Marc 14, 34
Il leur dit : « Mon âme est triste à mourir. Restez ici et veillez. »
Il leur dit : « Mon âme est triste à mourir. Restez ici et veillez. »
Mon âme est triste… « Je ne crains point de vous assurer qu’il y avait assez de douleur pour lui donner le
coup de la mort… La seule douleur de nos crimes suffisait pour… épuiser sans ressource les forces du corps,
en renverser l’économie, et rompre enfin tous les liens qui retiennent l’âme. Il serait donc mort, il serait mort
très certainement par le seul effort de cette douleur, si une puissance divine ne l’eût soutenu pour le réserver
à d’autres supplices » [531]. — Demeurez ici, et veillez. S. Matthieu ajouté « avec moi ». Peut-être
avons-nous ici la seule requête personnelle que Jésus ait jamais adressée à ses amis. Hélas ! elle ne fut pas
exaucée, comme nous l’apprend la suite du récit.
45. L’Évangile ne cache pas les sentiments de Jésus à l’égard de Jérusalem, la ville bien-aimée : « Quand Il fut proche, à la vue de la ville, Il pleura sur elle » (Lc 19, 41) et exprima son plus grand regret : « Si en ce jour tu avais compris, toi aussi, le message de paix ! » (19, 42). Les évangélistes, tout en le montrant parfois puissant ou glorieux, ne manquent pas de révéler ses sentiments face à la mort et à la souffrance des amis. Avant de raconter que « Jésus pleura » (Jn 11, 35) sur le tombeau de Lazare, l’Évangile explique qu’« Il aimait Marthe et sa sœur et Lazare » (Jn 11, 5) et que, voyant Marie et ses compagnes pleurer, « Il frémit en son esprit et se troubla » (Jn 11, 33). Le récit ne laisse aucun doute sur le fait qu’il s’agit de pleurs sincères provenant d’un trouble intérieur. Enfin, l’angoisse de Jésus face à sa mort violente de la main de ceux qu’Il aime tant n’est pas non plus cachée : « Il commença à ressentir effroi et angoisse » (Mc 14, 33), au point de dire : « Mon âme est triste à en mourir » (Mc 14, 34). Ce trouble intérieur s’exprime avec toute sa force dans le cri du Crucifié : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mc 15, 34).