront rassasiés, et ceux qui chercheront le Seigneur célébreront ses louanges».Et encore: «Tous les grands de la terre mangeront et adoreront». Le Sauveur nous enseigne encore qu'il était doux et désirable pour lui de mourir pour nous, puisqu'au moment d'être livré à ses ennemis, il offre à Dieu un hymne de louanges. Il nous apprend enfin, lorsque nous sommes surpris par l'affliction, à ne point nous laisser aller à la tristesse, mais à rendre grâces à Dieu, qui se sert de la tribulation pour opérer le salut d'un grand nombre.
Tous les Évangélistes rapportent la prédiction que le Sauveur fît à Pierre, qu'il le renierait avant que le coq chantât, mais le récit de saint Marc est pl us circonstancié. Aussi quelques-uns, faute d'attention sérieuse, prétendent que saint Marc ne peut se concilier ici avec les autres Évangélistes; car, disent-ils, Pierre a renié trois fois son maître; et si ce triple renoncement a commencé après le premier chant du coq, le récit des trois Évangélistes n'est pas conforme à la vérité, puisqu'ils rapportent que le Seigneur a déclaré à Pierre, qu'avant que le coq chantât, il le renierait trois fois. Maintenant si les trois renoncements de saint Pierre ont eu lieu avant que le coq ait commencé à chanter, pourquoi Notre-Seigneur aurait-il dit, d'après saint Marc: «Avant que le coq ait chanté deux fois, vous me renierez trois fois». Nous répondons que le triple renoncement de saint Pierre ayant commencé avant le chant du coq, les trois Évangélistes ont considéré, non pas le moment où il devait être consommé, mais celui où il devait se produire et commencer, c'est-à-dire, avant le chant du coq, bien qu'on puisse dire que dans les dispositions intérieures de Pie rre, ce triple renoncement eut lieu tout entier avant le chant du coq; saint Marc, au contraire, raconte plus en détail ce qui se passa entre chaque renoncement.
Le Sauveur prédit à ses disciples l'épreuve qui les attend, afin que quand elle sera venue, ils ne désespèrent point de leur salut, mais qu'ils cherchent leur délivrance dans le repentir: «Et Jésus leur dit: Je vous serai à tous un sujet de scandale pendant cette nuit».
Cette prophétie est conçue en d'autres termes dans Zacharie, et c'est le prophète lui-même qui dit à Dieu: «Frappez le pasteur, et les brebis seront dispersées» ( Za 13, 7).
La promesse de Pierre lai était inspirée par l'ardeur de la foi, et la prédiction du Seigneur, par la connaissance qu'il avait de l'avenir: «Et Jésus lui repartit: En vérité je vous le dis», etc.
Nous voyons ici la foi de Pierre et la vivacité de son amour pour son divin Maître: «Mais il insistait encore davantage: Quand il me faudrait mourir avec vous, je ne vous renoncerai point».
On peut encore voir dans cet hymne le cantique d'actions de grâces que rapporte saint Jean, et où le Sauveur élevant les yeux au ciel, priait pour lui, pour ses disciples, et pour tous ceux qui devaient croire en lui ( Jn 17).
Au sens mystique, c'est dans un dessein plein de sagesse que Notre-Seigneur conduit ses disciples sur la montagne des Oliviers, après les avoir nourris et fortifiés des saints mystères; il nous apprend ainsi qu'après avoir reçu les divins sacrements, nous devons nous élever à des vertus plus hautes, à des grâces plus sublimes de l'Esprit saint, vertus et grâces par lesquelles nos coeurs sont comme consacrés.
Dieu permit cette chute dans ses Apôtres, pour les guérir d'une confiance trop grande en eux-mêmes, et afin que cette prédiction ne parût point reposer sur une simple apparence, il l'appuie sur ce témoignage du prophète Zacharie: «Je frapperai le pasteur, et les brebis du troupeau seront dispersées».
Voici donc comme on peut l'entendre: Pierre nia une première fois, et le coq chanta; puis il nia une seconde et une troisième fois, et le coq chanta pour la seconde fois.
Les autres disciples firent preuve de la même ardeur, de la même intrépidité: «Et tous les autres en dirent autant». Mais en cela ils contredisaient aussi la vérité que Jésus-Christ venait de leur prédire.
Ils avaient rendu grâces avant de boire le calice du salut, ils rendent grâces après l'avoir bu: «Et après le cantique d'actions de grâces, ils s'en allèrent sur la montagne des Oliviers». Apprenez ici à rendre aussi grâces à Dieu avant et après vos repas.
Jésus se retire sur une montagne, afin que ses ennemis le trouvant seul, pussent s'emparer de lui sans aucun tumulte. Car s'ils s'étaient saisi de lui au milieu de la ville, la multitude aurait pu s'agiter, et ses ennemis auraient trouvé dans cette agitation un juste motif de le mettre à mort, sons le prétexte qu'il cherchait à soulever le peuple.
Le Père dit: «Je frapperai le Pasteur», parce qu'il l'abandonne aux coups de ses ennemis; il donne le nom du brebis à ses disciples à cause de leur innocence et de leur éloignement de toute malice. Le Sauveur se hâte d'ajouter des prédictions plus consolantes: «Mais après que je serai ressuscité, j'irai avant vous en Galilée». - S. Jér. Il leur promet donc avec certitude qu'il ressuscitera, pour ne point éteindre toute espérance dans leur coeur, «Or Pierre lui dit: Quand vous seriez pour tous les autres un sujet de scandale, vous ne le serez point pour moi». Voici un oiseau sans ailes qui veut s'élever dans les airs, mais le corps appesantit l'âme, et donne à la crainte tout humaine de la mort une force qui triomphe de la crainte de Dieu.
Pierre insistait. Bien loin d’avoir été
ramené à des sentiments plus humbles par cette prophétie de son Maître, Pierre ose donner à Jésus un formel
démenti, en protestant de plus en plus fort de son attachement inaltérable. Davantage : dans le grec, un mot
rare ayant le sens de « abondamment, démesurément ». — Quand il me faudrait mourir avec vous. Le
vaillant apôtre est prêt, dit-il, à répandre pour Jésus jusqu’à la dernière goutte de son sang. Comment donc
serait-il capable de le renier ? Hélas ! « L’oiseau qui n’a pas encore de plumes s’efforce de voler. Mais le
corps alourdit l’âme, de sorte que la crainte du Seigneur est surpassée par la crainte humaine de la mort »
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