Marc 14, 64
Vous avez entendu le blasphème. Qu’en pensez-vous ? » Tous prononcèrent qu’il méritait la mort.
Vous avez entendu le blasphème. Qu’en pensez-vous ? » Tous prononcèrent qu’il méritait la mort.
Caïphe a atteint son but : il a réussi à faire parler l’accusé, et à
le faire parler dans le sens désiré par toute l’assemblée. Désormais, il n’y a plus qu’à tirer parti d’un aveu
aussi formel, et ce sera chose facile : mais le président sait faire les choses en acteur consommé. Une feinte
colère lui avait fait quitter précédemment son fauteuil, v. 60 ; un zèle non moins hypocrite pour la gloire de
Dieu le porte maintenant à déchirer ses vêtements en signe de deuil, comme s’il venait d’entendre le plus
effroyable blasphème. Lorsque, quelques semaines plus tôt, il prononçait au sujet de Jésus cette parole
célèbre : « il vaut mieux pour vous qu'un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne
périsse pas », Jean 11, 50 (cf. le v. 54), il ne se doutait guère qu’il était prophète ; il ne se doutait pas
davantage qu’il accomplissait une action prophétique quand il mettait en pièces le devant de sa tunique, et
c’était pourtant là un frappant symbole, comme l’ont enseigné les Pères. « Déchire ton vêtement, ô Caïphe !
s’écrient MM. Lémann, résumant l’enseignement patristique, le jour ne se passera pas que le voile du Temple
ne soit déchiré aussi, en signe, l’un et l’autre, que le sacerdoce d’Aaron et le sacrifice de la loi de Moïse sont
abolis, pour faire place au sacerdoce éternel du Pontife de la Nouvelle Alliance » [541]. — Ses vêtements : ce
mot est justement au pluriel (cf. Matthieu), car, d’après le précepte des Rabbins, ce n’était pas seulement le
vêtement supérieur qu’on devait déchirer en pareil cas, mais tous les vêtements, la chemise seule exceptée.
Les riches portaient habituellement plusieurs tuniques superposées. — Vous avez entendu le blasphème. Au
geste, Caïphe joint la parole pour accabler l’accusé. « À quoi bon un plus long interrogatoire ? Vous avez pu
le constater par vous-mêmes, c’est un blasphème manifeste qu’il vient de prononcer ». — Tous le
condamnèrent… La seconde partie de la prophétie de Jésus à laquelle nous faisions allusion plus haut
s’accomplissait tout aussi exactement que la première : « ils le condamneront à mort », Marc 10, 33.
« Tous » : tous les membres présents. Preuve que le Sanhédrin ne se trouvait pas alors au complet, car
Nicodème et Joseph d’Arimathie n’auraient certainement pas voté la mort de Jésus. Peut-être n’avaient-ils
pas été convoqués ; ou du moins ils n’assistaient pas à la séance.