Marc 14, 60

Alors s’étant levé, le grand prêtre, devant tous, interrogea Jésus : « Tu ne réponds rien ? Que dis-tu des témoignages qu’ils portent contre toi ? »

Alors s’étant levé, le grand prêtre, devant tous, interrogea Jésus : « Tu ne réponds rien ? Que dis-tu des témoignages qu’ils portent contre toi ? »
Saint Jérôme
C'est alors qu'eut vraiment lieu cette assemblée de taureaux au milieu des vaches des peuples ( Ps 68) «Pierre le suivit de loin». C'est qu'en effet la crainte éloigne, tandis que la charité entraîne.

Il se chauffe avec les gens du grand-prêtre au foyer allumé dans la cour. Cette cour du grand-prêtre, c'est le monde que l'on peut comparer à un cercle; les serviteurs sont les démons, dans la compagnie desquels il est impossible de pleurer ses péchés; le feu, ce sont les désirs de la chair.

Mais l'iniquité s'est menti à elle-même ( Ps 26), comme cette princesse qui accusa Joseph ( Gn 20), comme les prêtres qui déposèrent contre Suzanne. ( Dn 13) Or le feu, faute d'être alimenté, s'éteint, «Et ils n'en trouvaient point, continue l'Évangéliste, car plusieurs déposaient faussement contre lui», etc.; en effet, ce qui manque d'uniformité, manque par la même de certitude, «Quelques-uns se levèrent et portèrent contre lui un faux témoignage en ces termes». C'est la coutume des hérétiques de tirer l'ombre de la vérité elle-même. Jésus n'a pointait ce qu'ils lui attribuent, mais il a dit quelque chose d'approchant en parlant du temple de son corps qu'il devait ressusciter deux jours après sa mort.

En ajoutant: «Je le ressusciterai»,c'était désigner un être vivant, un temple animé. Or, on est faux témoin quand on rapporte les choses dans un sens différent de celui où elles ont été dites.
Saint Bède le Vénérable
L'Évangéliste fait remarquer avec raison que Pierre suivait le Sauveur de loin, lui qui allait bientôt le renier, car jamais il n'en serait venu à cette extrémité, s'il s'était toujours tenu près de son divin Maître.

Il y a un autre feu, celui de la charité dont Jésus a dit: «Je suis venu apporter le feu sur la terre» ( Lc 12), et qui en descendant sur les fidèles, leur a enseigné à louer Dieu dans les langues si variées qu'ils parlaient. Il y a aussi le feu de la cupidité, dont le prophète a dit: «Ils sont tous adultères, leur coeur est semblable à un four où on a porté la flamme». ( Osée, 7) Ce feu que le souffle du malin esprit avait allumé dans la cour de Caïphe, excitait la langue de ces hommes perfides à nier et à blasphémer le Seigneur. Ce feu allumé dans la cour, au milieu du froid de la nuit, était la figure de ce que cette assemblée perverse accomplissait dans l'intérieur de la maison, l'iniquité abondait, la charité d'un grand nombre se refroidissait ( Mt 24). Saisi pour un moment par le froid, Pierre cherchait à se chauffer au foyer des serviteurs du grand-prêtre, c'est-à-dire qu'il cherchait un soulagement purement extérieur dans la société des méchants. «Cependant les princes des prêtres, et tout le conseil cherchait des dépositions», etc.
La Glose
L'Évangéliste vient de nous rapporter comment Jésus fut arrêté par les serviteurs des princes des prêtres, il va maintenant nous raconter sa condamnation à mort dans la maison du grand-prêtre. «Et ils amenèrent Jésus au grand-prêtre». - bebe. Ce grand-prêtre était Caïphe qui, au témoignage de l'Évangéliste saint Jean, était grand-prêtre pour cette année, fait confirmé par l'historien Josèphe, qui atteste qu'il avait acheté le pontificat à prix d'argent du gouverneur romain.
Saint Théophylacte d'Ohrid
La loi ordonnait qu'il n'y eût jamais qu'un seul grand-prêtre, et il y en avait alors plusieurs, et chaque année le proconsul romain en nommait un nouveau pour remplacer le précédent. Ils ont recours à un simulacre de justice qui devient pour eux le titre même de leur condamnation, et ils cherchent des témoignages qui donnent à la condamnation et à la mort de Jésus une apparence de justice.

En effet, le Seigneur n'avait pas dit: Je le détruirai, mais: «Détruisez-le»; il n'a point parlé du temple fait de main d'homme, il a dit simplement: «Détruisez ce temple».
Louis-Claude Fillion
Et pourtant Caïphe ne veut pas qu’elle tombe tout à fait. De là cette démarche, inouïe de la part d’un juge suprême, que nous lui voyons faire actuellement. — Se levant au milieu de l’assemblée. Construction elliptique, pour « se levant et venant au milieu de l’assemblée ». Le grand-prêtre se lève, quitte sa place, et s’avance jusqu’auprès de l’accusé, qui se tenait debout au milieu de la salle. La seconde partie de ce trait si graphique est propre à S. Marc. — Tu ne réponds rien… « Autant Jésus persistait à ne pas répondre aux faux et aux indignes témoins, autant le grand prêtre, emporté par la colère, le provoque à répondre, pour qu’il trouve, dans une parole quelconque, un motif d’accusation ». V. Bède. L’interrogatoire des témoins n’a fourni aucun résultat : mais, en répondant à leurs dépositions, quelque fausses qu’elles fussent, Jésus se compromettra peut-être. C’est pour cela que Caïphe le presse de parler.